Eglises d'Asie – Birmanie
L’Asean appelée à adopter une position plus ferme sur la crise birmane
Publié le 25/06/2022
Après une visite de huit jours effectuée en Malaisie, le 23 juin, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Birmanie, Tom Andrews, a appelé les pays membres de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) à adopter une position ferme contre les autorités militaires birmanes. Il a également rappelé qu’il y a « trop en jeu pour la Birmanie et son peuple pour se permettre d’accepter la complaisance ou l’inaction de la communauté internationale ». Il a notamment salué l’initiative des dirigeants malaisiens pour avoir poussé l’Asean à renforcer leur position contre les violences dans le pays en crise en Asie du Sud-Est, où la situation se poursuit presque un an et demi après le coup d’État du 1er février 2021.
Il a ainsi souligné que Saifuddin Abdullah, ministre des Affaires étrangères de la Malaisie, a appelé à passer d’une politique de « non-ingérence » à, selon ses mots, une politique de « non-indifférence ». « La Malaisie a voulu mettre en évidence le fait qu’après plus d’un an, rien n’a changé, toujours plus de personnes sont tuées et forcées de fuir le pays. » Soutenue par l’ONU, les États-Unis et l’Union européenne, l’Asean a entrepris des efforts diplomatiques afin de tenter de réagir à la crise politique en Birmanie, mais son action s’est révélée inefficace contre le régime militaire.
Saifuddin Abdullah a appelé les dix pays membres du bloc régional à entrer en contact avec le Gouvernement d’unité nationale (NUG), un gouvernement en exil composé d’anciens parlementaires, de militants et de groupes ethniques birmans. Le NUG s’est constitué après le coup d’État qui a renversé le gouvernement civil élu. « Je serais heureux de collaborer afin de soutenir la politique étrangère malaisienne sur la Birmanie, d’affirmer les droits de l’homme des Birmans qui sont menacés et de réduire les innombrables souffrances humaines en Birmanie », a poursuivi Tom Andrews.
Aung San Suu Kyi placée à l’isolement dans une prison de Naypyidaw
Pour ce dernier, les attaques de la junte contre le peuple birman constituent des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, et aucun habitant n’a été épargné par l’impact des violences militaires. Tom Andrews a rappelé que les forces de la junte ont tué « plus de 2 000 civils, arrêté plus de 14 000 autres et déplacé plus de 700 000 habitants », amenant le nombre de personnes déplacées internes (IDP) à bien plus d’un million et plongeant le pays dans « une crise économie et humanitaire qui menace la vie et la sécurité de plusieurs millions de Birmans ».
La junte a poursuivi ses abus et continue de commettre des atrocités comme des tueries de masse, des actes de torture, des arrestations arbitraires et des attaques sans distinction contre des civils – des actes considérés comme des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité par l’ONU. Le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, a été officiellement interdit de participer aux rencontres de l’Asean après avoir échoué à appliquer le consensus en cinq points voté par les dix pays membres. Mais le ministre de la Défense de la junte a pourtant pu participer aux rencontres des ministres de la Défense de l’Asean malgré les protestations des opposants et militants pour les droits de l’homme.
Par ailleurs, le 22 juin, la junte a transféré l’ancienne conseillère d’État Aung San Suu Kyi d’un lieu de détention secret à un confinement solitaire dans un complexe pénitentiaire situé dans la capitale, Naypyidaw. L’ancienne cheffe de file pro-démocratie a subi de multiples accusations notamment pour corruption, et a été condamnée à six ans de prison pour possession de talkies-walkies, pour avoir enfreint les règles sanitaires et pour avoir incité à des troubles à l’ordre public. Elle a déjà été placée en détention à domicile durant deux décennies sous l’ancien régime militaire, qui a saisi le pouvoir en 1988.
(Avec Ucanews)