Eglises d'Asie – Sri Lanka
Le cardinal Ranjith critique le projet de loi sur le 22e amendement de la Constitution
Publié le 08/11/2022
Le cardinal Malcom Ranjith, archevêque de Colombo, a critiqué un nouveau projet de réforme de la Constitution initié par l’ancien président Gotabaya Rajapaksa, en y voyant une tentative de faire taire les critiques du gouvernement. Le cardinal sri-lankais a dénoncé cette situation lors d’un rassemblement organisé à Negombo, le 3 novembre pour la Journée mondiale de l’habitat.
À cette occasion, il a pris la parole en affirmant que le comité d’experts nommé par Rajapaksa a proposé cette ébauche de nouvelle Constitution sans consultation de la population, avant de la remettre au président actuel. « J’ai aussi reçu une copie du projet de Constitution, selon laquelle toute personne exprimant des plaintes à l’encontre du gouvernement ou une agence gouvernementale est passible d’une peine d’au moins vingt ans de prison », a-t-il protesté.
Il a poursuivi en soulignant comment la nouvelle Constitution empêcherait les critiques du gouvernement d’approcher les forums internationaux comme les Nations unies pour y faire des réclamations. En mars dernier, le cardinal Ranjith, en tant que représentant de l’Église catholique au Sri Lanka, a rencontré Michelle Bachelet, ancienne Haut-Commissaire aux droits de l’homme, afin d’aborder, entre autres, les enquêtes en cours sur les attentats du dimanche de Pâques 2019.
L’Église locale estime que la lenteur des enquêtes retarde la justice due aux 269 victimes des attaques et à leurs familles. Le cardinal, critique sévère des gouvernements précédents et actuels, dont il dénonce l’incapacité d’identifier et de poursuivre les responsables des attentats de 2019, a menacé maintes fois de porter l’affaire devant la communauté internationale. « Les dirigeants qui ne peuvent pas résoudre les problèmes de gens devraient rentrer chez eux, et les gens ne devraient pas voter pour eux », a maintenu l’archevêque de Colombo.
Le Conseil des ministres du Sri Lanka a approuvé le projet de loi
Shirani Nirupama, engagée pour les droits de l’homme au Sri Lanka tient à saluer les efforts du cardinal Ranjith pour sensibiliser la population sur la question de la réforme de la Constitution. « Par cette nouvelle Constitution, certaines familles politiques espèrent se maintenir au pouvoir pour longtemps », explique-t-elle.
Elle accuse également le régime précédent de Rajapaksa d’être en partie responsable de la situation économique, politique et sociale de l’île. « Beaucoup de problèmes rencontrés par le peuple aujourd’hui, entre la corruption, l’incompétence, la mauvaise gestion et les mauvaises décisions économiques, peuvent être imputés au fait que tous les pouvoirs ont été concentrés entre les mains d’une personne », poursuit-elle.
Le Conseil des ministres du Sri Lanka a approuvé le projet de loi concernant le 22e amendement de la Constitution. Ce dernier prévoit notamment de renforcer le pouvoir du Parlement par rapport au président exécutif, face à la crise économique que traverse le pays. L’État insulaire subit la pire crise économique depuis son indépendance en 1948, avec une grave pénurie de biens essentiels (dont des produits alimentaires, des médicaments, du gaz et du carburant) qui a déclenché un vaste mouvement protestataire accusant une mauvaise gestion de la situation et un manque de transparence de la part des principaux dirigeants.
(Avec Ucanews)