Eglises d'Asie

Le Sri Lanka confronté au départ de plus en plus de médecins à l’étranger

Publié le 05/04/2023




Le 29 mars, le directeur de l’hôpital universitaire d’Anuradhapura, dans le nord du Sri Lanka, a annoncé la fermeture forcée de son service pédiatrique après le départ de trois pédiatres à l’étranger, dont le chef du service. À cause de la crise économique majeure qui frappe le pays depuis plusieurs mois, de nombreux médecins spécialistes sri-lankais commencent à émigrer, ce qui risque de paralyser les services médicaux. Le ministère de la Santé parle d’un minimum de « 40 demandes de migration par mois de la part des médecins ».

L’hôpital général de Kandy, Sri Lanka. Au moins 600 à 700 médecins, dont des spécialistes, ont quitté le pays l’an dernier.

Le service pédiatrique de l’hôpital universitaire d’Anuradhapura a fermé ses portes après le départ à l’étranger de trois pédiatres, dont le chef du service. Désormais, les internes de l’hôpital ne pourront plus se former dans l’établissement, situé dans le nord du Sri Lanka.

À cause de la fermeture du service, le directeur de l’hôpital, le Dr D. M. S. Samaraweera, a publié une lettre mercredi dernier, le 29 mars, en donnant des instructions afin de demander d’envoyer les patients pédiatriques dans les services non pédiatriques. Le médecin explique également qu’il a été forcé de fermer le service après le départ des pédiatres. Les trois médecins étaient affiliés à la Faculté de médecine de l’université de Rajarata.

Selon des sources locales, d’autres médecins de l’hôpital universitaire d’Anuradhapura envisageraient de partir également. Cela s’inscrit dans une tendance générale : à cause de la crise économique majeure qui frappe le pays depuis des mois, de nombreux spécialistes sri-lankais commencent à émigrer, ce qui risque de paralyser les services médicaux.

« Au moins 600 à 700 médecins, dont des spécialistes, ont quitté le pays au cours de l’année dernière », confie le Dr Haritha Aluthge, secrétaire de la GMOA (Government Medical Officers Association). « Le ministère de la Santé reçoit un minimum de 40 demandes de migration par mois de la part des médecins », précise-t-il, sans se montrer surpris. Son organisation a en effet lancé des alertes répétées en affirmant que cela se produirait si les autorités imposaient de nouveaux impôts aux professionnels.

Le début d’une crise majeure pour les soignants sri-lankais

« La fermeture d’un service due au départ de médecins spécialistes dans un hôpital majeur du pays est peut-être la première étape d’une nouvelle crise », estime le Dr Harsha Senanayake, chirurgien en chef d’un établissement de premier plan au Sri Lanka. « Actuellement, le service pédiatrique de l’hôpital de Mullaitivu est saturé parce qu’il n’y a qu’un seul médecin spécialiste, tandis que le service de chirurgie a été fermé en l’absence de chirurgiens », ajoute-t-il.

Pour le Dr Sachini Tennakoon, chirurgien orthopédique dans un hôpital de district, « c’est juste le début d’une série de troubles pour le secteur médical, et la situation risque fort d’empirer quand d’autres hôpitaux seront eux aussi forcés de réduire leurs activités par manque de médecins et soignants ».

« Le secteur de la santé a été frappé par de nombreux problèmes comme une pénurie chronique de médicaments », poursuit-il. « S’il continue de se détériorer à cause de l’émigration massive de médecins, les gens ordinaires qui paient pour les maintenir devront patienter de plus en plus longtemps, même pour des opérations chirurgicales importantes, alors que les dirigeants sont assez riches pour payer leurs frais médicaux dans le pays ou à l’étranger. »

Au Sri Lanka, ajoute le médecin, « on compte seulement 27 chirurgiens cardio-thoraciques », signale également le Dr Ranga Nissanka, qui travaille à l’Hôpital national du Sri Lanka. « Avec les dégâts irrémédiables subis par le secteur national de la santé, à cause du manque de spécialistes, les interventions chirurgicales vitales et la santé maternelle seront affectées. »

(Avec Ucanews)