Eglises d'Asie – Bangladesh
La région de Barind face au manque d’eau et à la sécheresse dans le nord-ouest du Bangladesh
Publié le 22/06/2023
Tous les jours, Kalpana Hembrom, une femme au foyer bangladaise de 32 ans, débute sa journée en marchant avec une cruche en terre cuite sur près d’un kilomètre pour rejoindre la source d’eau potable la plus proche. En portant la cruche sur sa tête, elle y retourne quatre fois par jour, soit environ 8 km par jour pour rapporter 50 litres d’eau au total. Cette routine est pratiquée par près de 250 000 habitants de la région de Barind Tract, située dans le nord-ouest du Bangladesh dans la région de Rajshahi, et les niveaux des eaux souterraines ont fortement chuté ce qui affecte l’agriculture et les activités quotidiennes.
La région de Barind Tract, généralement chaude et humide, couvre la plupart des districts de Dinajpur, Rangpur, Pabna, Rajshahi, Bogra, Joypurhat et Naogaon, dans le nord du pays. Les autorités locales du village de Kalpana Hembrom, Mahalipar, qui dépend de la municipalité de Mundumala, ont tenté de creuser des trous de forage jusqu’à 200 m de profondeur mais sans trouver d’eau. Kalpana explique qu’il y a une douzaine d’années, quand leurs puits tubulaires se sont asséchés, ils se sont mis à collecter de l’eau chez des voisins qui étaient équipés de pompes pour puiser les nappes souterraines. Toutefois, ces pompes ont aggravé la situation en épuisant les réserves souterraines il y a quelques années.
« Aujourd’hui, nous parcourons un kilomètre pour aller chercher de l’eau. S’il n’y en a pas à cet endroit, nous devons aller encore plus loin pour en acheter. Mais c’est trop cher d’acheter de l’eau », confie Kalpana. Comme elle, les membres de la tribu Mahali cultivent le bambou pour gagner un maximum de 300 takas (2,54 euros) par jour. « Il faut 25 takas pour acheter un litre d’eau », précise-t-elle.
« Ces deux derniers mois, nous avons fourni de l’eau à près de 45 familles du village »
Chichilia Hasda, âgée de 48 ans et résidente du même village, explique que les sept membres de sa famille ont besoin de six cruches d’eau par jour pour boire et cuisiner. « Le matin et l’après-midi, je vais chercher de l’eau avec mes deux filles. Nous devons toujours être très économes et éviter de consommer trop d’eau. C’est également difficile de se laver. Nous avons un étang devant chez nous, mais il n’y a pas beaucoup d’eau. Et l’eau de l’étang peut rendre malade, y compris pour les vaches qui y boivent. »
Autrefois, les habitants de cette région ne souffraient de la sécheresse que durant l’été, mais la situation s’étend toute l’année aujourd’hui. La pénurie a affecté les cultures, qui ne sont plus possibles que durant la mousson. Face à cette situation la paroisse catholique de Mundumala distribue de l’eau deux fois par jour aux habitants, quelles que soient leur caste et leur religion, pour le prix symbolique de 10 takas par jour.
« Ces deux derniers mois, nous avons fourni de l’eau à près de 45 familles du village », confie le père Bernard Tudu, de l’église de Mundumala. Le prêtre précise qu’ils ont installé une nouvelle pompe à eau submersible et informé les autorités locales qu’ils pourront distribuer de l’eau jusqu’à ce que les sources en eau soient restaurées.
« Le problème de l’eau dans la région de Barind est influencé par sa situation géographique, par les changements climatiques et la réduction des précipitations », explique Jahangir Alam, ingénieur en chef de l’organisation BMDA (Barind Multipur1pose Development Authority), qui a commencé à installer des puits tubulaires dans la région dès 1985 jusqu’en 2012. Il ajoute que plusieurs mesures ont été prises pour tenter de régler le problème, dont la construction de 3 863 étangs, de 2 262 km de canaux et d’un barrage sur le fleuve Barnai. De plus, les fermiers sont encouragés à produire des cultures qui utilisent moins d’eau, comme le blé, le maïs, les pommes de terre, le coton et les manguiers. Selon Jahangir Alam, 11 fleuves sur 13 dans la région de Rajshahi se sont asséchés.
(Avec Ucanews)