Eglises d'Asie

Le gouvernement chinois cherche à renforcer son contrôle sur les religions officielles

Publié le 13/09/2019




Un universitaire hongkongais reconnu affirme que le gouvernement chinois cherche à renforcer encore davantage son contrôle sur les groupes religieux en Chine. Le professeur Ying Fuk-tsang, directeur de la Divinity School du Chung Chi College, au sein de l’université chinoise de Hong-Kong, s’est longuement confié sur le document consultatif qui a été publié le 28 août par l’Administration d’État pour les Affaires religieuses (SARA) du gouvernement chinois. Le document souligne plusieurs propositions sur la façon dont les groupes religieux enregistrés pourraient agir à l’avenir, en appelant le public à soumettre leurs commentaires avant le 27 septembre.

Pour le professeur Ying Fuk-tsang, de l’université chinoise de Hong-Kong, les nouvelles mesures mentionnées dans le nouveau document consultatif de l’Administration d’État pour les Affaires religieuses (SARA) ne sont rien d’autre qu’une tentative des autorités chinoises de renforcer leur contrôle sur les religions officielles en Chine. Le document publié par SARA, intitulé Mesures pour l’administration des groupes religieux, explique franchement que les autorités cherchent à réguler l’administration des groupes religieux et les guider activement pour les adapter à la société socialiste chinoise, d’une façon qui favorise leur bon développement. Le chercheur estime que les autorités essaient de définir de nouvelles méthodes de régulation, comme le montrent les révisions des Régulations sur les Affaires religieuses et des Régulations sur l’administration des organisations sociales, adoptées en 2016. Le professeur Ying affirme que les nouvelles régulations n’auront aucun impact sur les organisations religieuses souterraines, celles-ci n’ayant aucun statut officiel.

L’article 5 du document souligne que les groupes religieux doivent « suivre la direction du Parti communiste de Chine », « poursuivre la sinisation des religions […] et pratiquer les valeurs socialistes fondamentales ». Ces exigences correspondent aux points essentiels imposés par le président Xi Jinping sur l’administration des Affaires religieuses. Le document consultatif, affirme le professeur Ying, ajoute que les groupes religieux doivent accepter « la supervision et l’administration » du département des Affaires religieuses (article 6). Cependant, l’universitaire se demande ce qui nécessite particulièrement la « supervision et l’accord » du gouvernement ; il mentionne notamment la régulation de la comptabilité financière des groupes religieux, qui pourrait être renforcée. Le chercheur ajoute que le document montre que les autorités présentent les groupes religieux davantage comme des corps politiques que comme des institutions civiles. Il poursuit en affirmant que le document cherche à imposer l’administration des groupes religieux par le parti communiste chinois à tous les niveaux. « Tout est sous la direction et le contrôle du parti », explique-t-il. Dans le passé, SARA a adopté diverses régulations sur l’enregistrement du personnel des groupes religieux ; pour le professeur Ying, c’était une autre façon d’assurer le contrôle du parti. Une réglementation datant de 1991 stipule ainsi qu’« aucuns groupes religieux similaires ou identiques ne peuvent être établis dans la même région administrative ». Bien que ce détail ne soit pas mentionné dans le nouveau document, des exigences similaires sont toujours en place dans le texte sur les Régulations sur l’enregistrement et l’administration des organisations sociales, révisé en 2016. « Il est donc toujours interdit de fonder des groupes religieux autres que les groupes patriotiques », conclut le professeur Ying. En conclusion, ce dernier estime que le document consultatif est une tentative insolente de renforcer le contrôle de Pékin sur les groupes religieux, et de refléter le contrôle de Xi Jinping sur toute la société civile.

(Avec Ucanews, Hong-Kong)


CRÉDITS

Ucanews