Eglises d'Asie – Chine
Le cardinal Chow s’adresse aux catholiques hongkongais à quelques jours de la venue de l’archevêque de Pékin
Publié le 06/11/2023
Le pont que l’évêque de Hong-Kong cherche à construire avec la Chine continentale n’est pas pour lui une stratégie politique, mais il s’enracine dans la communion trinitaire sur laquelle repose toute l’Église. Un modèle de communion à imiter, en se faisant « tout à tous » pour aider Hong-Kong à surmonter ses blessures.
C’est le message que le nouveau cardinal Stephen Chow Sau-yan, évêque de Hong-Kong, a communiqué ce samedi 4 novembre. Il s’est adressé à la communauté catholique hongkongaise à l’occasion d’une célébration solennelle, durant laquelle le diocèse l’a accueilli à son retour de Rome après sa participation au Synode sur la synodalité, et après le Consistoire qui l’a créé officiellement comme cardinal.
Il a également pris la parole quelques jours avant un rendez-vous important pour l’Église en Chine et à Hong-Kong. Le mardi 14 novembre, Mgr Joseph Li Shan, archevêque de Pékin et président de l’Association patriotique des catholiques chinois, arrivera à Hong-Kong en réponse à une invitation du cardinal Chow lui-même, après la visite de ce dernier à Pékin en avril 2023 en tant qu’évêque de Hong-Kong.
En répondant aux questions des journalistes hongkongais sur son rôle dans les relations entre la Chine et le Vatican, le cardinal hongkongais a expliqué qu’il n’y avait pas d’hostilité entre les deux parties mais plutôt des malentendus et des préjugés. « Pour cette raison, mon rôle est d’écouter davantage et de parler clairement », a-t-il souligné. Dans son homélie, durant la célébration eucharistique, il a commenté le passage de l’Évangile au cours duquel Jésus rencontre une femme surprise en situation d’adultère (Jn 8, 1-11).
L’Église comme « un hôpital de campagne »
« En tant que disciples du Seigneur, serons-nous capables d’éviter de rejeter certains pécheurs qui frappent à la porte ? Est-ce que nous les traiterons avec respect ? Tout le monde est aimé du même amour par Dieu, parce que nous sommes tous créés dans son amour », a ajouté le cardinal Chow, en précisant que tous sont aimés de Dieu « quels que soient la race, l’âge, l’origine culturelle, le genre, la situation économique ou l’éducation des hommes, ou encore leurs convictions religieuses ou non-religieuses, leurs orientations politiques, sexuelles ou autres, qu’ils soient bons ou pécheurs… ».
À la communauté catholique à Hong-Kong, il a rappelé un appel du pape François qui souhaiterait que l’Église soit comme « un hôpital de campagne après une bataille », afin de « soigner les blessures tant spirituelles que physiques », afin d’être « ce pont d’amour pour le Seigneur et de travailler pour la réconciliation et la communion ». « Mes frères et sœurs, mes amis, certains m’ont demandé avec curiosité ce que le pape François m’a soupiré dans l’oreille après m’avoir passé l’anneau cardinalice et la barrette [durant le Consistoire du 30 septembre] », a ajouté l’archevêque de Hong-Kong.
Même à Hong-Kong, « beaucoup de groupes et d’individus sont séparés des autres »
« Eh bien il ne s’agissait pas de commérage, mais c’était à propos de la mission avec la Chine. Hong-Kong, de longue date, a joué un rôle significatif afin de relier l’Orient et l’Occident », a-t-il poursuivi. « L’Église catholique à Hong-Kong a également reçu la charge d’être une Église-Pont depuis le pape Jean-Paul II, en particulier pour faire le lien entre l’Église en Chine continentale et l’Église universelle. Pour nous, chrétiens, ces connexions sont comprises dans la lumière de la communion et basées sur la Sainte-Trinité et l’Eucharistie. Nous partageons un même amour, une même vie et un même corps. »
Cependant, en commentant les paroles de saint Paul – « Je me suis fait tout à tous » (1 Co 9) – le cardinal Chow a rappelé qu’en Chine continentale et même à Hong-Kong, « beaucoup de groupes et d’individus sont douloureusement séparés des autres et de leur société ». « Nous aimerions être mieux connectés les uns aux autres et devenir pleinement unis ». D’où son invitation à chacun de « faire quelques pas en avant afin de tendre la main à ceux qui sont loin de nous, aussi bien dans les mondes physiques et numériques ».
Afin de dépasser les tensions internes au sein de l’Église et de la société à Hong-Kong, il a évoqué l’expérience qu’il vient de vivre à Rome, en prenant pour modèle la première session générale du Synode : « Nous avons appris à échanger avec des participants dont les regards, sur certains sujets importants, étaient clairement différents des nôtres. Il y avait des divergences, que nous avons respectées. Mais les divergences ne nous ont pas empêchés de reconnaître des convergences sur lesquelles nous pouvions nous entendre », a-t-il assuré. « Par-dessus tout, nous avons appris à marcher ensemble pour un meilleur avenir, non seulement pour l’Église, mais pour toute l’humanité et notre maison commune. »
(Avec Asianews)
CRÉDITS
Asianews