Eglises d'Asie – Chine
La répression culturelle des Ouïghours se poursuit de manière soutenue au Xinjiang selon l’association CHRD
Publié le 09/10/2021
Le sort de trois universitaires ouïghours, persécutés par les autorités chinoises, confirme que le régime de Xi Jinping persiste à faire taire les cerveaux de la minorité musulmane et turcophone, selon l’association Chinese Human Rights Defenders (CHRD). La version du gouvernement chinois est de présenter son action au Xinjiang comme de la « lutte contre le terrorisme », une excuse pour continuer de commettre des atrocités et réprimer les musulmans ouïghours dans la région. Selon des travaux de recherche publiés par des experts, confirmés par les Nations unies, la Chine détient ou a détenu plus d’un million de Ouïghours dans des camps de concentration. Des informations récentes ont réaffirmé l’existence de camps de travail dans la région autonome, avec plusieurs centaines de milliers de personnes qui y travailleraient de force, en particulier pour récolter le coton.
Certains chercheurs affirment également que le gouvernement chinois est engagé dans une stérilisation forcée au Xinjiang, dans le but de limiter la population ouïghoure. Pour les États-Unis, le Canada, le Royaume Uni et les Pays Bas, le Parti communiste chinois est coupable de génocide contre les minorités ethniques ouïghoures, kazakhes et kirghizes. Les autorités chinoises ont nié les accusations, en soutenant que les camps situés au Xinjiang sont des écoles destinées à la formation professionnelle, dans le but de réduire la pauvreté locale, et un outil dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le séparatisme.
Plus d’un millier d’universitaires et de professionnels ouïghours détenus
Le rapport publié par le CHRD inclut des détails sur la disparition de Gheyratjan Osman, âgé de 63 ans, professeur de langue et de littérature ouïghoure à l’université du Xinjiang. Arrêté en 2018, l’universitaire a été condamné à dix ans de prison pour « séparatisme ». Selon Radio Free Asia, Gheyratjan Osman a été arrêté pour avoir rejeté la « culture nationale » chinoise lors d’un séminaire organisé en Turquie en 2008, et pour avoir loué « excessivement » la culture ouïghoure. Par ailleurs, depuis trois ans, le sort de l’acteur ouïghour Qeyum Muhammad, professeur associé de l’Institut des Arts de Xinjiang, reste inconnu. Ses collègues ignorent pourquoi il a été arrêté ni le lieu actuel de sa détention. Un autre universitaire ouïghour, Tursunjan Nurmamat, manque à l’appel. Chercheur en médecine à l’université Tongji de Shanghai, il a été arrêté en avril.
L’UHRP (Uyghur Human Rights Project), une organisation qui défend les droits de l’homme de la minorité ouïghoure, a recensé plus d’un millier d’universitaires et de professionnels ouïghours détenus par les autorités chinoises. Le manque d’informations sur ces détenus est une tragédie dans la tragédie, déplore l’UHRP. Lors d’une rencontre organisée à Zurich entre Yang Jiechi, le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie, et Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, ce dernier a réitéré les critiques des États-Unis concernant l’échec chinois à faire respecter les droits de l’homme au Xinjiang. La rencontre, présentée comme constructive par les deux parties, avait pour but d’apaiser les tensions entre Washington et Pékin. Yang Jiechi et Jake Sullivan ont tous deux donné un accord de principe pour un sommet virtuel entre Joe Biden et Xi Jinping, d’ici la fin de l’année.
(Avec Asianews)