Eglises d'Asie

La junte force les déplacés internes à rentrer chez eux dans l’État Kachin

Publié le 22/03/2023




La junte birmane a accéléré les fermetures de camps IDP (personnes déplacées internes) dans l’État Kachin, dans le nord-est du pays, en demandant aux résidents de rentrer dans leurs villages d’ici fin mars. Plus de 101 500 réfugiés internes sont installés dans ces camps actuellement, dont 11 900 depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021. La majeure partie d’entre eux ont quitté leurs régions d’origine en 2011 après la reprise des combats entre l’armée et les indépendantistes Kachin.

Une personne déplacée interne (IDP) dans un camp de l’État Kachin.

Plusieurs centaines de personnes déplacées internes (IDP) ont commencé à rentrer chez elles malgré une sécurité précaire, alors que la junte a accéléré les fermetures de camps. Les réfugiés internes ont rassemblé leurs affaires et partent peu à peu pour leurs régions d’origines, dans l’État Kachin majoritairement chrétien où ils ont trouvé refuge depuis la reprise des combats en 2011 (entre l’armée et les indépendantistes Kachin).

Presque 25 camps basés à Myitkyina, la capitale de l’État Kachin (dans le nord-est du pays), doivent être fermés. Les autorités militaires auraient ordonné aux IDP de partir d’ici fin mars, selon les sources locales. Benedette Ja (nom d’emprunt), catholique et résidente d’un de ces camps, raconte que presque 200 personnes sont déjà parties, et que près de 150 autres sont toujours dans le camp. « Quelques IDP sont rentrés dans leur village, dont ils se seraient à nouveau enfuis à cause de la poursuite des combats », précise-t-elle.

Maria Seng (le nom a été modifié), une autre IDP, explique que « les IDP n’ont pas le choix ». « Ils sont rentrés chez eux sous la pression, à cause de la fermeture de leurs camps, mais il n’y a pas assez d’aides de la part des groupes humanitaires », estime-t-elle, en assurant que la sécurité reste leur première préoccupation, et qu’ils fuiront encore s’il y a de nouveaux combats.

« Ce retour forcé a causé beaucoup d’inquiétude parmi les résidents des camps »

Selon des sources locales, ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux ont choisi de s’installer dans de nouvelles zones désignées par les autorités locales. Les IDP ont le choix entre trois options : rentrer dans leur village d’origine, se déplacer dans un autre lieu fourni par les autorités, ou encore quitter le camp et se débrouiller par eux-mêmes.

Plus de 101 500 réfugiés internes sont installés dans les camps situés dans l’État Kachin, dont 11 900 depuis le coup d’État militaire de 2021, selon un rapport publié par Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés le 16 février dernier. Sur 1,7 million d’habitants dans la région, on compte une majorité de chrétiens dont 116 000 catholiques.

Plusieurs organisations ont appelé à assurer un environnement sûr pour leur retour chez eux. L’Unicef a notamment affirmé que les autorités ont rencontré les responsables des camps IDP au Kachin, afin d’encourager les personnes déplacées dans les camps à entrer dans leurs lieux d’origine avant la fin du mois de mars, « sans programme de réhabilitation crédible ».

« Ce retour forcé a été signalé dans les États Shan et Rakhine également, et cela a causé beaucoup d’inquiétude parmi les résidents des camps. La plupart de leurs villages peuvent avoir été minés ou contenir des munitions non explosées, ou encore être occupés par les militaires », a souligné l’organisation dans un rapport publié le 13 mars.

(Avec Ucanews)