Eglises d'Asie

Le cardinal Ranjith appelle à faire toute la vérité sur les attentats du 21 avril

Publié le 03/08/2019




Le cardinal Malcom Ranjith, archevêque de Colombo, a refusé de rencontrer les candidats aux élections présidentielles, à moins qu’ils s’engagent à rendre justice aux victimes des attentats du dimanche de Pâques, qui ont fait 263 victimes. Le cardinal Ranjith dénonce le fait que plus de trois mois après les attentats du 21 avril, les résultats des enquêtes officielles, notamment censées trouver les organisateurs des attaques, n’ont pas été rendus publics. « Je ne rencontrerai aucun candidat à la présidence, qu’il représente le gouvernement, l’opposition ou tout autre parti politique, tant que ces questions n’ont pas été résolues », a déclaré l’archevêque de Colombo lors d’une conférence de presse, organisée le 31 juillet.

Dans une conférence de presse organisée le 31 juillet à Colombo, le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, a appelé à faire toute la vérité sur les attentats du dimanche de Pâques, alors que tous les rapports officiels des divers comités, commissions et agences ont été tenus secrets. Le cardinal critique aussi bien le gouvernement actuel que les chefs de file de l’opposition. Il appelle à rendre publiques les conclusions des enquêtes qui ont déjà été menées, et à lancer de nouvelles enquêtes « impartiales et transparentes ». Le 25 juillet, Ravi Seneviratne, chef du département des enquêtes criminelles, a déclaré que les enquêteurs n’ont pas encore trouvé de « liens directs » avec l’État islamique. Deux jours après les attentats, le groupe terroriste a publié une vidéo revendiquant la responsabilité des attaques via l’agence de presse Amaq, un des organes de propagande de l’Etat islamique. Toutefois, les autorités sri-lankaises attribuent les attaques à deux groupes islamistes locaux (National Thowheed Jamath et Jamaat-ul-Mujahideen), qui seraient liés à des puissances étrangères. Pour le cardinal, « notre priorité n’est pas l’élection présidentielle, mais de déterminer la vérité et de rendre justice ». « En disant cela, je ne prétends pas rejeter totalement les élections. Il est nécessaire de voter, mais pour le moment, les victimes des massacres attendent toujours et veulent comprendre ce qui leur est arrivé », a-t-il ajouté.

L’Église catholique continue d’aider les blessés et les familles des victimes de toutes les manières possibles, afin de soulager leurs souffrances. Ces gens ne veulent pas être indemnisés, ils veulent juste voir les coupables poursuivis en justice, explique le cardinal Ranjith. « Les gens qui sont derrière les attaques et ceux qui ont ignoré consciemment les avertissements des services de renseignements sont toujours en liberté », dénonce-t-il. De nombreuses voix dans le pays suspectent l’implication de plusieurs personnalités politiques, et continuent de demander des explications alors que des informations sur les attaques imminentes, qui avaient été données par les services de renseignement indiens, n’avaient pas été prises en compte. Suite aux attentats, le secrétaire à la Défense Hemasiri Fernando a démissionné, et le chef de la police Pujitha Jayasundara a été suspendu. Le cardinal Ranjith insiste en demandant que si et quand une commission impartiale sera formée, le président, le Premier ministre et l’opposition devront s’unir autour d’un même objectif, rendre justice aux victimes. Mais il craint que le besoin de déterminer l’ampleur réelle de l’implication de groupes ou d’individus dans le pays soit éclipsé par les campagnes électorales pour les élections nationales, qui sont prévues en décembre. Pour l’instant, les principaux chefs de file de l’opposition ne sont pas parvenus à exercer une pression suffisante sur le gouvernement à ce sujet, assure le cardinal Ranjith, qui cite d’autres cas dans le passé où la justice n’a pas été rendue, notamment durant des manifestations contre le gouvernement en 2011 et 2013, au cours desquelles plusieurs personnes, dont des catholiques, ont été blessées ou tuées. Le cardinal Ranjith souligne qu’il n’est pas engagé en politique. « Je suis toujours prêt à défendre les droits de mes compatriotes », insiste-t-il simplement. Sur 21 millions d’habitants, la population du Sri Lanka compte 70 % de bouddhistes, 15 % d’hindous, 9 % de musulmans et 7 % de chrétiens.

(Avec Ucanews, et Asianews, Colombo)


CRÉDITS

Niranjani Roland / Ucanews