Eglises d'Asie

La répression violente de la junte militaire birmane se poursuit malgré les appels à la paix

Publié le 25/06/2021




Dimanche 20 juin, après l’Angélus, le pape François a soutenu les évêques birmans dans leur appel à la paix pour le pays. La répression violente de la junte contre la résistance civile se poursuit, et l’escalade de violences continue de s’aggraver en Birmanie. Ainsi, le 22 juin, des tensions entre l’armée birmane et les Forces de défenses du peuple (la branche armée mise en place par le gouvernement d’unité nationale, composé d’anciens parlementaires clandestins) ont fait au moins huit morts. « Que le Cœur du Christ touche les cœurs de tous en apportant la paix », a demandé le pape.

Des manifestants à Rangoun, en février 2021, contre le coup d’État de la junte birmane.

La junte militaire birmane continue sa répression violente contre les mouvements de résistance civile dans le pays, malgré les appels répétés des responsables religieux à la fin des violences et à la reprise du dialogue en faveur de la paix en Birmanie. Au moins 875 personnes sont décédées depuis que les forces armées du pays ont pris le pouvoir le 1er février dernier, dont une majorité des manifestants anti-coup d’État. Ces derniers sont descendus dans la rue presque au quotidien à travers le pays ces quatre derniers mois, depuis que l’armée a saisi le pouvoir et détenu les principaux dirigeants civils, dont l’ex-conseillère d’État Aung San Suu Kyi. L’opposition au régime militaire s’est étendue, de manifestations pacifiques à des mouvements actifs d’autodéfense, avec des groupes de résistance civile qui émergent à travers le pays. Ainsi, plusieurs centaines de jeunes habitant dans les villes se sont rendus dans les régions ethniques contrôlées par les groupes rebelles afin d’y recevoir un entraînement militaire.

Le 22 juin, des combats ont éclaté entre l’armée birmane et les « Forces de défense du peuple » (PDF), une branche armée mise en place par le gouvernement de résistance birman en exil, composé d’anciens parlementaires clandestins. Ces éclats ont fait au moins huit morts, selon une déclaration de la télévision nationale qui a dénoncé les membres du PDF comme des « terroristes ». Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre un soldat jetant une grenade dans un bâtiment où se trouvaient des membres des Forces de défenses du peuple. Au moins quatre bombes ont explosé, dont une près d’un commissariat, selon des sources locales. Le 20 juin, le pape François a renouvelé son appel à la paix dans le pays d’Asie du Sud-Est, frappé par une crise politique sans précédent qui a entraîné plusieurs milliers de déplacés et une situation humanitaire alarmante. Le Saint-Père a exprimé son soutien aux évêques birmans, en attirant l’attention du monde entier sur la situation déchirante de ces milliers de déplacés qui meurent de faim.

« Que le Cœur du Christ touche les cœurs de tous »

Après l’Angélus du dimanche 20 juin, à Rome, il a soutenu la voix des évêques de Birmanie qui ont lancé cet appel récemment : « Nous supplions humblement de permettre des couloirs humanitaires, et que les églises, les pagodes, les monastères, les mosquées, les temples, ainsi que les écoles et les hôpitaux, soient respectés comme des lieux de refuge neutres. » « Que le Cœur du Christ touche les cœurs de tous en apportant la paix en Birmanie », a demandé le pape. Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a également appelé les fidèles à rester fermes dans la foi et l’espérance, et à prier pour une nouvelle Birmanie de paix et de justice. « Les fusils ne régleront jamais les problèmes de ce pays. Seul un changement des cœurs peut guérir cette nation qui souffre depuis si longtemps », a confié le cardinal Bo dans son homélie, dimanche 20 juin. L’archevêque birman a aussi appelé à prier pour l’armée birmane, « pour chaque soldat qui porte une arme », pour que leurs cœurs s’adoucissent et qu’ils comprennent que « leur violence ne s’oppose pas à une nation ennemie mais à leur propre peuple ».

La situation des violences à Mandalay inquiète au moins trois ambassades occidentales, dont celles des États-Unis. « Nous sommes troublés par l’escalade militaire et nous appelons à la fin des violences », a déclaré l’ambassade dans un communiqué publié le 22 juin. Le coup d’État militaire a également relancé d’anciens conflits entre l’armée et les groupes ethniques armés. Par conséquent, plus de 175 000 personnes ont été déplacées dans les États Kachin, Karen, Chin, Kayah et Shan, dans des régions majoritairement chrétiennes. Les chrétiens ont été visés dans les États Kayah et Chin, et au moins trois églises ont été attaquées dans l’État Kayah, forçant les personnes qui s’y étaient réfugiées à fuir dans la forêt. L’armée a également visé une église catholique de Mindate, dans l’État Chin, et arrêté des prêtres des États Chin et Kachin, ainsi que de Mandalay.

(Avec Ucanews)

Crédits Maung Sun