Eglises d'Asie

Le cardinal Bo de Rangoun appelle le gouvernement à autoriser les religieux birmans à participer aux élections

Publié le 07/02/2020




Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a appelé le gouvernement birman à supprimer une disposition constitutionnelle qui interdit aux membres des ordres religieux du pays de participer aux élections. Le cardinal s’oppose à l’article 392(a) de la Constitution, qui empêche les moines et moniales bouddhistes, les prêtres, religieuses et religieux catholiques et autres membres du clergé catholique, ainsi que les religieux musulmans et tout autre religieux de voter lors des élections birmanes : « En tant que cardinal, je peux faire des déclarations et des discours, et encourager les citoyens à voter, mais moi-même, je ne peux pas participer aux élections. C’est une disposition particulièrement inhabituelle. Je ne connais aucune autre démocratie qui exige la même chose. »

Le cardinal Bo échange avec la conseillère d’État Aung San Suu Kyi durant le second Forum consultatif sur la réconciliation nationale et la paix, le 7 mai 2019 à Naypyidaw.

Dans un communiqué publié le 6 février, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a appelé le gouvernement à autoriser les religieux birmans, qu’ils soient bouddhistes, catholiques, musulmans ou autres, à participer aux élections. Le cardinal Bo s’est prononcé contre cette mesure constitutionnelle peu commune. Il a déclaré que c’était son devoir, en tant que responsable religieux, d’identifier des partis ou des responsables politiques qu’il peut soutenir. « Mais dans un pays pétri d’une longue tradition religieuse et où les responsables religieux servent de guides sur le plan moral, c’est le devoir de tous les responsables religieux d’encourager les citoyens à voter pour les candidats ou les partis qui correspondent à leurs valeurs », a-t-il souligné. L’archevêque de Rangoun, qui est également président de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques (FABC), ajoute que voter est un devoir sacré et qu’il y va de la dignité humaine. « Ceux qui fuient leurs responsabilités et qui ne se rendent pas aux urnes le font à leur propre péril », a-t-il insisté. La Birmanie, qui se trouve en transition démocratique après plusieurs décennies de régime militaire, se prépare à de nouvelles élections générales cette année. Le cardinal Bo, âgé de 72 ans, estime que la participation enthousiaste du peuple birman aux dernières élections a montré leur soif d’une véritable démocratie, malgré les résultats mitigés de ces cinq dernières années. « Avec patience, les Birmans doivent placer leur foi dans la démocratie en étant nombreux à participer aux prochaines élections », a-t-il écrit dans son communiqué. Quelles valeurs pouvons-nous attendre des partis candidats ? La démocratie est arrivée dans ce pays grâce au sacrifice de nombreux braves. »

La paix et les droits de l’homme pour tous

Le cardinal Bo affirme que « la démocratie est un principe sacré construit sur la dignité humaine, sur la défense et la protection des droits de l’homme – droit à la vie, au travail, à l’éducation, à la religion, à la langue et à la terre ». « L’option préférentielle pour les pauvres et les plus vulnérables est étroitement liée aux discours sur les droits de l’homme. La dignité humaine de la conception à la mort était leur rêve, et c’est le nôtre aussi », a-t-il défendu. Le cardinal a également évoqué les épreuves que traverse son pays, le décrivant comme « une nation blessée », où des millions de jeunes ont dû partir travailler dans des pays voisins « sous des formes d’esclavage moderne ». « Ceux qui travaillent pour une paix durable basée sur la justice, contre toute discrimination, le font pour le bien de la nation. Paix, réconciliation, harmonie entre communautés, non-discrimination, santé et développement humain font partie de nos besoins les plus urgents. Les citoyens birmans doivent identifier les partis politiques et les candidats qui défendent vraiment et activement ces objectifs », a poursuivi Mgr Bo. « Il ne s’agit pas de voter pour tel parti ou candidat, mais plutôt pour que la Birmanie devienne un pays prospère et paisible. J’espère que ces élections seront organisées d’une manière calme, respectueuse, démocratique, libre et juste, et qui mène notre pays plus avant vers la paix et les droits de l’homme pour tous, sans distinction ethnique ou religieuse. »

(Avec Ucanews, Mandalay)


CRÉDITS

Religions for peace Myanmar