Eglises d'Asie

Le gouvernement thaïlandais renforce sa répression contre les trafiquants d’êtres humains

Publié le 13/11/2021




Mardi 9 novembre, 218 migrants ont été arrêtés dans la province de Kanchanaburi, dans l’ouest du pays, qui longe la Birmanie, alors qu’ils essayaient d’entrer en Thaïlande. Afin de dissuader les migrants de faire confiance aux réseaux de passeurs, le ministère du Travail thaïlandais a annoncé vouloir faciliter leur entrée dans le pays, dans le cadre d’accords passés avec la Birmanie, le Laos et le Cambodge. L’objectif affiché étant d’intensifier la lutte contre les trafiquants de personnes, qui continuent de faire passer illégalement de nombreux migrants depuis les pays voisins.

Le marché de poissons de Sapan Pla, à Samut Prakan (Bangkok), où travaillent des familles de migrants birmans.

Les autorités thaïlandaises ont accéléré leur campagne contre les trafiquants de personnes, qui continuent de faire passer en contrebande de nombreux migrants depuis les pays voisins. Selon le ministre du Travail, Suchart Chomklin, le gouvernement délivre des mandats d’arrêt contre les passeurs, dont les biens doivent être saisis en cas de condamnations pour traite d’êtres humains et pour blanchiment de capitaux, entre autres. De plus, le ministère du Travail cherche à faciliter l’entrée des travailleurs migrants en Thaïlande, afin de dissuader les migrants de faire confiance aux réseaux de passeurs.

« Les travailleurs migrants ne devraient pas avoir à attendre plus de trois semaines avant de pouvoir entrer dans le pays légalement, dans le cadre des nouveaux accords [entre la Thaïlande et ses voisins] », a déclaré le ministre lors d’une conférence de presse, organisée cette semaine. Dans un premier temps, dans le cadre de ces accords passés avec la Birmanie, le Laos et le Cambodge, la Thaïlande pourra accueillir jusqu’à 80 000 travailleurs migrants, en particulier dans des secteurs comme le bâtiment et l’industrie agroalimentaire, qui souffrent de pénuries importantes de main-d’œuvre.

Pourtant, en parallèle, de nombreux migrants continuent d’arriver illégalement, en franchissant des frontières poreuses malgré des mesures de contrôle renforcées. Rien que la semaine dernière, presque 3 000 entrées illégales ont été détectées – un nombre sans doute sous-estimé. Le 9 novembre, notamment, des patrouilles de policiers et de militaires, affectées dans la province de Kanchanaburi, dans l’ouest du pays, ont arrêté 218 migrants alors qu’ils patientaient dans une plantation d’huile de palme, attendant d’être pris en charge par les agents de leurs employeurs respectifs.

« Ils peuvent se retrouver lourdement endettés avant même de travailler »

Les migrants ont expliqué à la police qu’ils avaient tous dû payer entre 25 000 bahts (665,58 euros) et 26 000 bahts (692 euros) à des intermédiaires avant de pouvoir entrer en Thaïlande avec l’aide des passeurs. La plupart des migrants venus de Birmanie passent en Thaïlande via des réseaux de contrebande, qui exigent en général des paiements par avance à leurs victimes démunies, qui se retrouvent endettées alors qu’on leur propose des emplois en échange d’un pourcentage de leurs revenus. Dans ce processus, les travailleurs migrants, qui sont souvent exploités en Thaïlande, finissent par devoir payer des frais de recrutement exorbitants, juste pour pouvoir obtenir un travail.

Une situation dénoncée par de nombreuses organisations militantes comme Finnwatch, une ONG finlandaise. « Cela veut dire que les migrants qui cherchent un emploi légal peuvent se retrouver lourdement endettés avant même de commencer à travailler – piégés par des endettements qu’ils doivent souvent rembourser durant plusieurs années », souligne Darian McBain, de la Thai Union. Pour compliquer les choses, certains policiers, des militaires et des fonctionnaires thaïlandais sont suspectés par les experts d’être derrière certains réseaux de passeurs, ou de recevoir des avantages financiers grâce à ces opérations.

Les autorités thaïlandaises ont été dénoncées par le département d’État américain dans leur dernier rapport, publié en juillet, pour n’avoir pas agi suffisamment contre la traite des travailleurs migrants. Le rapport a notamment Haut du formulairesouligné que les autorités thaïlandaises ne comprenaient pas toujours suffisamment le problème de la traite des personnes, et que le gouvernement manque de procédures normalisées pour faire appliquer la loi. « La corruption et les complicités officielles continuent d’entraver les efforts contre les trafics », a expliqué le département d’État. « Les lois sur le travail ont empêché les travailleurs migrants de former des syndicats, ce qui a pu contribuer à leur exploitation. »

(Avec Ucanews)