Eglises d'Asie

L’archidiocèse de Hong-Kong suspend les célébrations et annule les Cendres face au coronavirus

Publié le 14/02/2020




Le 13 février, le cardinal John Tong, administrateur apostolique de Hong-Kong, a publié une lettre pastorale annonçant la suspension des célébrations liturgiques publiques durant les deux prochaines semaines, du 15 au 28 février, et l’annulation de la liturgie des Cendres, mercredi 26 février, face au coronavirus Covid-19. Le cardinal hongkongais a fait part d’une décision « regrettable », mais nécessaire alors que « les deux prochaines semaines seront cruciales pour éradiquer l’épidémie ». Au 13 février, on comptait 1 369 décès et plus de 60 000 cas d’infection confirmés, en grande majorité en Chine. Au moins 50 cas confirmés ont été déclarés à Hong-Kong, ainsi qu’un décès. Près de 2 200 personnes ont également été placées en quarantaine dans les camps installés par l’administration hongkongaise. Le cardinal John Tong a reconnu « une décision difficile », tout en invitant à « renforcer notre confiance en Dieu ».

La menace de l’épidémie du coronavirus chinois, désormais appelé Covid-19, a forcé les responsables catholiques hongkongais à suspendre les célébrations liturgiques publiques durant les deux prochaines semaines, et à annuler la messe des Cendres du mercredi 26 février, devant ouvrir le temps du carême. Le cardinal John Tong, administrateur apostolique de Hong-Kong, a fait part de cette décision « regrettable », qui a dû être prise « parce que les deux prochaines semaines seront cruciales pour éradiquer l’épidémie ». Le diocèse a décidé de suspendre toutes les messes publiques du 15 au 28 février, et d’annuler la liturgie du mercredi des Cendres, a expliqué le cardinal Tong dans une lettre publiée le 13 février. Ainsi, les quelque 500 000 catholiques hongkongais ne pourront prendre part à la liturgie des Cendres. L’épidémie du Covid-19 a d’abord été rapportée à Wuhan, dans la ville de Hubei, et s’est répandue en Chine et à l’étranger jusqu’à atteindre, au 13 février, le bilan de 1 369 victimes et plus de 60 000 cas d’infection confirmés, dont la grande majorité en Chine continentale. Hong-Kong a rapporté 50 cas d’infections confirmés et un décès. Plusieurs centaines d’autres personnes sont actuellement isolées ou sous observation à Hong-Kong. « Ce n’est pas une décision facile, et des membres de l’Église risquent d’être déçus », a confié le cardinal Tong. « En ces temps difficiles », a-t-il ajouté, « nous devons renforcer notre confiance en Dieu ». Le diocèse de Hong-Kong reste sans évêque depuis le 3 janvier 2019, depuis la mort de Mgr Michael Yeung. Le cardinal Tong avait démissionné de sa charge épiscopale en 2017, après avoir atteint la limite d’âge de 75 ans. Il a invité les catholiques à suivre la messe en ligne, à communier spirituellement (communion de désir), à méditer les Écritures et à prier le chapelet. Il a également demandé aux fidèles de s’entraider, de vivre les vertus de foi, d’espérance et de charité, et de prier les uns pour les autres.

Mises en quarantaine

Les 7,4 millions d’habitants de la ville sont en alerte, alors que plusieurs milliers de personnes ont franchi la frontière depuis la Chine continentale pour éviter l’infection. Dans la tentative d’enrayer l’épidémie, les autorités hongkongaises ont mis en place plusieurs camps sous quarantaine pour isoler les personnes infectées. Le gouvernement de Hong-Kong, dirigé par la cheffe de l’exécutif Carrie Lam, s’est déjà attiré les critiques des habitants pour avoir installé des camps dans des zones résidentielles. Les nouvelles mesures de quarantaine ont pris effet le 8 février à Hong-Kong, imposant aux personnes arrivant de Chine d’être isolées pendant 14 jours afin d’éviter de nouveaux cas d’infection. À ce jour, près de 2 200 personnes ont été placées en quarantaine dans les camps installés à Hong-Kong. Le gouvernement a annoncé une peine d’emprisonnement de six mois et une amende de 25 000 dollars hongkongais contre les personnes qui commettraient une infraction pénale en quittant ces camps sans autorisation. Le 9 février, la police est intervenue alors que des résidents ont protesté contre la décision du gouvernement d’utiliser des zones résidentielles, dont un hôtel local de Mei Foo. Dominique Kam, un catholique, affirme que les résidents n’ont pas été consultés avant par le gouvernement. Marie Chan, une autre résidente, estime que le camp risque de menacer la sécurité de sa famille. Tous deux affirment que les gens « ont perdu confiance dans le gouvernement, ils pensent qu’ils ne sauront pas gérer la situation correctement ». Ils ajoutent que face à la montée des prix à la consommation et au manque de masques de protection, les autorités n’ont pas su contrôler les tensions sociales liées à l’épidémie. Face à la pénurie de masques, de nombreux habitants ont pris d’assaut les supermarchés et pharmacies. « Certains commerçants sans scrupule ont même augmenté les prix des masques à presque 50 fois leur prix initial », assure Dominique Kam. Par ailleurs, les écoles hongkongaises seront fermées jusqu’au 16 mars, a déclaré Kevin Yeun, secrétaire à l’Éducation pour le gouvernement de Hong-Kong. Les autorités ont également accordé l’autorisation à 176 000 fonctionnaires de travailler à domicile jusqu’au 23 février afin de réduire les risques de contamination. « Au début, le gouvernement chinois a commencé par dissimuler l’épidémie ; et Carrie Lam, qui a toujours écouté le gouvernement central, a refusé de fermer la frontière », dénonce Marie Chan.

(Avec Ucanews, Hong-Kong)

Crédit : Andrii Makukha (CC BY-SA 4.0)