Eglises d'Asie

La Thaïlande s’apprête à rouvrir ses portes aux touristes le 1er novembre

Publié le 29/10/2021




Les visiteurs vaccinés seront autorisés à entrer sur le territoire après une nuit en quarantaine. La décision, controversée, a pour objectif de voler au secours d’une économie en berne. Mais les bars et les ventes d’alcool restent pour l’instant bannis, ce qui fait craindre aux professionnels que la réouverture n’ait pas l’effet escompté.

Kamala, petite ville balnéaire sur la côte centrale ouest de Phuket, en septembre 2012.

Les hôtels, les marchands ambulants et les tuk-tuks se préparent au retour des touristes, alors que la Thaïlande s’apprête à rouvrir le 1er novembre aux visiteurs vaccinés, après 18 mois de restrictions.

Mais il faudra un certain temps pour que Bangkok, la ville la plus visitée au monde avant la pandémie, retrouve son dynamisme et son atmosphère d’antan, selon les experts du secteur.

La pandémie de coronavirus a fait chuter le nombre de visiteurs de 40 millions en 2019 à seulement 73 000 au cours des huit premiers mois de 2021, et l’économie nationale, dépendante du tourisme, a enregistré sa pire performance depuis plus de vingt ans.

Les autorités cherchent désespérément à relancer le secteur, qui représente au moins un cinquième de l’économie, alors que la Thaïlande enregistre encore environ 10 000 infections par jour et que le taux de vaccination contre le virus covid-19 est de 40 %.

L’absence de visiteurs a transformé plusieurs quartiers de Bangkok, notamment le quartier chinois, avec des boutiques fermées et des files de tuk-tuks à l’abandon. Samran, chauffeur depuis 25 ans, a vu ses revenus chuter de 90 % et ne gagne plus que 2,50 euros par jour. “Je voudrais arrêter mais je suis vieux, personne ne veut m’engager pour faire autre chose. Je n’ai pas ramassé un seul touriste depuis avril 2020 et je n’ai pas de droit à la retraite”, a déclaré cet homme de 58 ans.

C’est en effet la date à laquelle la Thaïlande a fermé son espace aérien aux vols internationaux afin de tenir l’épidémie à distance.

Puis, après l’assouplissement de cette restriction, les autorités ont imposé à l’entrée du pays une quarantaine stricte de 14 jours à effectuer dans des hôtels agréés : une mesure qui a eu pour effet de décourager presque tous les visiteurs, sauf les plus déterminés.

Introduit au mois de juillet, le projet pilote « Phuket bac à sable », visant à stimuler l’économie de l’île de Phuket, dans le sud du pays, a ensuite réduit la quarantaine à 7 jours pour les touristes vaccinés. Il n’a attiré que quelques dizaines de milliers de personnes : une goutte d’eau dans l’océan. Beaucoup de ces visiteurs étaient en réalité des résidents thaïlandais revenant de vacances sur d’autres continents.

Dans une tentative pour arrêter l’hémorragie du système économique, le Premier ministre Prayut Chan-o-cha a annoncé un plan de réouverture du pays par étapes. À partir du 1er novembre, les visiteurs entièrement vaccinés en provenance de 46 pays à “faible risque” seront autorisés à entrer sur le territoire avec un test PCR négatif. Ils devront néanmoins rester une nuit à l’isolement, le temps d’obtenir les résultats d’un autre test, avant de pouvoir commencer leurs vacances.

La liste comprend un grand nombre de pays européens, ainsi que la Chine et les États-Unis. La Chine est la première source de touristes en Thaïlande, avec 11 millions de visiteurs en 2019. Mais Pékin imposant une quarantaine d’au moins deux semaines au retour, peu de vacanciers chinois sont susceptibles d’arriver sur les plages du royaume en ce mois de novembre.

Rien n’indique non plus que l’Inde ou la Russie – deux autres sources importantes de visiteurs – s’ajouteront bientôt à la liste des pays autorisés.

Les professionnels du secteur touristique critiquent une réouverture en demi-teinte, qui ne suffira pas selon eux à sauver la haute saison. Une décision surtout provoque leur colère : le maintien de l’interdiction des ventes d’alcool dans les lieux publics. Les bars, discothèques et autres établissements de loisirs sur lesquels la Thaïlande a en partie bâti son succès touristique restent fermés. La levée de cette interdiction n’est envisagée qu’au premier décembre, sous conditions.

“Nous attendons vraiment que le gouvernement thaïlandais lève l’interdiction de l’alcool, car cela n’encourage pas les touristes à revenir”, estime Daniel Kerr, directeur général de l’hôtel Chatrium.

L’établissement cinq étoiles se trouve sur les rives de la rivière Chao Phraya de Bangkok, et seulement 10 % de ses 400 chambres étaient occupées au plus fort de la crise du Covid. Une légère amélioration est en vue à l’approche du Nouvel An, date à laquelle la moitié des chambres seront occupées, mais ces réservations proviennent à 85 % de visiteurs Thaïlandais.

La fermeture prolongée a “dévasté” le secteur hôtelier, selon Marisa Sukosol Nunbhakdi, présidente de la Thai Hotels Association, ajoutant que près de la moitié des employés du secteur se sont retrouvés sans emploi suite aux fermetures et aux licenciements.

Face à l’absence de clients, le secteur doit s’adapter en réduisant considérablement le prix des chambres. “Une guerre des prix féroce s’est déclarée entre les hôtels car l’offre restera longtemps très abondante par rapport à la demande”, précise Marisa. Elle ne prévoit pas un retour à la normale avant 2024.

La reprise risque d’arriver trop tard pour les plus fragiles, d’autant que l’État n’offre quasiment aucun soutien financier. “Je ne survivrai pas encore des mois sans touristes”, déclare Samran, le chauffeur de tuk-tuk. “Que veulent-ils ? Est-ce qu’ils veulent que je mendie dans les rues ? Veulent-ils que je meure de faim ?”

Du côté des autorités, on montre un peu plus d’optimisme. Selon le porte-parole de l’administration métropolitaine de Bangkok, Pongsakorn Kwanmuang, « l’industrie du tourisme retrouvera son niveau normal vers le milieu de l’année prochaine. »

Le royaume s’attend au retour d’au moins un million de visiteurs d’ici le mois de mars, et vise un total de 25 milliards d’euros de revenus courant 2022, selon les estimations officielles.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

cumi&ciki (CC BY 2.0)