Eglises d'Asie

Le gouvernement thaïlandais appelé à ne pas renvoyer les réfugiés birmans à la frontière

Publié le 06/10/2022




Le 4 octobre, le Réseau européen Karen a appelé les Nations unies et la communauté internationale à pousser la Thaïlande à cesser de renvoyer les réfugiés birmans dans leurs régions en conflit. Le groupe a notamment évoqué le principe de non-refoulement inscrit dans une nouvelle loi anti-torture votée par le gouvernement thaïlandais le 14 août dernier. Depuis le coup d’État de 2021, plus de 20 000 réfugiés birmans sont entrés en Thaïlande selon un rapport récent du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Myawaddy, dans le sud-est de la Birmanie, dans l’État Karen. La ville située à la frontière avec la Thaïlande, est un point de passage important entre les deux pays.

Plusieurs organisations ont appelé les autorités thaïlandaises à ne pas renvoyer les réfugiés birmans de l’autre côté de la frontière, dans les zones en conflit de l’État Karen. Selon des militants pour les droits des réfugiés, le 30 septembre dernier, un groupe d’étudiants qui s’était abrité côté thaïlandais a dû retourner en Birmanie, en traversant la rivière Moei en crue. L’un des bateaux utilisés a touché un autre bateau en traversant et a failli couler. Les étudiants à bord ont été forcés de nager pour s’en sortir malgré les forts courants, une expérience traumatisante pour les jeunes réfugiés.

Souvent, les villageois renvoyés de force par les autorités thaïlandaises n’osent pas rentrer chez eux et préfèrent rester sur les bords de la rivière. Une vidéo a été diffusée récemment sur les réseaux sociaux, montrant plusieurs dizaines de personnes sur un bateau sous la pluie, alors que des officiers thaïlandais les forçaient à repasser la frontière. Parmi eux, beaucoup de villageois, dont des enfants, des personnes âgées et des malades, manquent de nourriture et de médicaments et sont particulièrement exposés aux fortes pluies et aux inondations dans la région.

« Les agences des Nations unies et les gouvernements internationaux doivent interpeller les autorités thaïlandaises, publiquement et en privé, afin de les persuader de cesser de forcer les réfugiés à retourner dans des zones de conflits », a demandé Nant Helen Buhtoo, coresponsable du Réseau européen Karen, le 4 octobre dans un communiqué. Le groupe a appelé la Thaïlande à respecter les normes internationales des droits de l’homme, dont le principe de non-refoulement inscrit dans une nouvelle loi anti-torture votée le 14 août dernier par le pays, et à adopter et ratifier la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.

Plus de 20 000 réfugiés ont passé la frontière depuis février 2021

Depuis le coup d’État du 1er février 2021, plus de 20 000 réfugiés sont entrés en Thaïlande pour fuir les combats en Birmanie, selon un rapport récent du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. De son côté, l’organisation Refugees International (RI) a appelé la Thaïlande à autoriser les groupes humanitaires à franchir la frontière pour envoyer des aides en Birmanie, et à protéger les réfugiés fuyant les violences. « Les pays voisins doivent absolument assurer la sécurité des personnes en fuite en évitant de les pousser à rentrer chez eux et en permettant aux agences de l’ONU et aux ONG locales et internationales d’accéder aux nouveaux réfugiés », a souligné le groupe RI dans un rapport publié en juillet.

Les combats se sont intensifiés entre l’armée et les groupes rebelles dans les États Chin, Sagaing, Magway, Karen et Kayah, en particulier dans le sud-est du pays, longeant la frontière thaïlandaise. Au moins 150 000 personnes ont déjà été déplacées rien que dans l’État Karen, où les réfugiés ont besoin d’un toit et d’aide alimentaire et médicale, selon les organisations caritatives. De nombreuses communautés Karen à travers le monde ont appelé à mettre en place des sanctions contre les sociétés birmanes ou étrangères impliquées dans la distribution de carburant aux militaires.

Dans l’est du pays, des combats ont également eu lieu ; ainsi, le 27 mars 2021, la région a subi ses premières frappes aériennes depuis vingt ans. L’État Karen, qui compte une importante communauté chrétienne, a connu plus de 60 ans de conflits entre les militaires et l’Armée Karen de libération nationale, avec plus de 100 000 réfugiés au fil des ans, dont une majorité appartenant à l’ethnie Karen et déplacée dans des camps situés le long de la frontière thaïlandaise.

On compte environ 5 millions de Karens en Birmanie pour 54 millions d’habitants ; ils forment le troisième plus grand groupe ethnique après les Bamars et les Shans. La majorité des Karens, également connus sous le nom « Kayin », pratiquent le bouddhisme theravada, tandis que près de 15 % d’entre eux sont chrétiens. Beaucoup de membres du groupe ethnique étaient animistes quand les missionnaires chrétiens sont arrivés au XIXe siècle.

(Avec Ucanews)