Eglises d'Asie

Le nombre de victimes de la traite des personnes a presque doublé en 2021 au Cambodge

Publié le 09/04/2022




En 2021, le nombre d’affaires de traite de personnes enregistrées au Cambodge est passé à 359 cas (contre 155 en 2020), selon le Comité national de lutte contre la traite (NCCT), qui évoque notamment les mères porteuses, les trafics d’organes, les professionnels du sexe et l’économie informelle. Selon le ministre de l’Intérieur, la situation s’est aggravée malgré les restrictions de déplacements durant la pandémie : « Les criminels choisissent la traite des personnes comme carrière. Ils profitent de la situation quand nous sommes en crise. »

Des touristes au temple d’Angkor Wat, à Siem Ream. Le Cambodge est devenu une destination majeure du trafic de personnes.

Selon le Comité national de lutte contre la traite (NCCT) du Cambodge, le nombre d’affaires de trafic d’êtres humains a presque doublé en 2021 pour s’élever à 359 cas, en comptant les mères porteuses, les bébés, les trafics d’organes, les travailleurs informels et les professionnels du sexe. Le ministre cambodgien de l’Intérieur, Sar Kheng, a déploré que cette augmentation dramatique se soit produite malgré les restrictions de voyages imposées contre la propagation du Covid-19. « Les criminels choisissent la traite des personnes comme carrière. Ils n’abandonneront pas. Ils profitent de la situation quand nous sommes en pleine crise », a-t-il expliqué.

Le rapport de l’organisation nationale contre la traite a été publié un mois après l’alerte lancée par un groupe composé de 35 ONG, qui ont demandé au gouvernement cambodgien de renforcer la lutte contre la crise « du travail forcé, de l’esclavage et de la torture ». Le groupe a pris cette initiative alors qu’au moins cinq ambassades ont mis en garde leurs citoyens contre « de telles situations » dans le pays. Les 35 organisations ont conclu, d’après leurs propres recherches, que plusieurs milliers de personnes, en majorité des étrangers, ont été enlevés, vendus, victimes de la traite ou encore trompés pour leur faire accepter des emplois au Cambodge – seulement pour se retrouver détenus et forcés de travailler, souvent pour des escroqueries en ligne.

La vice-présidente du Comité national, Chou Bun Eng, a confié aux médias locaux que les trafiquants utilisaient autrefois le Cambodge comme pays de transit, mais qu’aujourd’hui, c’est devenu une destination majeure du trafic de personnes. « Les coupables amènent leurs victimes au Cambodge. Ils les attirent et les piègent pour les faire travailler ici, pour profiter du développement du pays et de la stabilité politique », a-t-elle assuré. « Il y a une très forte augmentation par rapport à 2020. Nous avons compté 359 cas en 2021 contre 155 en 2020 », a-t-elle poursuivi.

Appel à renforcer les mesures contre la traite

Am Sam Ath, responsable de la Ligue cambodgienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme, interrogé par l’antenne khmère de RFA (Radio Free Asia), estime également que les autorités locales ne se sont pas préoccupées suffisamment du problème, avant la pandémie qui a éclaté il y a maintenant plus de deux ans. « Les violences, les agressions sexuelles et les cas de traite de mineurs continuent de se produire. Nous appelons le gouvernement à renforcer ses mesures contre la traite des personnes, en particulier concernant les mineurs », a-t-il insisté, en ajoutant que beaucoup des victimes cambodgiennes de l’industrie du sexe sont mineures.

L’an dernier, le département d’État américain a classé le Cambodge dans la catégorie Tier 2w (liste de surveillance de niveau 2), ce qui signifie que le pays ne se conforme pas pleinement aux normes minimales de protection contre la traite, mais qu’il fournit des efforts importants pour se mettre en conformité avec ces normes. Le rapport du département d’État évoque « une corruption endémique et un manque de volonté politique continue de limiter gravement les progrès concernant la poursuite des trafiquants ». Il souligne également que « la corruption continue d’entraver le respect des lois, les procédures pénales et les services aux victimes ».

De son côté, Chou Bun Eng ajoute que depuis 2020, près de 200 000 Cambodgiens ont franchi la frontière illégalement pour aller travailler à l’étranger, mais qu’ils n’ont pas été rémunérés comme promis. « Ils ne touchent rien du tout », déplore-t-elle, en signalant qu’ils ont passé des années à travailler pour se retrouver chez eux à recevoir des aides sociales. Elle souligne qu’en 2021, il y a eu 235 arrestations liées à des cas de traite des personnes, et que 400 personnes ont été envoyées au tribunal. Au moins 1 390 victimes ont été secourues, dont au moins 600 femmes.

Face à ces résultats, le ministre de l’Intérieur a également annoncé que toutes les institutions concernées prépareront de nouveaux projets de loi sur la GPA, alors que le Premier ministre Hun Sen a demandé de renforcer la répression contre les crimes liés aux maternités de substitution.

(Avec Ucanews)