Eglises d'Asie – Cambodge
Le Cambodge modifie les lois électorales un mois avant les prochaines élections parlementaires
Publié le 24/06/2023
L’Assemblée nationale cambodgienne, réunie de nouveau à la hâte, a amendé les lois électorales afin d’assurer que seuls les personnes ayant déjà voté puissent se présenter aux futures élections, alors que certains opposants appellent à boycotter celles qui sont prévues le mois prochain. Le 23 juin, le parti CPP (Parti du peuple cambodgien) au pouvoir, qui contrôle l’ensemble des 125 sièges de l’assemblée, a voté des amendements concernant quatre lois électorales avec le soutien de 111 élus, à la demande du Premier ministre Hun Sen.
Selon ces amendements, un candidat potentiel doit avoir voté à l’occasion des deux élections précédentes. « L’amendement qui a été voté aujourd’hui a pour but de protéger le processus électoral des manœuvres politiques et des tentatives de défaire les élections », a déclaré le ministre de l’Intérieur cambodgien, Sar Kheng, durant une session plénière de l’assemblée. Selon lui, ces amendements défendent les valeurs démocratiques et notamment la responsabilité des dirigeants politiques qui souhaitent se porter candidats aux élections.
Ces changements ont été décidés alors que des opposants ont été accusés de tenter de fragiliser les prochaines élections en appelant à les boycotter le mois prochain. Vu les derniers résultats électoraux, le parti CPP du Premier ministre Hun Sen est le seul à même d’emporter des sièges lors des prochaines élections. Quant aux 17 autres partis politiques opposants, la plupart ne peuvent prétendre à une base de soutien de plus de 2 %, voire moins, de l’ensemble des voix.
Une victoire écrasante et truquée
Hun Sen subit des critiques en hausse avant le scrutin du 23 juillet, d’autant plus depuis que la Commission électorale nationale a exclu officiellement des élections le Candlelight Party, qui n’a pas pu présenter de candidats sous des prétextes administratifs peu convaincants. La décision des autorités a suscité des menaces de sanction et un avertissement d’Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies. Toutefois, le gouvernement a assuré que les élections seront démocratiques.
« L’engagement du Cambodge à être une démocratie multipartite et à promouvoir et protéger les droits de l’homme reste inébranlable », a insisté la Mission permanente du Royaume du Cambodge auprès de l’Office des Nations Unies, cette semaine dans un communiqué publié depuis Genève. Récemment, le Washington Post a commenté les élections en disant s’attendre à une « victoire écrasante pour des élections parlementaires truquées », ce qui veut dire que le CPP devrait décrocher « l’ensemble des 125 sièges de l’Assemblée nationale, à l’image des résultats obtenus lors du dernier simulacre de 2018 ».
Le Cambodge a également été fortement critiqué par le Département d’État des États-Unis vis-à-vis de la situation de la traite des personnes dans le pays, qui s’est clairement aggravée durant la pandémie. « La corruption et la complicité des autorités locales impliquées dans différents trafics, y compris parmi des hauts fonctionnaires, sont restées répandues et endémiques, ce qui a entraîné l’application de lois sélectives et votées à des fins politiques », a dénoncé le dernier rapport du département d’État américain sur la traite des personnes à propos du Cambodge. « Les autorités n’ont pas enquêté ni poursuivi les fonctionnaires impliqués malgré des rapports nombreux et crédibles sur leur complicité », a affirmé le rapport.
(Avec Ucanews)