Eglises d'Asie – Malaisie
Le gouvernement malaisien dénoncé pour ses lois répressives
Publié le 05/01/2019
L’ONG Human Rights Watch a appelé le gouvernement malaisien à abroger les lois qui permettent les emprisonnements sans procès. L’organisation a exprimé sa déception suite aux propos du ministre malaisien de l’intérieur, Muhyddin Yassin, qui a déclaré que le gouvernement allait réformer, plutôt qu’abroger la loi sur la prévention de la criminalité de 1959 (Prevention of Crime Act) et la loi de 2012 sur les atteintes à la sécurité (mesures spéciales) – SOSMA – qui permettent les détentions sans procès. Le ministre a annoncé la décision du gouvernement le 30 décembre, sans fournir de détails sur les amendements proposés. Phil Robertson, directeur adjoint d’Human Rights Watch pour l’Asie, dénonce la décision. « Les gouvernements malaisiens successifs ont tous promis d’abroger les lois répressives qui permettent les détentions sans procès, avant de revenir sur leur décision sous la pression des forces de l’ordre malaisiennes », explique Phil Robertson. Le nouveau gouvernement malaisien doit respecter son programme de réformes et abolir ces lois une fois pour toutes, demande-t-il.
La loi de 1959 contient toutes les clauses abusives contenues dans l’ancienne loi sur la sécurité intérieure (ISA), abrogée en 2012, souligne Human Rights Watch dans un communiqué. La loi de 1959 autorise la police à détenir les suspects jusqu’à 59 jours sans aucun jugement. Quant à l’ISA, remplacée en 2012 par la loi sur les atteintes à la sécurité, elle permet à un comité nommé par le gouvernement d’emprisonner un suspect sans procès jusqu’à deux ans, renouvelables indéfiniment, d’imposer une surveillance électronique et d’autres restrictions telles que la liberté de mouvement et d’association, sans enquête judiciaire. « Permettre à un comité nommé par le gouvernement d’ordonner une détention indéterminée sans jugement ni procès, c’est une porte ouverte à tous les abus », regrette Phil. « La loi sur la prévention de la criminalité crée des conditions qui encouragent la torture et qui privent les détenus de leur droit à se défendre ou de recevoir des soins. » La loi de 2012 sur les atteintes à la sécurité (mesures spéciales) autorise la police à une période de détention de 28 jours pour une série « d’atteintes à la sécurité », sans l’accord d’un tribunal. Pour les premières 48 heures, les détenus peuvent se voir priver de l’accès à un avocat ou de contacter leur famille, ce qui augmente sérieusement les risques d’abus, poursuit Human Rights Watch. Le gouvernement précédent a ainsi eu recours à cette loi pour arrêter Maria Chin Abdullah, alors leader du mouvement anti-corruption Bersih, la veille d’une manifestation majeure. Elle a été détenue pendant onze jours.
(Avec Ucanews)
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