Eglises d'Asie

Le gouvernement thaïlandais adopte un nouveau décret sur la reconnaissance officielle des paroisses catholiques

Publié le 30/06/2021




Le 2 juin, le gouvernement thaïlandais a adopté un nouveau décret permettant au Premier ministre Prayuth Chan-ocha de créer une commission chargée de reconnaître les paroisses catholiques. Pour Chainarong Monthienvichienchai, porte-parole de la Conférence épiscopale, alors que l’Église locale s’est développée en 112 ans, le contexte juridique est resté inchangé. Bien que l’adoption d’un processus complexe suscite différentes réactions parmi les fidèles, certains espèrent que la nouvelle loi permettra de répondre aux besoins de la communauté.

Début juin, le gouvernement de Bangkok a publié un nouveau décret sur la reconnaissance officielle des nouvelles paroisses.

Le 2 juin, le gouvernement thaïlandais a publié un nouveau décret qui donne au Premier ministre, le général Prayuth Chan-ocha, le pouvoir de créer une commission spéciale chargée de reconnaître officiellement les paroisses catholiques. Le décret a été rendu public ces derniers jours. Actuellement, la Thaïlande compte moins de 400 000 catholiques pour 70 millions d’habitants. À ce jour, très peu de paroisses catholiques thaïlandaises ont été reconnues officiellement par les autorités. Chainarong Monthienvichienchai, porte-parole de la Conférence épiscopale thaïlandaise, explique que « depuis 112 ans, l’Église en Thaïlande a grandi et s’est développée dans le cadre d’une ancienne loi qui reconnaissait la mission catholique de Bangkok comme une entité légale, autorisée à posséder des terres et des écoles ». « Mais depuis, l’Église locale a évolué alors que son statut juridique est resté le même, et il est devenu nécessaire de changer cela », poursuit-il. Ses propos trahissent un certain pragmatisme, mais aussi de l’optimisme face à la possibilité que la nouvelle loi puisse permettre de protéger et d’accélérer la fondation de nouvelles paroisses et la construction de nouvelles églises dans le pays.

Les fidèles partagés face à un processus complexe

La Thaïlande traverse actuellement une période sociale, politique et économique tendue – un contexte aggravé par la pandémie, qui n’aide pas à trouver des solutions à des problèmes restés en suspens depuis longtemps. Le nouveau décret présente une série de critères pour la création de nouvelles paroisses. Ces dernières doivent avoir un prêtre résident capable d’assumer ses fonctions religieuses. Celui-ci doit vivre sur place, et la nouvelle église doit être située à au moins 20 kilomètres des autres paroisses catholiques. Au moins 200 chrétiens doivent vivre dans le quartier, et ces derniers doivent être capables de soutenir leur paroisse. Dans certaines circonstances, un diocèse peut demander que certains critères soient levés (notamment concernant le prêtre résident et le nombre minimum de fidèles). Une fois que la commission a donné son feu vert, la proposition de fondation d’une nouvelle paroisse est envoyée au ministère de la Culture, qui la présente au cabinet. Si ce dernier l’approuve, le ministre prépare un décret officiel autorisant la nouvelle paroisse. Tous les ans, le département des Religions doit présenter une liste de toutes les paroisses du pays (avec les adresses, les biens immobiliers correspondants et les prêtres résidents).

Sous le nouveau décret, les diocèses thaïlandais ont deux ans à compter de son application pour demander la reconnaissance des paroisses qui ne sont pas encore autorisées officiellement. Ce processus complexe et ses contraintes ont suscité différentes réactions parmi les fidèles, même si certains espèrent que cela permettra de répondre aux besoins de la communauté catholique. Chainarong souligne que « le développement de l’Église thaïlandaise a conduit à la création de nouveaux diocèses, à la construction de nouveaux lieux de culte et de nouveaux bâtiments paroissiaux, ainsi qu’au lancement de plus de 300 initiatives éducatives ; pourtant, beaucoup de ces institutions n’ont pas encore été reconnues officiellement par l’État ». Il ajoute que la loi actuelle a été rédigée à une époque révolue. « Il n’est pas surprenant que nous ayons besoin de prendre de nouvelles mesures qui prennent en compte la situation actuelle, qui assurent une plus grande stabilité et qui garantissent l’avenir », ajoute-t-il. Pour le porte-parole, les gouvernements thaïlandais successifs ont été lents à appliquer de nouvelles lois. « C’est encore plus vrai quand, comme dans le cas présent, il est nécessaire de prendre en compte des questions qui semblent peu importantes en apparence, mais qui peuvent demander de longues négociations entre les représentants du gouvernement et la Conférence épiscopale. »

(Avec Asianews)

Crédits Chainwit.