Eglises d'Asie – Thaïlande
Le gouvernement thaïlandais envisage d’alléger les restrictions d’entrée dans le pays pour les travailleurs migrants
Publié le 11/11/2021
Le gouvernement thaïlandais envisage d’alléger les restrictions d’entrer dans le pays pour les travailleurs migrants issus des pays voisins, afin de faire face à un flux constant d’entrées illégales en Thaïlande. Plusieurs milliers de migrants birmans, laotiens et cambodgiens traversent les frontières chaque semaine, avec l’aide de trafiquants et de réseaux de contrebande. Plus de 30 000 migrants, dont des femmes et des enfants, ont été reconduits à la frontière cette année, selon les statistiques officielles, même si les véritables chiffres d’entrées illégales en Thaïlande seraient sans doute bien plus élevés. Rien que la semaine dernière, plus de 2 800 migrants ont été arrêtés pour avoir traversé la frontière thaïlandaise illégalement.
Même si les autorités locales ont renforcé les patrouilles aux frontières, un cruel manque de main-d’œuvre dans des secteurs clés permet aux travailleurs migrants de trouver rapidement un travail dès leur arrivée. Le ministre du Travail, Suchart Chomklin, a réagi en déclarant que la Thaïlande autorisera davantage des travailleurs migrants à entrer légalement dans le pays depuis la Birmanie, le Laos et le Cambodge, dans le cadre d’accords signés récemment avec les pays voisins. Le ministre a ajouté qu’il « n’ignore pas le manque de travailleurs migrants dans plusieurs secteurs » et qu’il considère « en faire venir davantage », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.
Risques sanitaires et traite des personnes
Les flux constants de migrants aux frontières posent également la question des risques de propagation du Covid-19. « Les chiffres montrent que les travailleurs migrants ont été une source fréquente de contaminations, en particulier dans les marchés de Bangkok, de Samut Sakhon et de Chiang Mai », a confié Thanakorn Wangboonkongchana, porte-parole du gouvernement. La Thaïlande emploi plusieurs millions de migrants issus des pays voisins, en particulier la Birmanie, où la situation économique de nombreux habitants est devenue particulièrement précaire après l’arrivée au pouvoir de la junte militaire en février, et avec les conséquences de la crise sanitaire.
Bien que le fait de travailler en Thaïlande soit une perspective attractive pour beaucoup, ce n’est pas sans risques. Les migrants sont souvent confrontés à des conditions difficiles et à des longues journées de travail (jusqu’à 16 heures) dans des secteurs comme la pêche, l’agriculture et l’agroalimentaire. Le problème de la servitude pour dette piège nombre d’entre eux durant de longues périodes, selon les organisations de défense des droits de l’homme.
Les habitants de pays comme la Birmanie qui cherchent un travail en Thaïlande doivent souvent payer des sommes importantes à des agents ou trafiquants, pour financer la traversée des frontières et trouver un emploi à leur arrivée. Une fois sur place, en revanche, ils doivent rembourser leurs dettes, durant un processus qui peut durer des mois voire des années. « Les travailleurs migrants vivent en marge de la société. Ils ont peur de mal faire, donc tout ce qu’on leur demande de payer, ils le feront », explique Sa Saroeun, de la fondation Raks Thai, une organisation qui propose une aide juridique aux migrants.
(Avec Ucanews)