Eglises d'Asie

La junte birmane étend son programme de vaccination, y compris aux minorités Rohingyas

Publié le 01/09/2021




L’administration militaire birmane est revenue sur son projet initial de refuser la vaccination aux membres de la communauté Rohingya, au motif qu’ils ne faisaient pas partie des minorités officielles du pays, en étendant son programme à la minorité musulmane.

Sittwe, capitale de l’État de l’Arakan, où les habitants de plusieurs camps de réfugiés ont été finalement inclus dans une nouvelle campagne de vaccination.

Les habitants de plusieurs camps de réfugiés de l’État de l’Arakan, à l’est de la Birmanie, ont été finalement inclus dans une nouvelle campagne de vaccination contre le virus Covid-19. La junte birmane est revenue sur sa décision de refuser le vaccin à la minorité Rohingya de l’État arakanais, sous les effets conjugués du réalisme sanitaire et de la pression exercée par les organisations internationales. Depuis 2012, plus de 120 000 Rohingyas sont confinés à l’intérieur de la Birmanie dans des camps. Des cas de coronavirus ont été signalés dans ces camps, où les réfugiés sont privés de liberté de mouvement et ont un accès limité aux soins de santé, à l’éducation et aux opportunités d’emploi. Environ 500 000 Rohingyas vivent ailleurs dans l’État d’Arakan, où ils sont également victimes d’oppression et de discrimination.

Thein Maung, l’un des responsables du camp de Dar Paing, près de Sittwe, la capitale de l’Arakan, signale que « les résidents de deux autres camps voisins ont déjà reçu les vaccins Covid-19 » et espère que le sien est le prochain sur la liste. Il ajoute que des responsables du programme de vaccination se sont déjà rendus sur place afin de collecter les données nécessaires à l’attribution des vaccins. « Pour l’instant, peu de cas de Covid ont été détectés dans les camps et nous demandons instamment aux gens de respecter les consignes, comme le port de masques et le lavage des mains », a-t-il déclaré. Selon Daw Cho, un résident du camp de Taung Paw, dans la ville de Myebon, de nombreuses personnes ont néanmoins souffert des symptômes du Covid-19, comme une perte d’odorat, des maux de tête et de la fièvre, en juillet. « Seules huit personnes du camp, âgées de plus de 65 ans, ont déjà été vaccinées, affirme-t-il, et nous attendons toujours notre tour. »

« Personne ne sera oublié. Ils font partie de notre peuple »

Lors d’une conférence de presse, le 27 août, le porte-parole de la junte a souligné que les vaccins seront également proposés aux Rohingyas. « Personne ne sera oublié. Ils font aussi partie de notre peuple », a affirmé Zaw Min Tun, dans une déclaration inhabituelle, utilisant néanmoins le terme de « Bengalis » pour désigner les Rohingyas, laissant entendre que ces populations musulmanes sont des immigrants illégaux du Bangladesh voisin, même s’ils vivent en Birmanie depuis des décennies. Cette décision de la junte intervient quelques jours après la dénonciation publique de la part de groupes de défense des droits contre des responsables locaux arakanais qui avaient déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention d’inclure les Rohingyas dans les programmes de vaccination de leur circonscription. Plus de 700 000 Rohingyas apatrides ont été contraints de fuir au Bangladesh voisin à la suite de la répression de l’armée en août 2017, après des décennies de discrimination systématique et de violence ciblée. La junte tente désormais de donner un coup d’accélérateur à sa campagne de vaccination, pour tenter d’endiguer la troisième vague de Covid-19, aggravée par l’effondrement du système de santé du pays.

(Avec Ucanews)

Crédit : DYKT Mohigan / CC BY 2.0