Eglises d'Asie

Le gouvernement birman appelé à mettre fin aux coupures Internet imposées dans les zones de conflits

Publié le 20/06/2020




Depuis janvier 2019, selon un nouveau rapport des Nations unies, plus de 78 000 personnes déplacées internes (IDP) se sont réfugiées dans 186 sites des États de Rakhine et de Chin à cause des conflits internes. En raison des coupures imposées par le gouvernement birman sur Internet et les réseaux mobiles dans les zones de conflits, de nombreux villages n’ont pas pu accéder aux informations sur la crise sanitaire et les mesures de quarantaine. Selon Human Rights Watch et des organisations locales, ces coupures ont entravé les distributions d’aide et les communications avec leurs équipes sur le terrain. Les médias locaux ont également été fortement affectés par les mesures.

Le 21 mai, une équipe du diocèse de Lashio distribue des colis alimentaires aux personnes dans le besoin dans l’État Shan.

Les organisations de défense des droits de l’homme en Birmanie ont demandé au gouvernement de lever les restrictions sur Internet dans les États Rakhine (Arakan) et Chin, affectant plusieurs millions de personnes vivant dans une zone de conflits. Les autorités ont commencé, dès juin 2019, par imposer une restriction sur les connexions internet mobiles dans huit cantons de Rakhine et un de Chin. Entre septembre 2019 et février 2020, elles ont été levées dans huit cantons sur huit avant d’être à nouveau imposées. Le 2 mai, les autorités ont levé les restrictions à Maungdaw, dans le nord de Rakhine. En raison de cette coupure d’Internet et d’autres restrictions concernant les accès aux aides humanitaires, certains villages n’ont pas été mis au courant de la crise sanitaire, selon l’organisation Human Rights Watch (HRW). Des groupes locaux affirment que les coupures ont compliqué la coordination des distributions d’aides aux communautés affectées par les conflits internes, et la communication avec les équipes sur le terrain afin d’assurer leur sécurité. Linda Lakhdhir, conseillère juridique d’HRW en Asie, appelle la Birmanie à mettre fin immédiatement à ce qui est devenu « la plus longue coupure au monde imposée par un gouvernement sur Internet ». « Avec les conflits armés entre les militaires birmans et l’Armée d’Arakan dans l’État de Rakhine, en pleine pandémie, il est essentiel que les civils puissent accéder aux informations dont ils ont besoin pour être en sécurité », ajoute-t-elle.

Selon HRW, l’accès à Internet est primordial pour que la population locale puisse accéder aux informations sur le Covid-19 et les mesures de quarantaine. Certains groupes humanitaires locaux craignent également que le manque d’accès à l’information empêche d’alerter sur des pénuries en eau et en nourriture dans certains villages de Chin et de Rakhine. Dans certaines communautés, des familles n’ont pas pu envoyer des paiements numériques ni contacter des proches vivant dans les zones de conflits. Depuis janvier 2019, selon un nouveau rapport des Nations unies, plus de 78 000 personnes déplacées internes (IDP) se sont réfugiées dans 186 camps situés dans les États de Rakhine et de Chin en raison des conflits. Les restrictions sur Internet ont également affecté les médias locaux, les empêchant d’enquêter et d’informer sur la situation dans les zones de conflits. « Même quand nos reporters se rendent là-bas et qu’ils interrogent des sources sûres, ils ne peuvent rien nous envoyer à cause des coupures », déplore Aung Marm Oo, rédacteur en chef du Development media group, cité par HRW. De plus, entre le 19 mars et le 11 mai, le ministère des Transports et des Communications a ordonné aux fournisseurs d’accès à Internet et aux opérateurs de bloquer 2 172 sites Internet spécifiques, dont 92 sites ont été accusés de publier de fausses informations. Parmi les sites bloqués on compte notamment des sites d’information comme Development media group, Narinjara, Karen News ou Voice of Myanmar. « Le gouvernement doit lever les coupures, débloquer les sites concernés et amender la loi sur les télécommunications afin de respecter les normes internationales », insiste Linda Lakhdhir.

(Avec Ucanews, Mandalay)


CRÉDITS

Bureau des communications sociales du diocèse de Lashio