Eglises d'Asie – Chine
Le cardinal Zen, archevêque émérite de Hong-Kong, libéré sous caution après une arrestation nocturne
Publié le 12/05/2022
Ce mercredi 11 mai, la police de la sécurité nationale de Hong-Kong a libéré sous caution le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, 90 ans, archevêque émérite de Hong-Kong, avec trois autres civils hongkongais. Ils avaient été arrêtés quelques heures plus tôt après avoir été accusés de « collusion avec des forces étrangères » pour leur association avec un ancien fonds humanitaire, créé afin d’aider les manifestants prodémocratie en 2019. Le cardinal Zen, après avoir été interrogé durant plusieurs heures au commissariat de Chai Wan, près de son lieu de résidence, a finalement quitté les lieux après sa libération sous caution, sans faire de commentaires auprès des médias.
Le Vatican a exprimé son inquiétude suite à l’arrestation. « Le Saint-Siège a appris avec inquiétude la nouvelle de l’arrestation du cardinal Zen et suit le développement de cette situation avec beaucoup d’attention », a déclaré Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Hong Kong Watch, une organisation britannique, a également réagi en déplorant les arrestations. « Nous condamnons ces arrestations, qui sont un signe clair que Pékin a l’intention de renforcer sa répression des libertés fondamentales à Hong-Kong. »
Le cardinal Zen, connu pour sa défense du mouvement local prodémocratie, avait été arrêté de nuit avec quatre civils hongkongais dont Margaret Ng, ancienne membre du groupe prodémocratie au Conseil législatif de Hong-Kong (de 1995 à 2012), et la chanteuse Denise Ho, égérie des manifestations à Hong-Kong. Tous trois étaient liés au Fonds de secours humanitaire « 612 Humanitarian Relief Fund », qui a aidé plusieurs milliers de manifestants en 2019. Avant la fermeture du Fonds en octobre dernier, le cardinal Zen était l’un de ses administrateurs. Les autorités les ont arrêtés dans une rafle nocturne, en évoquant une possible violation de la loi draconienne sur la sécurité nationale, imposée par Pékin durant l’été 2020.
Accusations de « collusion » avec des forces étrangères
Le cardinal Zen a été depuis longtemps dans le viseur du gouvernement chinois. En janvier, la presse hongkongaise pro-Pékin a publié quatre articles l’accusant d’avoir incité les étudiants à s’élever contre une série de mesures gouvernementales en 2019. Le cardinal hongkongais était aussi dénoncé par Pékin pour sa critique ouverte du contrôle exercé par le Parti communiste chinois sur les communautés religieuses. Il s’était également plaint du retrait de plusieurs croix d’églises en Chine continentale.
Durant des années, il a célébré des messes annuelles en mémoire des jeunes martyrs de la place Tiananmen, assassinés par les autorités chinoises à Pékin le 4 juin 1989, pour avoir manifesté pour la liberté et la démocratie. En tant que défenseur des libertés démocratiques et religieuses à Hong-Kong et en Chine continentale, le cardinal Zen a souvent assisté aux procès de personnes arrêtées pour des motifs politiques, ou de militants prodémocratie emprisonnés pour avoir violé la législation sur la sécurité nationale.
(Avec Asianews)