Eglises d'Asie

La liberté religieuse en déclin en Birmanie, selon un rapport américain

Publié le 02/05/2023




Un rapport gouvernemental américain alerte sur le recul de la liberté religieuse en Birmanie, en particulier pour les minorités chrétiennes, qui subissent particulièrement les violences de l’armée.

Un rapport publié le premier mai par la Commission des États-Unis pour la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF), nommée par des membres du gouvernement américain, souligne le recul de la liberté religieuse, en particulier parmi les minorités chrétiennes, sous le régime militaire en Birmanie, pays à majorité bouddhiste.

L’USCIRF lance un appel à l’administration de Joe Biden afin de désigner le Myanmar comme “pays à la situation particulièrement préoccupante” en matière de liberté religieuse, en vertu de la loi sur la liberté religieuse internationale (International Religious Freedom Act).

“En 2022, la liberté religieuse en Birmanie a continué à décliner de manière significative. Sur le territoire qu’elle contrôle, l’armée a considérablement réprimé toute dissidence et toute liberté » souligne la commission dans ce rapport annuel.  « Le gouvernement militaire a ciblé les lieux de culte appartenant à des minorités religieuses tout au long de l’année. Les forces armées ont également incendié des villages dans des zones à minorités religieuses, détruit des maisons et des écoles”, indique le rapport.

Dans les bastions chrétiens des États Kachin, Kayah, Karen et Chin, les églises, institutions, cliniques et couvents ont subi des frappes aériennes et des bombardements importants. De nombreux prêtres et pasteurs ont été pris pour cible par la junte, des centaines d’entre eux ont trouvé la mort dans ces attaques. Des milliers de chrétiens cherchent aujourd’hui refuge dans les églises ou dans la jungle.

Le rapport évoque la destruction d’au moins neuf églises dans le diocèse de Loikaw, dans l’État de Kayah, à l’est du Myanmar. Au moins 16 des 38 paroisses du diocèse ont été gravement touchées par les bombardements.

La Birmanie est actuellement dirigée par l’armée, qui a renversé le gouvernement civil de la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi en février 2021 après des élections législatives qui avaient donné une large victoire à son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie. Les généraux dirigent désormais un pays déchiré par la guerre civile sous l’égide d’un comité militaire, le Conseil d’administration de l’État (State Administration Council – SAC). Depuis le coup d’État, les groupes ethniques rebelles, dont des groupes à majorité chrétienne, ont intensifié leurs attaques contre la junte militaire.

Les chrétiens représentent près de 6 % des 54 millions d’habitants du Myanmar, dont le bouddhisme est la religion officielle, à laquelle adhèrent près de 89 % de la population.  L’islam est pratiqué par près de 4,3 % de la population.

Le rapport de l’USCIRF établit des parallèles entre la persécution actuelle des chrétiens et celle des musulmans rohingyas dans l’État de Rakhine, qui borde le Bangladesh. “Le Conseil d’administration de l’État utilise contre ces communautés chrétiennes les mêmes tactiques que celles qui ont été déployées par l’armée contre les Rohingyas depuis 2017”, affirme le rapport.

Les massacres, viols et atrocités perpétrés en 2017 contre les musulmans rohingyas ont contraint plus de 745 000 personnes à fuir le Myanmar. L’administration américaine a qualifiés ces actes de « génocide », en août 2022.

Afin d’améliorer la liberté religieuse au Myanmar, l’USCIRF exhorte l’administration Biden à engager un dialogue avec les groupes d’opposition pro-démocratiques qui ont formé le Gouvernement d’Unité Nationale (NUG), un gouvernement autoproclamé en exil, composé de législateurs élus et de membres du parlement évincés lors du coup d’État de 2021.

Le Myanmar figure déjà sur la liste noire du département d’État américain, au même titre que la Chine, l’Érythrée, l’Iran, la Corée du Nord, le Pakistan, la Russie, l’Arabie saoudite, le Tadjikistan et le Turkménistan. Des sanctions financières et des restrictions de voyage sont déjà appliquées aux généraux birmans, mais leurs effets sont limités.

(Avec Ucanews)


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EDA