Eglises d'Asie

Le Cambodge repousse le lancement de sa « passerelle Internet nationale »

Publié le 17/02/2022




Le 16 février, le Cambodge a retardé l’implantation de sa « passerelle Internet nationale » (NIG), annoncée par le Premier ministre Hun Sen afin de donner aux autorités « le moyen d’empêcher et de déconnecter toutes les connexions réseau affectant le revenu national, la sécurité, l’ordre social, la moralité, la culture, les traditions et les coutumes ». Le projet a suscité de nombreuses critiques, dans le pays et à l’étranger. Selon une déclaration des Nations unies, cela aura « un impact négatif sur la liberté sur Internet, la défense des droits de l’homme et la société civile ».

Le 16 février, le gouvernement cambodgien a repoussé le lancement de sa « passerelle Internet nationale » (NIG), alors que des militants pour les droits de l’homme et pour la liberté d’expression considèrent cette nouvelle mesure comme une règle draconienne supplémentaire afin d’imposer la censure via une surveillance renforcée. Selon Meas Po, porte-parole du ministère des Télécommunications, le lancement de la passerelle NIG a été repoussé en raison du contexte sanitaire et de perturbations potentielles du trafic Internet. Cependant, des sources affirment que le gouvernement cambodgien maîtrise mal la technologie requise pour rendre le NIG opérationnel.

Le projet a été ordonné par le Premier ministre Hun Sen via un décret censé donner aux autorités « le moyen d’empêcher et de déconnecter toutes les connexions réseau affectant le revenu national, la sécurité, l’ordre social, la moralité, la culture, les traditions et les coutumes ». Les médias officiels ou proches du pouvoir ont défendu la passerelle NIG contre des voies de plus en plus critiques, dont des officiels des Nations unies qui ont appelé le gouvernement cambodgien à y renoncer, en le comparant souvent avec le « Grand Firewall de Chine » (nom usuel du projet de surveillance et de censure d’Internet géré par le ministère de la Sécurité publique de la République populaire de Chine).

« Un organe qui contrôle Internet contrôle l’essentiel de la société »

Selon une déclaration récente des Nations unies, la nouvelle loi cambodgienne aura « un impact fortement négatif sur la liberté sur Internet, sur la défense des droits de l’homme et la société civile ». « Alors que le monde a évolué en dépendant de l’accès à Internet comme moyen principal de communication et de partage d’informations, un organe qui contrôle Internet contrôle l’essentiel de la société », a ajouté la déclaration.

Toutefois, la Mission permanente du Royaume du Cambodge à Genève a rejeté « catégoriquement » le rapport des trois rapporteurs spéciaux sur le NIG, considéré comme « unilatéral », « politisé », « illusoire » et « trompeur » : « Le fait est que la création du NIG adhère aux principes de légalité, de nécessité et de proportionnalité, et contribue à la réalisation de la numérisation dynamique du Cambodge, comme force motrice pour la croissance et le développement. »

Le Cambodge subit un déclin sérieux des libertés d’expression et de la presse depuis cinq ans, ce qui a provoqué le retrait d’avantages commerciaux garantis par l’Union européenne, et des fermes protestations des États-Unis et d’autres pays occidentaux. Ce déclin s’est accompagné d’une répression de l’opposition politique, avec la détention de nombreux partisans du Parti du sauvetage national du Cambodge. Plusieurs centaines d’entre eux ont été arrêtés, accusés d’incitation à la subversion, et dans certains cas de trahison, et emprisonnés. Selon les autorités cambodgiennes, le report de l’implantation du NIG n’a rien à voir avec les critiques et la passerelle permettra au contraire de réguler l’activité commerciale, de renforcer la perception des impôts, et de limiter les escroqueries et les jeux en ligne.

(Avec Ucanews)