Eglises d'Asie

Le nonce en Birmanie appelle à l’aide pour les personnes déchirées par le conflit

Publié le 06/09/2022




Le 2 septembre, Mgr Paul Tschang In-Nam, nonce apostolique sortant de Birmanie, a appelé la communauté catholique locale à redoubler d’efforts « face à l’immense souffrance de nos frères et sœurs en Birmanie ». L’archevêque de 73 ans a lancé cet appel lors d’une messe d’action de grâce célébrée dans la cathédrale Sainte-Marie de Rangoun avant son départ, après avoir également servi en Thaïlande, au Cambodge et au Laos durant 10 ans. « Le pape François suit la situation de près. Il encourage le dialogue pour trouver un chemin de paix. »

Mgr Paul Tschang In-Nam, nonce apostolique en Birmanie, durant une messe d’action de grâce célébrée le 2 septembre avant son départ.

Mgr Paul Tschang In-Nam, nonce apostolique sortant de Birmanie, a exhorté la communauté catholique du pays à intensifier ses efforts pour venir en aide au nombre croissant de personnes laissées pour compte durant le conflit actuel. « Ces jours-ci, vous faites face à l’immense souffrance de nos frères et sœurs en Birmanie, et l’Église est appelée à être servante de Dieu et à aller servir nos frères et sœurs, spécialement ceux qui sont le plus dans le besoin » a déclaré l’archevêque Tschang, âgé de 73 ans.

Le prélat sud-coréen a fait cette remarque lors d’une messe d’action de grâce en la cathédrale Sainte-Marie de Rangoun, le vendredi 2 septembre. La messe faisait partie d’une cérémonie d’adieux au nonce, Mgr Tschang, qui a également servi en Thaïlande, au Cambodge et au Laos durant 10 ans. Il a été choisi pour la Birmanie quand le Vatican a rétabli des relations diplomatiques complètes en 2017. Le pape François l’a nommé nonce apostolique aux Pays-Bas le 16 juillet de cette année.

« En ce temps d’épreuve pour nos frères et sœurs en Birmanie, notre Saint-Père le pape François a suivi la situation de près. Il encourage le dialogue pour trouver un chemin de paix et de réconciliation entre les différentes parties en conflit », a-t-il confié. Le diplomate a aussi salué l’Église locale pour sa participation active à l’aide humanitaire pour les nécessiteux et les personnes déplacées qui ont dû quitter leur maison et leur village à cause du conflit.

Les évêques ont fourni un toit aux personnes déplacées internes durant la crise

Le message de Mgr Tschang est transmis alors que le pays d’Asie du Sud-Est fait face à une crise multiple, à la fois humanitaire, politique et économique, depuis le coup d’État militaire ayant renversé le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi et du parti NLD (Ligue nationale pour la démocratie).

La junte birmane a réprimé sévèrement les manifestants s’opposant au coup d’État et renouvelé ses attaques contre les groupes armés ethniques rebelles, y compris ceux qui sont basés dans les régions majoritairement chrétiennes comme les groupes Kachin, Kayah, Karen et Chin, ainsi que les Bamar, l’ethnie majoritaire et vivant au centre de la Birmanie.

Les offensives militaires de la junte, avec des frappes aériennes et des tirs d’artillerie, ont détruit des villages et causé plusieurs centaines de pertes civiles. Des églises, des infrastructures gérées par l’Église et des villages chrétiens ont été attaqués et fortement endommagés.

Plus de 2 200 personnes, dont des enfants, ont été tuées par les militaires depuis le début du conflit, et plus de 15 000 personnes ont été emprisonnées par la junte depuis le coup d’État. Durant la crise, les évêques catholiques birmans ont fourni un toit et de la nourriture aux personnes déplacées internes (IDP) et appelé la junte à permettre un accès à l’aide humanitaire au service des communautés déplacées. Les évêques ont également appelé les militaires à respecter la dignité humaine et les lieux de culte, les hôpitaux et les écoles.

« Un bon berger et un pasteur fidèle »

Le pape François a visité la Birmanie en novembre 2017 avant de se rendre au Bangladesh. Il y a fait des appels répétés en faveur de la paix et de la réconciliation, ainsi que pour la mise en place de corridors humanitaires à destination de ceux qui fuient la violence. Durant le programme d’action de grâce, Mgr Tschang a ajouté qu’il transmettait « l’amour paternel et la prière » du pape à destination du peuple de Birmanie. Il a assuré que travailler pour l’Église en Birmanie était un « privilège spécial ».

Le cardinal Charles Maung Bo était présent durant la célébration, ainsi que de nombreux évêques, prêtres, religieux et laïcs. Le cardinal Bo a salué l’archevêque Tschang comme « un bon berger qui a travaillé dur pour conduire l’Église de Birmanie et un pasteur fidèle qui était prêt à passer beaucoup de temps pour apprendre à connaître les Birmans ». Le cardinal Bo a rappelé que durant le mandat de Mgr Tschang, l’Église de Birmanie a été témoin d’événements historiques, tels que la nomination de son premier cardinal, la célébration des 500 ans de la présence du catholicisme dans le pays, ainsi que la visite du pape François.

Plus d’un million de personnes déplacées depuis le début du conflit

Selon les responsables catholiques birmans, l’Église a été en première ligne auprès des communautés déchirées par les conflits. En collaboration étroite avec Karuna (la branche locale de Caritas), les diocèses les plus affectés, dont ceux de Loikaw et de Pekhon dans l’État Kayah, ont ainsi fourni de la nourriture et des biens essentiels non alimentaires aux personnes, quelle que soit leur race ou leur religion, et ce durant plusieurs mois.

Un responsable diocésain de Loikaw a précisé que l’Église locale avait fourni de la nourriture, un toit et des médicaments, et sensibilisé aux soins les personnes déplacées. « Le comité humanitaire diocésain et Karuna ont collaboré afin de répondre aux besoins de personnes de plus en plus nombreuses, malgré une baisse des financements et malgré les restrictions sur les déplacements », a-t-il déclaré.

Selon des sources ecclésiales, on compte entre 50 000 et 100 000 personnes déplacées qui reçoivent de l’aide de l’Église locale, auxquelles il faudrait en ajouter d’autres, bien que le nombre exact de personnes déplacées et de structures gérées par l’Église ne puisse être communiqué pour des raisons de sécurité. Au total, on compte plus d’un million de personnes déplacées depuis le début du conflit.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Archidiocèse de Rangoun / Ucanews