Eglises d'Asie

Le Pakistan échoue toujours à protéger les minorités religieuses selon une ONG locale

Publié le 23/06/2022




Le samedi 18 juin à Lahore, le Centre pour la justice sociale (CSJ), une ONG soutenant les droits des minorités religieuses au Pakistan, a organisé une conférence de presse afin de marquer le 8e anniversaire d’un jugement voté par la Cour suprême. Le 19 juin 2014, la haute instance pakistanaise a voté une série de mesures favorables aux minorités et devant être appliquées par les autorités. Ce jugement a eu lieu quelques mois après un attentat à la bombe ayant causé la mort de 85 chrétiens à Peshawar. Pour le CSJ, huit ans après, les demandes de la Cour n’ont pas été respectées.

Le 18 juin à Lahore lors d’une conférence de presse organisée par l’ONG pakistanaise CSJ (Center for Social Justice).

Le 18 juin, le Centre pour la justice sociale (CSJ), une ONG basée à Lahore et qui soutient particulièrement les droits de l’homme des groupes minoritaires au Pakistan, a organisé une conférence de presse afin de marquer le 8e anniversaire d’un jugement de la Cour suprême du pays, voté le 19 juin 2014.

Cette année-là, la haute instance pakistanaise a ordonné au gouvernement de fonder une commission nationale pour les minorités,  d’étouffer les incitations à la haine, d’appliquer des quotas à l’embauche, de développer un programme pour la paix et de sensibiliser à la tolérance interreligieuse, parmi une série de mesures destinées à protéger les minorités. La décision de la Cour avait été annoncée par l’ancien juge en chef Tassaduq Hussain Jillani après la mort de 85 chrétiens dans l’attentat à la bombe de Peshawar.

Pour le CSJ, en huit ans, le Pakistan n’a pas su respecter les minorités religieuses et leurs droits comme l’avait demandé la Cour suprême. « Le gouvernement fédéral et les autorités provinciales ont respecté seulement 22 % de leurs engagements en huit ans », a affirmé Peter Jacob, directeur général de CSJ, en ajoutant qu’à ce rythme, il faudra encore 24 ans pour appliquer pleinement les décisions de la Cour suprême. La province du Pendjab, qui compte 2,06 millions de chrétiens, est particulièrement pointée du doigt pour son échec à respecter les mesures en question.

Un échec attribué à un manque de volonté politique

Peter Jacob a notamment évoqué, durant la conférence de presse, « le manque de bonne gouvernance et l’indifférence envers les droits de l’homme » parmi les raisons derrière l’échec des autorités à protéger les minorités. « Les juges de la Cour suprême ont mené 28 audiences consécutives afin de transmettre 80 ordres supplémentaires aux autorités nationales et provinciales, en plus des sept décisions d’origine de 2014 », a-t-il précisé. Une commission pour les minorités, composée d’un seul membre, a été constituée en 2019 afin d’assurer l’application de ces décisions, mais selon des chiffres collectés par CSJ, les autorités n’ont pas agi efficacement contre les violations des droits des minorités.

Au Pendjab, le gouvernement de la province a ainsi établi un Conseil des Oulémas composé de théologiens musulmans afin de contrôler tous les manuels scolaires. Les avocats chrétiens, de leur côté, continuent de signaler des retards délibérés lors des procès concernant les cas d’accusation de blasphème – une question particulièrement sensible au Pakistan –, en évoquant des pressions de la part de groupes politiques et religieux.

Saroop Ijaz, avocat, estime que le non-respect des décisions de 2014 représente une opportunité manquée. « Les conclusions et les décisions historiques votées par les juges avaient un potentiel de réforme et auraient pu contribuer à faire progresser les libertés religieuses afin de construire une société plus tolérante », regrette-t-il. L’avocat trouve dommage que les autorités n’aient pas su faire progresser le pays vers l’égalité des droits et le respect de la diversité au Pakistan. Saroop Ijazn attribue cet acte manqué à un défaut de volonté politique ou encore de capacités institutionnelles.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews