Eglises d'Asie

Le Bangladesh appelé à intensifier ses efforts contre la traite des personnes

Publié le 19/11/2022




Sukleash George Costa, directeur des programmes de Caritas Bangladesh, a réagi après la venue, du 31 octobre au 9 novembre, de Siobhan Mullally, envoyée spéciale de l’ONU sur la traite des personnes, en soulignant que sa visite met à nouveau en lumière ce problème majeur dans le pays. Le gouvernement bangladais peine à contenir le problème de la traite des personnes malgré ses efforts comme une loi votée en 2012 (Human Trafficking Prevention and Suppression Act 2012) et un Plan d’action national (2012-2022).

Une femme Dalit (intouchable) du district de Khulna, dans la région côtière du sud du Bangladesh.

Sukleash George Costa, directeur des programmes de Caritas Bangladesh, évoque les efforts du pays contre le fléau du trafic humain, une dizaine de jours après la visite, du 31 octobre au 9 novembre, de Siobhan Mullally, rapporteur spécial de l’ONU sur la traite des personnes. « Les débats sur la lutte contre la traite des personnes se sont intensifiés et les législateurs sont sous pression », assure-t-il, en soulignant que la visite de l’envoyée spéciale met à nouveau en lumière ce problème majeur dans le pays.

Lors d’une conférence de presse organisée le 9 novembre à Dacca, la capitale, Siobhan Mullally a rappelé que les trafics internes à des fins d’exploitations, y compris le travail forcé, la mendicité forcée et les abus sexuels, sont des questions d’une extrême gravité. « C’est également inquiétant que des filles et des femmes deviennent victimes de l’exploitation sexuelle transfrontalière après avoir été envoyées en Inde en particulier », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Elle a aussi affirmé que des jeunes sont victimes de tels trafics à cause d’un manque de protection de la part de l’État. Les chiffres du ministère de l’Intérieur indiquent que 5 835 cas de trafic ont été enregistrés au Bangladesh depuis juillet dernier. À ce jour, un total de 29 339 personnes a été condamné pour des cas de traite de personnes.

Campagnes de sensibilisation et accès à l’éducation

Selon Sukleash Costa, on peut combattre le fléau via la justice et les poursuites judiciaires, mais il évoque beaucoup d’autres questions que le gouvernement et les ONG doivent aborder afin de lutter contre la criminalité. Il souligne notamment que Caritas Bangladesh organise des campagnes de sensibilisation, en particulier dans les régions frontalières et côtières. Par ailleurs, les habitants des régions vulnérables sont aussi soutenus dans leur accès à l’éducation et à la formation professionnelle afin qu’ils deviennent autonomes financièrement et qu’ils ne risquent pas de se laisser piéger par les trafiquants.

« Les gens vont dans les villes depuis les régions côtières à cause des catastrophes naturelles, et beaucoup franchissent la frontière illégalement. Caritas cherche donc à leur apporter des formations techniques et des opportunités d’emploi avant, là où ils sont. Ainsi, ils ne cherchent plus à se rendre dans les zones urbaines et ne songent pas à aller à l’étranger », ajoute-t-il.

Une faible amélioration malgré les efforts du gouvernement

Selon les rapports mondiaux, le Bangladesh peine toujours à contenir le problème de la traite des personnes malgré des lois qui ont été votées dans ce sens. Dans son rapport 2022 sur la traite des personnes, le gouvernement américain estime que le pays n’a pas pu faire le minimum vital pour prévenir le fléau, bien que les efforts des autorités bangladaises aient été renforcés afin de poursuivre et condamner les coupables.

De même, le rapport note un retard du pays dans l’identification des personnes à risque, par rapport aux années précédentes. Par ailleurs, les mesures appropriées n’auraient pas été prises à l’encontre des entreprises envoyant des travailleurs illégalement, en les exposant ainsi au travail forcé.

Khalekuzzaman Khan, de l’ONG Agragati (Progrès), qui dirige des projets contre la traite des personnes dans le district de Khulna, dans la région côtière du sud, indique qu’il s’agit d’un enjeu mondial et que tout le monde doit travailler ensemble pour l’empêcher. « L’envoyée spéciale est venue et a demandé au gouvernement de prendre certaines mesures. Leurs recommandations sont utiles pour nous montrer si nous allons dans la bonne direction ou non », explique-t-il.

De son côté, A.K.M. Mukhlesur Rahman, secrétaire adjoint au ministère de l’Intérieur, souligne que la loi de 2012 pour la prévention et la répression de la traite des personnes (Human Trafficking Prevention and Suppression Act 2012) est une loi solide et importante contre les trafics.

Il ajoute que le gouvernement bangladais, en se basant sur cette loi, a formulé le Plan d’action national 2012-2022 pour la prévention et la répression de la traite des personnes. « Quand les experts viennent au Bangladesh pour faire des recommandations, le gouvernement doit les prendre en compte et agir, et les envoyés spéciaux de l’ONU ne font pas exception. Selon son avis, nous devrons travailler ensemble avec toutes les parties prenantes afin de renforcer la prévention », poursuit-il.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Stephan Uttam / Ucanews