Eglises d'Asie

Le pape reconnaît Mgr Shen Bin comme évêque de Shanghai « pour le bien du diocèse »

Publié le 18/07/2023




Le 15 juillet, le pape a entériné la nomination unilatérale par Pékin de Mgr Shen Bin comme nouvel évêque de Shanghai, « pour le bien du diocèse et l’exercice du ministère pastoral ». Cependant, le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, a donné une interview en expliquant la décision du pape, qui souhaite ainsi « préserver l’esprit de dialogue ». Bien que conscient des « obstacles » qui « déstabilisent la confiance », il maintient que « le dialogue doit rester ouvert ».

Mgr Shen Bin, évêque de Shanghai (au centre, ici lors d’une ordination en 2017 à Haimen).

Une centaine de jours après que Pékin a décidé unilatéralement de transférer Mgr Joseph Shen Bin, 53 ans, de Haimen à Shanghai, le pape François a accepté la décision. Mais il l’a fait en même temps qu’une interview du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège. Dans ses propos, celui-ci maintient que cette nomination a constitué une violation de « l’esprit de dialogue » sur lequel était basé l’accord provisoire sur la nomination des évêques (signé en 2018 et renouvelé en octobre 2022).

Selon le cardinal Parolin, en nommant Mgr Shen Bin comme évêque de Shanghai, « le pape François a décidé de rectifier l’irrégularité canonique pour le bien commun du diocèse et l’exercice fructueux du ministère pastoral de l’évêque ». Il a ajouté que le Vatican demande maintenant à Mgr Shen Bin de travailler avec les autorités chinoises « en faveur d’une solution juste et sage à plusieurs problèmes qui demeurent dans le diocèse, comme la situation de deux évêques auxiliaires, Mgr Thaddeus Ma Daqin et Mgr Joseph Xing Wenzhi ».

Mgr Thaddeus Ma Daqin a été confiné au séminaire de Sheshan depuis 2012 après avoir refusé publiquement de rejoindre l’Association patriotique des catholiques chinois, l’organe utilisé par le Parti communiste chinois pour contrôler l’Église officielle en Chine. Mgr Joseph Xing Wenzhi, un autre évêque auxiliaire de Shanghai, nommé en accord avec le Saint-Siège, a quant à lui disparu en 2011 pour des raisons inconnues.

En plus d’expliquer les motifs du pape derrière sa décision, le cardinal Parolin présente un regard très clair sur les difficultés rencontrées actuellement par l’accord et sur les étapes que le Vatican considère aujourd’hui comme indispensables pour que le dialogue puisse avancer. Depuis le 8 septembre 2021, aucun évêque n’a été nommé avec l’accord des deux parties, alors qu’un tiers des diocèses chinois sont sans évêque.

« Le dialogue entre le Vatican et la Chine doit rester ouvert »

Le secrétaire d’État du Vatican ajoute que l’accord « est centré sur le principe fondamental de l’accord mutuel sur les décisions concernant les évêques ». Un point que le Saint-Siège « essaie d’éclaircir dans un dialogue ouvert et un échange respectueux avec la partie chinoise ». Il est « indispensable que toutes les nominations épiscopales en Chine, y compris les transferts, soient faites par consensus, comme il a été convenu, afin de préserver l’esprit de dialogue entre les parties ».

« Ensemble, nous devons éviter les situations qui causent des désaccords et des malentendus même au sein des communautés catholiques, et l’application juste de l’accord est l’un des moyens pour y parvenir, ensemble dans un dialogue sincère », a poursuivi le cardinal. Dans son interview, il évoque explicitement « trois questions ouvertes dans l’Église en Chine : la Conférence des évêques, la communication entre les évêques chinois et le pape, et l’évangélisation ».

Le Saint-Siège souligne notamment que « la communication régulière entre les évêques chinois et l’évêque de Rome est indispensable pour une réelle communion ». Pour le cardinal Parolin, Pékin dépasser « la méfiance vis-à-vis du catholicisme, qui ne doit pas être considéré comme une religion étrangère, ni opposée à la grande culture de la Chine ». Bien qu’il soit conscient des « obstacles » qui « déstabilisent la confiance », il maintient que « le dialogue entre le Vatican et la Chine doit rester ouvert ».

Afin de faciliter les choses, il appelle à ouvrir « un bureau de liaison permanent du Saint-Siège en Chine ». « Cela favoriserait non seulement le dialogue avec les autorités civiles, mais aussi à la pleine réconciliation au sein de l’Église chinoise », insiste-t-il. « Aujourd’hui, nous avons besoin de bonne volonté, de consensus et de collaboration. Le Saint-Siège est déterminé à remplir son rôle afin d’assurer que ce processus continue. »

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Ucanews