Eglises d'Asie – Cambodge
Le Cambodge appelé à libérer tous les prisonniers politiques avant le prochain sommet de l’Asem
Publié le 18/11/2021
Une organisation internationale, engagée au Cambodge pour la défense des droits de l’homme, a appelé le pays à libérer tous les prisonniers politiques de ses prisons en amont du 13e sommet de l’Asem (Dialogue Asie-Europe, ou Asia-Europe Meeting), qui aura lieu à Phnom Penh à la fin du mois. Cette rencontre fait partie des sommets annuels organisés par les dix pays membres de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), dont l’organisation sera présidée par le Cambodge pour douze mois en 2022.
« L’Union européenne et les États-Unis, ainsi que les bienfaiteurs et autres amis du Cambodge, doivent faire pression sur le Premier ministre Hun Sen afin de mettre fin à ce jeu cynique. Il faut ouvrir les portes des prisons où certaines personnes ne sont libérées que pour être remplacées par d’autres détenus au sein des mêmes cellules », a déclaré Brad Adams, directeur pour l’Asie de l’organisation HRW (Human Rights Watch), basée à New-York.
Ce dernier a souligné que les gouvernements, en particulier les participants européens à l’Asem, doivent faire pression sur le gouvernement cambodgien pour qu’il renonce aux conditions imposées aux détenus politiques libérés, et pour libérer sans conditions tous les détenus politiques restants. « La libération récente de 26 prisonniers politiques arrêtés à tort est une bonne nouvelle, mais rien n’empêche les autorités cambodgiennes de les arrêter à nouveau à tout moment », a poursuivi Brad Adams.
26 détenus politiques libérés début novembre
L’an dernier, l’Union européenne a retiré des avantages commerciaux accordés au Cambodge dans le cadre de l’accord TSA (Tout sauf les armes), afin de réagir à une dégradation des valeurs démocratiques dans le pays, alors que le parti CPP (Parti du peuple cambodgien) a remporté tous les sièges lors des élections controversées de 2018. Cette victoire a été rendue possible grâce à la dissolution du principal parti d’opposition, le CNRP (Parti du sauvetage national du Cambodge), déclarée fin 2017.
Depuis, plus d’une centaine de partisans du parti dissout ont été arrêtés, victimes de chefs d’accusation allant de l’incitation à la trahison au crime de lèse-majesté. Entre le 5 et le 12 novembre dernier, les autorités cambodgiennes ont libéré 26 prisonniers politiques, mais sans renoncer aux charges retenues contre eux, ce qui les expose à une nouvelle arrestation à l’avenir. Parmi ceux qui ont été libérés se trouvent des militants politiques et écologistes, dont des membres de groupes comme Mother Nature Cambodia et Khmer Thavrak, des militants de l’opposition et un dirigeant syndical, Rong Chhun.
Selon HRW, plus de 60 prisonniers politiques sont toujours détenus au Cambodge, dont des membres de l’opposition, des militants pour les droits territoriaux, des journalistes et des personnes arrêtées à cause de commentaires critiques publiés sur les réseaux sociaux. La semaine dernière, la Thaïlande a renvoyé de force au Cambodge deux militants politiques de l’opposition, qui étaient enregistrés comme réfugiés au sein du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Ils sont désormais exposés à une poursuite judiciaire et à de longues peines de prison dans leur pays. De son côté, Hun Sen a récemment assuré que son gouvernement « ferait ce qu’il faut pour réprimer » toute personne dissidente envisageant de s’opposer à lui, alors que le Cambodge entamera sa présidence de l’Asean en 2022.
(Avec Ucanews)