Eglises d'Asie

La Thaïlande autorise l’avortement jusqu’à la vingtième semaine

Publié le 30/09/2022




Le 26 septembre, le gouvernement thaïlandais a confirmé la légalisation de l’avortement jusqu’à la 20e semaine de grossesse, contre 12 semaines jusqu’à présent. Par ailleurs, jusqu’en février 2021, la pratique n’était autorisée que dans des circonstances spécifiques. En janvier 2021, la Conférence épiscopale thaïlandaise a appelé l’Église locale à s’opposer à l’amendement de la législation. La décision a été prise malgré la crise démographique, alors que moins de 545 000 naissances ont été enregistrées en 2021.

Le taux de fécondité était d’1,5 enfant par femme en 2021 selon des chiffres publiés en mars dernier, contre près de 2 en 1995.

Le gouvernement a annoncé la légalisation de l’avortement jusqu’à la 20e semaine de grossesse afin de permettre un meilleur accès du public à la procédure, et ce malgré la chute du taux de natalité dans le pays. L’amendement des lois sur l’avortement a été annoncé le 26 septembre par la Royal Gazette et doit être effectif d’ici 30 jours, selon une information publiée le 27 septembre par le journal local Thairath.

Traisuree Traisoranakul, porte-parole du bureau du Premier ministre thaïlandais, a expliqué que par cette mesure, le gouvernement cherche à montrer de l’empathie et de la compréhension envers les femmes enceintes demandant un avortement. Elle a ajouté que les professionnels de santé doivent « écouter les problèmes des femmes enceintes avec attention et amitié », et ne jamais « stigmatiser ou juger ».

La porte-parole a également appelé à fournir des informations médicales élémentaires ainsi que des informations non-persuasives et non-contraignantes sur l’IVG. Elle a demandé aux soignants de ne pas stigmatiser les personnes et à protéger leur confidentialité.

Le gouvernement a également confirmé dans un communiqué que les avortements jusqu’à vingt semaines « ne constituent plus un crime ». Par ailleurs, les autorités ont précisé que les femmes concernées devront « consulter des soignants pour avoir toutes les informations nécessaires avant de prendre une décision ».

L’avortement était autorisé en Thaïlande jusqu’à la 12e semaine jusqu’à présent. Par ailleurs, jusqu’en février 2021, l’interruption médicale de grossesse n’était autorisée qu’en cas de menace pour la vie de la mère, en cas de viol, en cas de malformation génétique du fœtus ou si l’âge de la mère était inférieur à 15 ans.  En cas d’avortement illégal ou si une femme s’avorte elle-même, les peines prévues ne dépassent pas six mois de prison et 10 000 bahts (270 euros) d’amende.

« Nous devons aussi penser aux droits des enfants à naître »

La société thaïlandaise considère l’avortement comme un péché et un sujet tabou, mais malgré une législation stricte et ce contexte, selon les médias nationaux, les avortements illégaux sont courants dans le pays. Ainsi, en 2010, près de 2 000 fœtus ont été découverts dans un temple. Les différents groupes religieux, dont les bouddhistes et les catholiques, se sont toujours vivement opposés à la légalisation de l’avortement.

En janvier 2021, la Conférence épiscopale thaïlandaise (CBCT) a notamment publié une lettre pastorale afin d’appeler le clergé, les religieux, religieuses et laïcs à s’opposer à l’amendement de la loi sur l’avortement. La lettre appelait les membres de la CBCT et les responsables d’organisations religieuses à rassembler des signatures pour exprimer l’opposition de l’Église locale à l’avortement. La lettre a également réaffirmé la position de l’Église auprès de la Chambre des représentants de Thaïlande, du Sénat et du président du Comité sénatorial permanent sur les religions, la morale, l’éthique, les arts et la culture.

« Nous nous opposons à toute forme d’avortement. Nous devons penser aussi aux droits des enfants à naître », a rappelé le père Pairat Sriprasert, directeur de la pastorale au sein de la CBCT, interrogé en janvier 2021 par La Croix International. « Les gens disent que les femmes veulent avorter parce qu’elles ne sont pas prêtes à avoir un enfant ou qu’elles ne sont pas stables financièrement, mais il y a des solutions à ces problèmes », a-t-il poursuivi.

La Thaïlande, une société vieillissante

Alors que l’amendement de la loi a été confirmé par les autorités, le pays est déjà menacé par une crise démographique. Le pays d’Asie du Sud-Est a enregistré un taux de natalité record en 2021 avec moins de 545 000 naissances, contre 563 650 l’année précédente, selon le Bureau national des statistiques. Le nombre de nouvelles naissances était de 820 000 en 1995. Par ailleurs, en mars 2022, il a été rapporté que le taux de fécondité total du pays était d’1,5 enfant par femme l’an dernier, contre près de 2 en 1995.

Selon le Conseil national de développement économique et social, un think-tank dirigé par l’État, si le pays continue de suivre la tendance actuelle, la Thaïlande comptera plus de 20 % d’habitants âgés de 60 ans et plus dès l’année prochaine. Et le pays pourrait devenir une société « superâgée » d’ici 2033 (c’est-à-dire que la proportion de personnes âgées aura dépassé 28 % de la population totale à cette date selon les tendances actuelles). La Thaïlande compte près de 380 000 catholiques pour 69 millions d’habitants.

(Avec Ucanews)


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