Eglises d'Asie

Le Bangladesh rend hommage à une légende de la musique bengali, après le décès d’Andrew Kishore

Publié le 09/07/2020




Après le décès, le 6 juillet, d’un des chanteurs bangladais les plus populaires de son temps, tout le pays a rendu hommage à Andrew Kishore, qui luttait contre un cancer depuis près d’un an. Originaire de la minorité chrétienne locale et membre de l’Église anglicane du Bangladesh, Andrew Kishore était célèbre dans tout le pays comme le « roi du playback » (l’artiste a enregistré de nombreux titres destinés au cinéma bengali). Le père Joyanto S. Gomes, ancien directeur du Christian Communication Center, un centre d’évangélisation catholique local, salue un grand chanteur et un chrétien fidèle : « Il portait toujours une croix sur lui, et en faisant cela, il témoignait en disant que ‘Dieu est mon mentor et je chante pour Lui’. »

Andrew Kishore, 65 ans, membre de l’Église anglicane du Bangladesh, un des chanteurs bangladais les plus populaires de son temps, est décédé le 6 juillet.

Des Bangladais de toutes origines ethniques, classes sociales et religions pleurent la mort d’Andrew Kishore, un des musiciens les plus populaires et les prolifiques du pays depuis près de quatre décennies. Andrew Kishore, âgé de 65 ans, membre de l’Église anglicane bangladaise, est décédé le 6 juillet dans une clinique privée de Rajshahi, après plus de dix mois de lutte contre le cancer du sang. Il laisse dans le deuil son épouse, son fils, sa fille et plusieurs millions de fans, au Bangladesh et à l’étranger. Andrew Kishore avait été admis dans la clinique le 5 juillet alors que son état de santé se dégradait ; il est mort le lendemain à 19 heures. Le Dr Patrick Bipul Biswas, son beau-frère, a déclaré que son enterrement aura lieu à Rajahahi peu après l’arrivée dans le pays de ses deux enfants, étudiants en Australie. Andrew Kishore avait appris qu’il était atteint d’un cancer le 9 septembre dernier, et il a été soigné au Singapore General Hospital pendant plusieurs mois avant de rentrer chez lui en juin. Alors qu’il se doutait que ses jours étaient comptés, il a insisté pour rentrer au Bangladesh, a confié son épouse Lipika.

Maestro du playback

Né en 1955 à Rajshahi, Andrew Kishore a découvert la musique très tôt. Plus tard, il s’est installé à Dacca en se faisant connaître. Au début des années 1980, il était devenu une icône de la musique bangladaise, avec des thèmes d’une grande variété (folk, chants patriotiques, hymnes religieux et mystiques, mélodies…). Il est devenu célèbre dans le pays à partir de 1977 en enregistrant plusieurs dizaines de chansons destinées à des films populaires du cinéma bangladais. Sa voix puissante et mélodieuse lui a permis de remporter huit prix nationaux comme meilleur chanteur de playback, ce qui lui a valu le surnom de « roi du playback » au Bangladesh. Sa popularité a dépassé les frontières de sa communauté d’origine, la minorité chrétienne bangladaise, en convainquant des amateurs de tous horizons et en apparaissant dans de nombreux spectacles et programmes télévisés tout au long de l’année. Il a également composé des chansons pour des films produits dans l’État indien du Bengale occidental. Andrew Kishore a aussi enregistré des chansons chrétiennes populaires pour le Christian Communication Center, un centre catholique local, comme Krush Boye Tranopoti Jay Giri Pothe (Mon Sauveur marche sur la route avec la Croix), un chant de Carême sur le thème de la Passion, enregistrés au studio Banideepti (Lumière de la Parole).

« Un joyau de la musique bengali »

Le décès d’Andrew Kishore a suscité de nombreux hommages et les réactions de la plupart des médias locaux. Plusieurs milliers de personnes de toutes origines lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux, évoquant le « départ d’une légende ». Le président Abdul Hamid et la Première ministre Sheikh Hasina ont également publié des messages de condoléances. « Les chansons d’Andrew Kishore ont séduit à jamais les cœurs des amateurs de musique dans tout le pays. Son décès est une perte irremplaçable », a déclaré Sheikh Hasina. Le père Joyanto S. Gomes, ancien directeur du Christian Communication Center, salue un grand chanteur et un chrétien fidèle. « On pouvait toujours le distinguer des autres chanteurs, parce qu’il portait toujours une croix sur lui. En faisant cela, il témoignait du Christ. Il disait que ‘Dieu est mon mentor et je chante pour Lui’ », confie le prêtre, qui regrette que la communauté chrétienne n’ait pas su exploiter son talent suffisamment. Hanif Sanket, animateur TV et producteur, ami de longue date du chanteur, souligne de son côté que Andrew Kishore était « un joyau de la musique bengali ». « Sa voix était envoûtante et communicative. Sa mort est un coup dur pour nous. Pour moi, c’était un ami et un frère, et j’ai l’impression de perdre une part de moi-même », a confié Hanif Sanket, un musulman âgé de 61 ans, sur sa page Facebook.

(Avec Ucanews, Dacca)


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