Eglises d'Asie

L’Asean appelée à plus de fermeté pour un processus de paix et contre les abus commis par la junte

Publié le 23/04/2022




Le 22 avril dans un communiqué, Elaine Pearson, responsable d’Human Rights Watch pour l’Asie, a appelé les pays membres de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) à renforcer leur action contre les abus commis par la junte birmane depuis son coup d’État. HRW a notamment rappelé l’échec du consensus en cinq points voté par l’Asean, accepté par le général Min Aung Hlaing, chef de la junte, lors du sommet du 24 avril 2021 à Jakarta : « La junte birmane a passé l’an dernier à commettre des atrocités en méprisant totalement ses engagements. »

Un an après un consensus en cinq points accepté par le général Min Aung Hlaing, ce dernier est accusé de ne pas avoir respecté ses engagements.

L’organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé les gouvernements d’Asie du Sud-Est, les pays membres de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) à revoir de toute urgence sa réaction aux abus de la junte militaire birmane, en lançant une action coordonnée avec la communauté internationale élargie. Pour HRW, l’Asean n’a pas su respecter ses engagements ni prendre des mesures concrètes contre le régime militaire birman, afin de mettre fin aux violations des droits de l’homme dans le pays, malgré un consensus en cinq points voté il y a un an, quelques mois après le coup d’État du 1er février 2021.

« La junte birmane a passé l’an dernier à commettre des atrocités en méprisant totalement ses engagements envers l’Asean », a déclaré Elaine Pearson, directrice actuelle d’HRW pour l’Asie, dans un communiqué de presse publié le 22 avril. « Les pays de l’Asean, à commencer par l’Indonésie, la Malaisie et Singapour, doivent immédiatement changer de trajectoire à propos de la Birmanie et se préoccuper davantage de la protection des droits et des libertés individuelles, plutôt que d’aider la junte à rester au pouvoir », a-t-elle ajouté.

Lors d’un sommet de l’Asean à Jakarta, le 24 avril 2021, le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, avait accepté un consensus en cinq points – la fin immédiate des violences, un dialogue constructif avec toutes les parties engagées, la nomination d’un envoyé spécial de l’Asean pour faciliter le dialogue, l’acceptation de l’aide humanitaire et d’une visite de l’envoyé spécial en Birmanie –, même si aucun délai n’avait été fixé. Un an plus tard, la junte n’a pas respecté le processus de paix voulu par l’Asean, et a poursuivi les abus. Le pays a été accusé d’atrocités, d’arrestations arbitraires et d’attaques contre des civils – des actes décrits par les Nations unies comme des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre.

« Les mots creux de l’Asean sont restés sans effets »

Plus de 1 700 personnes, dont au moins 130 enfants, ont été tués et plus de 13 000 ont été détenus depuis le coup d’État. Soutenue par les Nations unies, par les États-Unis et par l’Union européenne, l’Asean a donc entrepris des efforts diplomatiques face à la crise politique que traverse la Birmanie depuis plus d’un an, alors que le coup d’État a déclenché des manifestations massives et une résistance armée, en particulier dans les régions rurales et ethniques. Le chef de la junte a notamment été empêché de participer aux rencontres de l’Asean.

L’envoyé spécial de l’Asean, Prak Sokhonn, ministre des Affaires étrangères du Cambodge, a pu se rendre en Birmane le mois dernier. Il a rencontré le général Min Aung Hlaing et le ministre birman des Affaires étrangères, mais sans pouvoir rencontrer des représentants de l’opposition dont Aung San Suu Kyi. Selon HRW, l’Indonésie, la Malaisie et Singapour devraient travailler étroitement avec d’autres gouvernements afin de développer une approche efficace et claire, pour imposer des changements à la junte, notamment concernant les achats d’armements. L’organisation estime que l’Asean devrait aussi soutenir ouvertement une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU concernant un embargo sur les ventes d’armes à la Birmanie.

HRW a aussi demandé à l’organisation régionale d’informer la Cour pénale internationale sur la situation birmane et d’imposer des sanctions ciblées à la junte et aux sociétés appartenant à l’armée birmane. Par ailleurs, selon Human Rights Watch, le président américain, qui accueillera des membres de l’Asean lors d’un sommet en mai, doit également appeler l’Asean à abandonner son consensus mis en échec et à coopérer davantage avec d’autres pays afin de lancer une action plus forte contre la junte. « Durant un an, les gouvernements à travers le monde ont tardé à agir concernant la Birmanie, en se cachant derrière les mots creux de l’Asean, qui sont restés sans effets », a insisté Elaine Pearson.

(Avec Ucanews)