Eglises d'Asie – Birmanie
L’Asean organise un sommet régional en urgence à Jakarta face à la crise birmane
Publié le 23/04/2021
Le 20 avril, les habitants du village de Khin Gyi, dans la région de Mandalay, ont subi un raid de l’armée birmane. Le village est connu pour son opposition au coup d’État, et les villageois avaient appelé à la grève et à la désobéissance civile. Le 19 avril, cinq véhicules militaires sont arrivés au village et ont lancé plusieurs bombes. Le lendemain, ils sont revenus pour mettre le feu à toutes les motos et pour fouiller les maisons, en pillant tous les objets de valeur. Dans l’après-midi, ils sont revenus une nouvelle fois pour arrêter 40 villageois, qui s’étaient réfugiés dans la forêt le matin. Beaucoup d’autres villages des régions Shan et Kayah, dans le sud, ont subi le même sort. Certains villages ont été complètement détruits, et beaucoup d’habitants ont été forcés de vivre dans la forêt. La junte tente ainsi de mettre fin au mouvement de résistance, aux manifestations et aux appels à la grève et à la désobéissance civile – qui affectent l’économie birmane, largement sous le contrôle de l’armée. Par ailleurs, le 21 avril, l’Hôpital Civil de Mandalay a été cerné par les militaires. En plus des contrôles, ces derniers ont interrogé – et arrêté – tous les médecins prenant part à la grève.
Pourtant, malgré ces tentatives, la junte ne parvient pas à réprimer la résistance. Le 21 avril, une manifestation soutenant le nouveau gouvernement d’unité nationale (NUG) a été organisée à Amarapura (Mandalay). La manifestation a rassemblé des jeunes, des adultes ainsi que des moines et moniales bouddhistes. Le gouvernement d’unité nationale est composé d’anciens parlementaires et de membres de divers groupes ethniques. Constitué afin de tenter de rétablir la démocratie, il a été annoncé par le CRPH (le Comité représentatif du Parlement birman, gouvernement de résistance formé après le coup d’État du 1er février). Le NUG a demandé à être reconnu officiellement par les pays membres de l’Asean (Association des Nations du Sud-Est asiatique) et à être invité au sommet de l’Asean prévu le 24 avril à Jakarta.
En attendant, il a été confirmé que le général Min Aung Hlaing, à la tête de la junte birmane, participerait au sommet en Indonésie. Ce sera sa première participation à une rencontre internationale. Pour beaucoup d’opposants birmans et internationaux, sa présence représente une reconnaissance officielle de la part des membres de l’Asean. À ce jour, en effet, ils n’avaient ni reconnu, ni condamné le nouveau gouvernement formé par la junte, préférant se référer au principe de « non-ingérence dans les affaires intérieures ». Cela dit, Singapour, Brunei, la Malaisie et l’Indonésie ont dénoncé les violences contre les civils. Selon les derniers chiffres de l’AAPP, une ONG locale, on compte au moins 3 261 personnes arrêtées (dont 20 qui ont été condamnées à mort) et 738 décès depuis le 1er février.
(Avec Asianews)
CRÉDITS
Asianews