Eglises d'Asie

Le gouvernement civil demande aux militaires de ne pas financer les moines extrémistes

Publié le 04/07/2019




Le ministère des Affaires religieuses et de la Culture a dénoncé un don financier fait récemment par un membre des forces armées birmanes à la Fondation Buddha Dhamma Prahita, un groupe bouddhiste nationaliste illégal anciennement connu sous le nom Ma Ba Tha, estimant qu’il s’agit d’un acte radicalement opposé aux décisions de la Sangha Maha Nayaka, la plus haute autorité du clergé bouddhiste en Birmanie. La déclaration du ministère, publiée le 27 juin, affirme que le don de 30 millions de kyats (environ 600 dollars US) – déclaré illégal par le comité de la Sangha – est considéré comme « une action contraire aux décisions du comité ».

Le 17 juin, le général Thet Pone a fait un don de 30 millions de kyats au groupe Buddha Dhamma Prahita au cours de son assemblée annuelle, au sein des quartiers généraux de l’organisation, basés dans le canton d’Insein, dans le nord de Rangoun. La semaine dernière, le porte-parole de l’armée, le brigadier général Zaw Min Tun, a défendu ce don en affirmant que le groupe bouddhiste en question est nécessaire dans le pays, et qu’il doit être soutenu au nom du bouddhisme. Le groupe, anciennement connu sous le nom Ma Ba Tha, avait changé de nom en mai 2017 suite à une décision du comité de la Sangha qui demandait au groupe de cesser toutes ses activités à moins d’être poursuivi par les lois laïques et religieuses. Les attaques violentes du groupe contre les autres religions ont été la source de conflits ethniques dans le pays, en s’opposant aux efforts pour faire respecter l’État de droit. En juillet 2018, les autorités bouddhistes ont à nouveau déclaré la fondation illégale, en interdisant toutes les activités commises sous un nouveau nom. Après la rencontre annuelle du groupe, ce dernier a publié un communiqué dans lequel il dénonce le gouvernement birman pour avoir poursuivi U Wirathu, un moine controversé surnommé par certains le « Ben Laden bouddhiste ». Depuis, ce dernier se cache alors qu’un mandat d’arrêt a été délivré contre lui en mai. La déclaration du ministère birman souligne que l’appel de la fondation bouddhiste à « rejeter l’administration actuelle par tous les moyens nécessaires ressemble à une menace appelant à détruire un gouvernement démocratique ». U Wirathu et ses partisans accusent le gouvernement civil de favoriser les musulmans et de ne pas protéger les traditions et la culture bouddhiste. Pour cette raison, ils s’opposent aux tentatives de changer la Constitution pro militaires du pays. De son côté, la Tatmadaw (nom officiel de l’armée birmane), fournit un soutien politique et financier à quelques-uns des groupes bouddhistes les plus extrémistes. Le bouddhisme birman suit principalement la tradition Theravada. Il est pratiqué par environ 89 % de la population, particulièrement religieuse comme le révèle le nombre de moines (500 000) et de moniales (75 000) bouddhistes, sans compter les sommes investies dans la religion.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Simon Lewis / Ucanews