Eglises d'Asie

« Le dialogue est lent, mais il continue », selon le pape François

Publié le 20/09/2022




Alors qu’il rentrait d’une visite de trois jours au Kazakhstan, le pape François a répondu à des questions concernant l’accord sur la nomination des évêques en Chine, tandis que le procès du cardinal Zen s’est ouvert ce lundi à Hong Kong.

« Une commission bilatérale Vatican-Chine poursuit ses efforts de dialogue », a déclaré le pape François aux journalistes le 16 septembre, à bord d’un avion entre Nur Sultan et Rome, après une visite officielle de trois jours au Kazakhstan, où se trouvait au même moment le chef de l’Etat chinois Xi Jinping. « Le dialogue est lent, parce que le rythme chinois est lent. »

Les travaux de la commission visent à renouveler un accord sur la nomination des évêques chinois, signé pour la première fois en septembre 2018 à titre expérimental, puis renouvelé pour deux années supplémentaires en octobre 2020, qui expire le mois prochain.

L’accord, dont le contenu exact n’a pas été publié, permettrait au Vatican d’approuver ou de rejeter les évêques sélectionnés au préalable par le régime communiste.

« Il faut un siècle pour comprendre la Chine », a déclaré le pape François, en réponse à une question d’un journaliste sur la lenteur des progrès de la commission. « Ils ont une éternité pour avancer. C’est un peuple d’une patience infinie », a-t-il ajouté, précisant que « le chemin de la compréhension mutuelle passe par des discussions avec Pékin ». « Il n’est pas facile de comprendre la mentalité chinoise, mais il faut la respecter » a-t-il conclu.

Des fonctionnaires du Vatican – principalement de la Secrétairerie d’État et du Dicastère pour l’évangélisation des peuples – ont visité la Chine entre le 28 août et le 2 septembre, selon un rapport du journal italien Avvenire. Ils ont rencontré l’évêque Melchiore Shi Hongzhen, un membre de l’Église clandestine âgé de 92 ans, ordonné sans l’approbation de Pékin.

Le Vatican œuvre pour l’unification de l’Église en Chine, en fusionnant l’Église clandestine et l’Église contrôlée par l’État, un mouvement auquel s’opposent les dirigeants de l’Église clandestine et ses partisans, comme le cardinal Zen de Hong Kong, aujourd’hui à la retraite.

L’accord Vatican-Chine encourage le clergé et les laïcs de l’Église clandestine à rejoindre l’Église catholique sous le contrôle du gouvernement, mais les dirigeants de l’Église clandestine affirment que l’accord vise à leur suppression complète par le régime chinois.

Le cardinal Zen, qui s’exprime souvent contre les violations des droits de l’homme commises par Pékin à Hong Kong et en Chine, comparaît devant un tribunal de Hong Kong depuis le 19 septembre, pour avoir fait partie d’un trust accusé de financer illégalement les frais médicaux et juridiques de militants pro-démocratie à Hong Kong. Arrêté en mai puis libéré peu après à la suite d’un tollé mondial, son procès doit durer du 19 au 23 septembre.

Interrogé sur le cardinal Zen, le pape François a prudemment reconnu que le prélat salésien de 90 ans devait comparaître devant un tribunal cette semaine. « Le cardinal Zen est un ancien qui va être jugé ces jours-ci, n’est-ce pas ? Il dit ce qu’il ressent, sachant qu’en Chine il y a des limites [à la liberté religieuse] », a déclaré le pape sans autre commentaire.

Selon les observateurs du Vatican, la réticence du pape François à s’exprimer contre la répression religieuse en Chine s’explique par sa forte volonté d’établir une relation de travail avec le pays et d’aboutir à des accords concrets.