Eglises d'Asie

L’armée s’oppose à une tentative d’amendements constitutionnels par le parti d’Aung San Suu Kyi

Publié le 12/03/2020




L’armée birmane s’est opposée à une tentative de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le parti d’Aung San Suu Kyi, qui projetait de réduire le rôle des militaires dans la politique birmane, dans le cadre de la transition démocratique du pays après plusieurs décennies de régime militaire. Le 10 mars, le premier jour d’une série de votes de l’assemblée portant sur des amendements constitutionnels, les propositions soutenues par le NLD n’ont pas pu passer face au veto des députés issus de l’armée.

Ce mardi 10 mars, les députés du NLD (Ligue nationale pour la démocratie), le parti d’Aung San Suu Kyi, ont tenté en vain de faire passer des amendements constitutionnels. Les propositions étaient destinées à réduire progressivement le nombre de législateurs militaires sur une période de quinze ans, et à mettre fin au rôle du commandant en chef de l’armée qui, en tant que plus haute autorité militaire du pays, peut « exercer le pouvoir souverain de l’État » en cas d’urgence. Les propositions du NLD ont été rejetées par 633 voix contre 404. Ces jours-ci, le Parlement doit encore voter sur une série d’amendements jusqu’au 20 mars. L’ancien régime militaire a rédigé la Constitution actuelle en 2008, ce qui a empêché un véritable retour à la démocratie, alors que le nouveau texte réserve 25 % des sièges de l’assemblée aux militaires, et qu’il leur donne le contrôle de ministères clés comme les Affaires intérieures, la Défense et la Sécurité aux frontières. Les députés nommés par l’armée ont également un pouvoir de veto contre tout amendement de la Constitution, en particulier contre des dispositions qui seraient destinées à réduire leur influence politique. De plus, tout changement constitutionnel exige le vote de 75 % des députés.

Manam Tu Ja, catholique et président du parti KSPP (Kachin State People’s Party), dans l’État Kachin fragilisé par les conflits internes, ne s’attend pas à ce que le NLD puisse réussir à changer la Constitution sans la participation des groupes ethniques. « Le NLD tente de convaincre les électeurs avant les prochaines élections, mais ce n’est pas facile de faire passer des propositions au Parlement sans négocier avec les militaires », ajoute Manam Tu Ja, qui explique que les amendements soutenus par le NLD ne comprenaient pas le système fédéral voulu par les groupes ethniques. « Il est vraiment dommage de voir que les voix des différents groupes ethniques sont ignorées malgré le processus démocratique qui a été lancé. » Depuis janvier 2019, le parti d’Aung San Suu Kyi se prépare en vue de respecter ses promesses électorales de 2015, à savoir changer la Constitution de 2008. La semaine dernière, des débats tendus ont eu lieu entre les députés des deux camps durant les sessions parlementaires, alors que le NLD semble prêt à en découdre avant la tenue des prochaines élections générales, qui doivent avoir lieu en novembre 2020. Le gouvernement civil actuel est arrivé au pouvoir en 2016 après les élections de 2015. Mais malgré la fin du régime militaire, le combat du gouvernement pour amender la Constitution n’est pas aisé. Selon le texte de 2008, Aung San Suu Kyi ne peut pas non plus être déclarée présidente parce qu’elle a épousé un étranger – elle dirige le pays depuis 2016 en tant que conseillère d’État.

(Avec Ucanews, Mandalay)

Crédit : Peggy und Marco Lachmann-AnkePixabay