Eglises d'Asie

Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, appelle les Birmans à « voter pour la paix »

Publié le 02/09/2020




Du 19 au 21 août dernier à Naypyidaw, la capitale birmane, la 4e Conférence de paix de Panglong pour le XXIe siècle s’est tenue avec la participation de représentants du gouvernement civil, de l’armée birmane, des partis politiques du pays et des groupes armés ethniques. Suite à cette quatrième session de conférence, et avant les élections législatives du 8 novembre prochain, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, est intervenu en publiant un guide en dix points, invitant les Birmans à choisir les candidats déterminés à œuvrer pour la paix et le fédéralisme politique et économique.

Le cardinal Bo, archevêque de Rangoun, aux côtés de la conseillère d’État Aung San Suu Kyi, le 7 mai 2019 à Naypyidaw, durant le 2e Forum consultatif sur la paix et la réconciliation nationale.

Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a appelé la population birmane à remplir les devoirs électoraux et à choisir des candidats déterminés à œuvrer pour la paix et pour le fédéralisme politique et économique, en amont des élections législatives, prévues le 8 novembre. Le 1er septembre, le cardinal Bo a publié un appel écrit destiné à tous les citoyens birmans, en les invitant à s’assurer que leur nom se trouve sur les listes électorales et à se rendre dans les bureaux de vote le jour des élections, en soulignant que « la participation active des citoyens est essentielle dans toute démocratie ». « Voter est un droit fondamental. C’est non seulement un droit, mais aussi un devoir sacré. Cela fait partie de notre long pèlerinage vers la démocratie », a-t-il ajouté, en évoquant la transition démocratique entreprise depuis quelques années dans le pays. Dans un guide publié en dix points, le cardinal Bo a souligné qu’en tant que responsable religieux, il souhaitait recommander aux citoyens de sélectionner des candidats travaillant pour la paix et pour l’émancipation des sans-voix de façon démocratique, et défendant la justice économique et environnementale, dans un pays toujours secoué par les conflits internes. L’archevêque de Rangoun a ajouté que les conflits armés ont tué des milliers de personnes, entraînant plusieurs dizaines de milliers de personnes déplacées internes (IDP). « Nos grandes religions défendent la paix – je vous en conjure, votez pour la paix », a-t-il insisté.

« La Birmanie a besoin de dirigeants qui soient aussi serviteurs »

Le cardinal Bo, âgé de 72 ans, a invité les citoyens à sélectionner les candidats avec soin, et à éviter les complices de ceux qui ont ravagé les ressources du pays et qui ont appauvri la Birmanie. « Dans cette nation blessée, la paix ne sera possible que si les ressources du pays sont utilisées au service de tous, en particulier pour les pauvres et les communautés les plus marginales. » La Birmanie a été frappée par les guerres civiles depuis son indépendance, en 1948. Le cardinal Bo, dans son appel, a ajouté que le pays a besoin de dirigeants non seulement intelligents, mais qui soient également au service de la population et animés par « des valeurs essentielles d’honnêteté, d’intégrité et de transparence ». Il a poursuivi en soulignant que « le vrai pouvoir vient du service ». « La Birmanie a eu suffisamment de dirigeants forts. Elle a désormais besoin de leaders qui soient serviteurs. » Le cardinal birman a également appelé à choisir des candidats qui proposent un vrai programme de développement humain, afin d’éviter un gouvernement qui répète les erreurs des régimes précédents, qui ont négligé le développement du pays en pillant ses ressources. Le cardinal Bo a évoqué les souffrances du peuple birman, qui a connu la famine, les conflits internes et les déplacements, les migrations dangereuses et le manque d’accès à l’éducation. « Que ces élections amènent des combattants prêts à lutter contre tous ces fléaux. »

L’appel du cardinal Bo survient alors que 92 partis politiques sont en lice pour les 1 171 sièges des chambres basses et hautes du Parlement national et des législatures régionales et locales. Pour les observateurs, ces élections sont un test des réformes démocratiques entreprises, alors que le pays est en pleine transition démocratique après cinq décennies de régime militaire. Le cardinal Bo a également appelé les dirigeants du pays à autoriser les membres du clergé (toutes religions confondues) à voter, alors que la Constitution du pays les en empêche. La conseillère d’État Aung San Suu Kyi, de son côté, conserve un certain soutien populaire dans le pays, en particulier dans les régions où l’ethnie Bama (Birmans) est majoritaire, même si son statut d’icône de la démocratie a été ébranlé en Occident, en raison de son échec apparent à parler ouvertement contre les traitements infligés aux Rohingyas et à d’autres groupes ethniques minoritaires. Les généraux militaires gardent toujours un rôle influent dans la politique birmane, malgré la victoire écrasante du parti LND (Ligue nationale pour la démocratie), le parti fondé par Aung San Suu Kyi, aux élections de 2015. La Constitution de 2008 stipule en effet qu’un quart des sièges parlementaires soient réservés aux militaires. Le texte leur accorde également la gestion de trois ministères clé – les Affaires intérieures, la Défense et la Sécurité aux frontières.

(Avec Ucanews, Mandalay)


CRÉDITS

RfP Myanmar