Eglises d'Asie

Le journal Citizen News cesse ses publications après une vague de fermetures de médias hongkongais

Publié le 05/01/2022




Le 4 janvier, le journal indépendant Citizen News marquait son dernier jour de publication avant de fermer ses portes, près d’une semaine après la fermeture d’un autre journal prodémocratie, Stand News, le 29 décembre. Le journal a expliqué vouloir protéger son personnel après « des changements drastiques dans la société et une aggravation de l’environnement médiatique ». Lundi, l’Association des journalistes de Hong-Kong s’est dite « déchirée » par la nouvelle, en affirmant que ces fermetures d’organes de presse affecteront la réputation internationale de Hong-Kong.

Un deuxième journal indépendant ferme ses portes en moins d’une semaine. Citizen News a annoncé que le 4 janvier serait son dernier jour de publication. Comme ce journal en ligne l’a souligné, sa décision a été influencée par la fermeture d’un autre journal prodémocratie, Stand News, le 29 décembre dernier après l’arrestation de sept membres de son personnel pour des raisons liées à la sécurité national à Hong-Kong.

Le 3 janvier au matin, Chris Yeung, rédacteur en chef de Citizen News, a déclaré que les conditions nécessaires au traitement de l’actualité tel que le journal le souhaite n’existent plus, étant donné que les frontières légales entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas ne sont plus garanties. Le journal a précisé vouloir fermer afin de protéger son personnel (40 personnes, qui perdront leur travail) après « des changements drastiques dans la société et une aggravation de l’environnement médiatique ».

Par ces déclarations, Citizen News a fait indirectement référence à la loi sur la sécurité nationale, imposée par Pékin en 2020, qui a fortement affecté les libertés fondamentales dans l’ancienne colonie britannique. Interrogé par Hong Kong Free Press (HKFP) sur la situation, le Bureau de défense de la sécurité nationale a donné la réponse habituelle : « La liberté d’expression et la liberté de la presse sont protégées », mais elles ne sont « pas absolues, et peuvent être limitées pour différentes raisons et notamment pour la protection de la sécurité nationale ».

« Un nouveau coup dur contre la liberté de la presse à Hong-Kong »

Dans un communiqué publié ce lundi, l’Association des journalistes de Hong-Kong (HKJA) s’est dite « déchirée » par la nouvelle, en affirmant que la fermeture de ces organes de presse affectera la réputation internationale de Hong-Kong. De son côté, après le 29 décembre, le Club des correspondants étrangers à Hong-Kong (Foreign Correspondents’ Club) avait déjà dénoncé le gouvernement de Carrie Lam pour son action contre Stand News, en évoquant « un nouveau coup dur contre la liberté de la presse à Hong-Kong ».

Le cas de fermeture le plus connu reste, toutefois, celui de l’Apple Daily, un journal indépendant fondé par Jimmy Lai, catholique et magnat de la presse hongkongaise. Le journal prodémocratie a été fermé le 24 juin 2021 après avoir été accusé de menacer la sécurité nationale. Plusieurs de ses administrateurs et de ses journalistes ont été arrêtés, et ses actifs (18 millions de dollars hongkongais, soit 2,046 millions d’euros) ont été gelés.

Début novembre, la chaîne DB TV a également annoncé son intention de cesser ses opérations à Hong-Kong, suite à l’arrestation d’un de ses cofondateurs, Frankie Fung, accusé de subversion. Il a fait partie des 47 personnes impliquées par les élections primaires, organisées l’an dernier par les partis du camp prodémocratie (afin de désigner leurs candidats aux élections législatives).

Les journalistes indépendants également visés

Initium, une autre publication indépendante, a choisi quant à elle de déplacer son siège à Singapour en août 2021. Par ailleurs comme d’autres médias, le groupe RTHK (Radio Television Hong Kong), le service local de radio et télédiffusion, a perdu son autonomie éditoriale et se trouve aujourd’hui dirigé par un ancien officiel du gouvernement.

Des journalistes indépendants ont également été touchés. Mi-novembre, Sue-Lin Wong, correspondante pour The Economist, a été expulsée quand son visa n’a pas été renouvelé, sans explication. L’an dernier, Aaron Mc Nicholas, de HKFP, et Chris Buckley, du New York Times, ont reçu le même traitement. Steve Vines, ancien journaliste reconnu et présentateur pour RTHK, a fui en Grande Bretagne pour échapper à la « terreur blanche » menaçant la ville – une expression qui décrit l’effet de la loi sur la sécurité nationale sur les médias et la population locale.

(Avec Asianews)