Eglises d'Asie

L’archidiocèse de Pékin soutient la « sinisation » du catholicisme chinois

Publié le 17/01/2023




L’archevêché de Pékin a inauguré une exposition marquant le 15e anniversaire de l’ordination épiscopale de Mgr Li Shan dans la capitale. Certains des 41 panneaux de l’exposition, présentée sur le thème « Honorer le Ciel et aimer la patrie : l’histoire de la sinisation du catholicisme à Pékin », semblent réinterpréter l’histoire du christianisme chinois selon les directives de Xi Jinping. Ce dernier, dans le discours d’ouverture de son 3e mandat, a renouvelé son engagement en faveur de « la sinisation de la religion ».

L’exposition « Honorer le Ciel et aimer la patrie : l’histoire de la sinisation du catholicisme à Pékin » a été inaugurée à l’archevêché de Pékin.

Les autorités chinoises, chaque fois qu’elles parlent du rôle des religions dans le pays, insistent sur la nécessité de la « sinisation ». Dans son discours lors du XXe Congrès national du Parti communiste chinois (PCC), marquant un troisième mandat présidentiel historique, Xi Jinping a renouvelé son engagement en faveur de « la sinisation de la religion, en vue de guider l’adaptation de la religion et de la société socialiste au contexte chinois ».

Mais que signifie exactement cette « sinisation » ? Parmi les exemples qui illustrent la façon dont les instances officielles chinoises tiennent à ce que cela soit interprété, on trouve une exposition qui a été inaugurée récemment à l’archevêché de Pékin, marquant le 15e anniversaire de la nomination de Mgr Joseph Li Shan comme archevêque de la capitale en 2007, avec l’accord du Saint-Siège avant même la signature de l’Accord provisoire de 2018 entre le Vatican et Pékin sur la nomination des évêques chinois.

Il y a quelques mois, Mgr Li Shan est également devenu président de l’Association patriotique des catholiques chinois, l’organisation gouvernementale officielle qui contrôle la vie de l’Église en Chine. C’est peut-être la raison pour laquelle il a été décidé de célébrer cet anniversaire avec quelque chose qui se réfère explicitement aux directives sur lesquelles insiste le président Xi Jinping.

Certains panneaux réinterprètent l’histoire du christianisme en Chine

L’exposition, intitulée « Honorer le Ciel et aimer la patrie : l’histoire de la sinisation du catholicisme à Pékin », comprend un ensemble de 41 panneaux avec plus de 600 photos. Selon un communiqué de l’archidiocèse, il a fallu seize mois de travail et cinq sessions de débats entre experts, avec de nombreuses ébauches et réécritures, afin de coordonner et résumer le processus historique de la sinisation du catholicisme à Pékin de manière systématique et exhaustive.

Le panneau d’introduction explique que l’objectif de l’initiative est de promouvoir davantage la sinisation du catholicisme, de mieux comprendre « la déclaration importante du secrétaire général Xi Jinping sur la religion », de soutenir la culture chinoise, de renforcer la confiance culturelle, et d’explorer les riches ressources culturelles catholiques de Pékin.

À partir des photos prises durant l’inauguration de l’exposition et publiée sur le compte WeChat de l’archidiocèse de Pékin, il est clair que le patriotisme y est valorisé. Certains panneaux réinterprètent l’histoire du christianisme en Chine, selon les directives de Xi Jinping. Ainsi, l’image de l’illustre missionnaire jésuite Matteo Ricci et certains exemples des premières tentatives d’inculturation en Chine apparaissent dans la section de l’exposition présentant les origines historiques de la sinisation.

En fin de compte, l’attachement au patriotisme est bien plus mis en avant que Matteo Ricci avec personnalités patriotiques telles que Mgr Fu Tieshan (1931-2007), considéré comme un personnage clé ayant défendu, à Pékin, l’idée d’une Église « autonome » vis-à-vis de Rome.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Xinde.org / Asianews