Eglises d'Asie – Birmanie
L’appel de la junte à des pourparlers de paix rencontre le scepticisme des groupes ethniques
Publié le 28/04/2022
Le 22 avril, en s’adressant aux médias officiels birmans, le général Min Aung Hlaing, chef de la junte, a lancé un appel aux principaux représentants de la résistance armée pour des pourparlers de paix, malgré le scepticisme des groupes ethniques et des militants prodémocratie, alors que le régime poursuit ses attaques contre des civils à travers le pays. « J’invite les responsables des groupes ethniques armés au dialogue », a-t-il déclaré, en appelant leurs représentants à s’enregistrer en vue d’une rencontre avant le 9 mai.
L’invitation de Min Aung Hlaing, qui commande l’armée birmane et qui dirige de facto le pays depuis le coup d’État du 1er février 2021, n’a toutefois pas été étendue aux nouvelles forces de défense populaire (PDF), qui ont combattu les troupes de la junte dans plusieurs régions du pays. La junte a en effet désigné les PDF et le Gouvernement d’unité national (NUG) en exil comme des groupes terroristes. Le 27 mars, dans un discours, le dirigeant a affirmé qu’il ne négocierait pas eux.
Le groupe GSCB (General Strike Coordination Body), fondé en opposition au coup d’État après février 2021, a dénoncé l’invitation du général birman comme un simple « coup de com » en affirmant qu’une tactique similaire a déjà été employée par le régime militaire dans le passé. « Ce qu’espère tout le peuple, c’est un nouvel État fédéral démocratique qui garantisse l’égalité nationale et le droit à l’autodétermination, libéré de toutes les dictatures, y compris les dictatures militaires, pour un avenir paisible », a souligné GSCB.
L’offre de la junte rejetée par plusieurs groupes ethniques
Plusieurs groupes ethniques majeurs comme l’Union nationale Karen (KNU) et l’Armée pour l’indépendance Kachin (KIA) ont rejeté l’offre de la junte au pouvoir. « Ils ont organisé des pourparlers avec les groupes ethniques armés depuis plus de 70 ans, et cela n’a jamais rien donné de bon », affirme le colonel Naw Bu, de la KIA, cité par le journal The Irrawaddy. Padoh Saw Taw Nee, responsable des affaires extérieures de la KNU, estime de son côté que le régime doit d’abord retirer ses troupes de l’État Karen. « Il faut aussi faire respecter la justice. Nous ne pouvons pas oublier tous ceux qu’ils ont tués. Nous devons défendre la justice et la vérité », a-t-il confié.
Le pays en proie aux conflits compte près de vingt groupes ethniques armés qui contrôlent des régions reculées frontalières et qui ont déjà combattu l’armée birmane pour l’autonomie depuis près de sept décennies. Ces derniers mois, dans le nord et l’est du pays, plusieurs milliers de civils ont été forcés de fuir leur domicile à cause des frappes aériennes et des tirs d’artilleries. La junte rencontre une résistance accrue de la part des PDF, rejointes par beaucoup de jeunes après les manifestations massives organisées depuis plus d’un an. Plus de 1 700 personnes, dont au moins 130 enfants, ont été tués depuis le coup d’État, et plus de 13 000 personnes ont détenu.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Carol Isoux