Eglises d'Asie

Le pape François se joint à l’appel des évêques birmans à la communauté internationale

Publié le 04/02/2022




Le 2 février durant l’audience générale, le pape François s’est joint au nouvel appel lancé par les évêques birmans à la communauté internationale. « Depuis un an maintenant, nous observons avec douleur les violences qui ensanglantent le Myanmar », a confié le Saint-Père, en invitant à œuvrer pour « la réconciliation entre les parties concernées ». « Nous ne pouvons pas détourner le regard de la souffrance de tant de frères et sœurs. Demandons à Dieu, dans la prière, la consolation pour cette population martyrisée. »

Le pape François a lancé un nouvel appel à la paix et à la réconciliation en Birmanie, le pays d’Asie du Sud-Est toujours marqué par les conflits internes, et où beaucoup d’habitants, dont les minorités chrétiennes, ont été fortement affectés depuis le coup d’État militaire de l’an dernier. « Depuis un an maintenant, nous observons avec douleur les violences qui ensanglantent le Myanmar », a déclaré le Saint-Père durant l’audience générale du 2 février. « Je fais mien l’appel lancé par les évêques birmans à la Communauté Internationale pour qu’elle œuvre à la réconciliation entre les parties concernées », a-t-il ajouté.

« Nous ne pouvons pas détourner le regard de la souffrance de tant de frères et sœurs. Demandons à Dieu, dans la prière, la consolation pour cette population martyrisée », a-t-il souligné. « Confions à Lui les efforts de paix. » Le pape a déjà évoqué à plusieurs reprises la crise en Birmanie, qu’il continue de considérer avec beaucoup d’affection depuis sa visite dans le pays en 2017.

Il a répété à maintes reprises ses appels aux dirigeants militaires afin qu’ils mettent fin aux violences, qu’ils libèrent toutes les personnes détenues et qu’ils poursuivent un dialogue de paix. Les propos du Saint-Père surviennent alors que le peuple birman a marqué le premier anniversaire depuis le coup d’État du 1er février, qui a chassé le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi, en mettant fin brutalement à un processus démocratique entamé dix ans plus tôt, et en plongeant le pays dans une grave crise politique, avec des manifestations massives et une résistance armée contre la répression militaire qui a suivi.

« La Birmanie est elle aussi déchirée et l’économie s’effondre »

Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés entre les militaires et les groupes ethniques armés. La junte a lancé des frappes aériennes et des tirs d’artillerie, forçant plusieurs milliers de personnes à fuir leur domicile et à se réfugier dans la jungle ou dans des églises, dans des villages et des villes voisines. Les églises et d’autres institutions communautaires ont été ciblées par les forces de la junte, notamment dans les États Kayah, Chin et Karen, majoritairement chrétiens.

Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a appelé récemment la communauté internationale à réagir davantage aux violences et aux atrocités survenues dans le pays. « Le monde peut se préoccuper davantage des solutions aux problèmes actuels de la Birmanie. Bien sûr, le monde est affecté par les événements terribles en Afghanistan, en Ukraine et en Éthiopie, mais la Birmanie est elle aussi déchirée et l’économie s’effondre. » Malgré de nombreux dirigeants et responsables religieux, dont le pape François, qui ont appelé à la fin des violences et à un dialogue de paix, la junte n’a montré aucun signe annonçant la fin de la répression contre les civils, parmi lesquels ont compte des enfants, notamment dans les régions et les villages des minorités ethniques Bamar.

Au moins 1 500 personnes ont perdu la vie depuis la répression militaire lancée par l’armée, et au moins 11 000 personnes ont été détenues depuis février 2021. De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à la fin immédiate des violences et à la protection des civils. « Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé beaucoup d’inquiétude face aux violences récentes dans le pays et au grand nombre de personnes déplacées internes. Ils condamnent les attaques contre les infrastructures, dont des établissements médicaux et éducatifs », ont dénoncé les quinze pays membres du Conseil. Ils ont également appelé à « la poursuite du dialogue entre toutes les parties concernées et à la réconciliation, selon la volonté et dans l’intérêt du peuple birman ».

Cessation des violences et protection de l’accès humanitaire

L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) a aussi pressé les militaires birmans d’appliquer un « plan de paix » en cinq points et de permettre un accès sûr aux aides humanitaires. « Les États membres de l’Asean soulignent l’urgence d’une cessation immédiate des violences et de la plus grande retenue de toutes les parties engagées, ainsi qu’une assistance humanitaire sûre et en temps et en heure aux personnes dans le besoin, selon des principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance », a déclaré l’organisation le 3 février.

Par ailleurs, le Cambodge, dans le cadre de sa présidence de l’Asean en 2022, a annoncé que la Birmanie ne serait pas invitée à la rencontre annuelle des ministères des Affaires étrangères du bloc régional (AMM – Asean Foreign Ministers’ Meeting), alors que la junte n’a pas fait de réels progrès concernant le consensus en cinq points signés en avril dernier. Chum Sounry, porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Cambodge, a déclaré que l’Asean ne peut accepter d’autoriser la Birmanie à envoyer son ministre, en suggérant le pays d’envoyer un représentant non politique. La rencontre AMM est prévue les 16 et 17 février prochains.

(Avec Ucanews)