Eglises d'Asie – Bangladesh
La musique traditionnelle bangladaise au cœur d’une rencontre spirituelle annuelle du diocèse de Barisal
Publié le 05/02/2020
Une rencontre spirituelle annuelle du diocèse catholique de Barisal, dans le sud du pays, au bord du delta du Gange, a été marquée par des représentations de musique traditionnelle religieuse bangladaise, dans le but de soutenir les traditions populaires et d’empêcher leur disparition. Deux spectacles de musique traditionnelle Pala Gaan, représentant des histoires de la Bible – la Création et le sacrifice d’Abraham –, ont été montrés durant le 48e festival annuel Boro Sobha. Ce dernier était organisé dans l’église du Saint-Rédempteur de Baniarchar, dans le district de Bopalganj, du 30 janvier au 2 février. Plusieurs centaines de catholiques des paroisses du diocèse ont participé à l’événement, avec notamment des célébrations, des échanges spirituels, des repas partagés et des événements culturels. De plus, plusieurs centaines de musulmans et d’hindous de la région ont pu assister au spectacle de Pala Gaan, donné le 31 janvier par un groupe catholique d’une quinzaine de membres. Le Pala Gaan, également connu sous le nom de Padaboli Kirtan, est issu de la tradition religieuse hindoue.
Aujourd’hui, il fait partie de la culture chrétienne locale, depuis que de nombreux hindous de caste inférieure se sont convertis au christianisme, il y a plusieurs siècles. Un spectacle chrétien de Pala Gaan compte des récits, des chants, des scènes théâtrales et des danses représentant des récits bibliques, comme la Création, la chute d’Adam et la fuite d’Egypte des Israelites, ou encore illustrant des thèmes comme la vie, la mort et la résurrection. Il faut en général entre dix et vingt acteurs, danseurs et musiciens pour une représentation. Le père Terence D’Costa, secrétaire du diocèse et coordinateur d’un comité diocésain de Pala Gaan de sept membres, se réjouit de cette initiative : « Boro Sobha est un festival traditionnel des récoltes et une rencontre spirituelle que l’on retrouve dans plusieurs régions du sud du Bangladesh. Pour la population locale, c’est une occasion de remercier Dieu par la prière, la musique et la danse, à la fin de la saison des récoltes, en janvier et en février. Nous avons soutenu et financé des groupes de Pala Gaan pour éviter que cette tradition musicale populaire ne disparaisse au fil des saisons. »
Une nouvelle équipe diocésaine de Pala Gaan
Grâce à une aide financière de Signis, l’Association catholique mondiale pour la communication, le diocèse a pu encourager la renaissance de la tradition du Pala Gaan au cours des dernières années, et former une équipe diocésaine de 40 membres. Le groupe a donné une première représentation le 12 décembre dernier dans la cathédrale de Barisal, en reprenant deux récits bibliques – la naissance de Jésus et la résurrection de Lazare. « Durant plusieurs mois, l’équipe s’est entraînée avec passion pour préparer le spectacle. Parmi eux, une quinzaine de membres ont été choisis pour jouer durant le festival de Boro Sobha. L’équipe a des costumes uniques et des instruments de musiques traditionnels, et nous espérons les enregistrer afin de mieux préserver et développer cette tradition locale », précise le père D’Costa. Subhash Baroi, qui dirige l’équipe diocésaine, explique qu’en portant cette tradition, il trouve un certain soutien spirituel. Subhash Baroi est catholique et père d’un enfant. Sa femme et lui sont tous les deux acteurs et chanteurs au sein de l’équipe diocésaine. « Mon grand-père, mon père et mes voisins ont tous joué dans des groupes de Pala Gaan, depuis ma plus tendre enfance. Je pense que c’est quelque chose de particulièrement fort pour l’annonce de l’Évangile. Notre évêque et les responsables du diocèse m’ont encouragé à continuer, et je suis heureux de le faire », explique-il. « Les hindous ont entretenu la tradition du Pala Gaan, mais les chrétiens n’ont pas fait suffisamment d’efforts pour la préserver. Pourtant, je pense que si l’Église continue de la soutenir, elle pourra résister. »
(Avec Ucanews, Dacca)
CRÉDITS
Ucanews