Eglises d'Asie

Le pape renouvelle son appel à la paix au Sri Lanka et demande aux autorités de « ne pas ignorer le cri des pauvres »

Publié le 13/07/2022




Le 10 juillet, le pape François a réagi aux nouvelles tensions politiques au Sri Lanka en se joignant « à la douleur du peuple, qui continue de subir les effets de l’instabilité politique et économique ». « Avec les évêques du pays, je renouvelle mon appel à la paix et j’implore les autorités de ne pas ignorer le cri des pauvres et les besoins du peuple », a-t-il confié. Le 9 juillet à Colombo, le Palais présidentiel de Gotabaya Rajapaksa et la résidence du Premier ministre Ranil Wickremesinghe ont été envahis par des milliers de manifestants. Tous deux se sont engagés à démissionner le 13 juillet.

Plusieurs milliers de manifestants sri-lankais ont envahi le palais présidentiel.

Le pape François a appelé les autorités sri-lankaises à écouter les cris de leur peuple, après des mois de manifestations massives, jusqu’à envahir les résidences du président et du premier ministre. « Chers frères et sœurs, je me joins à la douleur du peuple sri-lankais, qui continue de subir les effets de l’instabilité politique et économique », a déclaré le Saint-Père le 10 juillet, après la prière de l’Angelus, devant les pèlerins rassemblés à Rome place Saint-Pierre. « Avec les évêques du pays, je renouvelle mon appel à la paix et j’implore les autorités de ne pas ignorer le cri des pauvres et les besoins du peuple », a-t-il poursuivi.

Le Sri Lanka a été en situation d’état d’urgence depuis le mois d’avril, après le lancement de manifestations massives dans tout le pays contre le président Gotabaya Rajapaksa. Les manifestants ont dénoncé Rajapaksa et son frère, l’ancien Premier ministre Mahinda Rajapaksa, comme coupables d’avoir plongé le pays dans la crise financière, qui s’est aggravée avec la pandémie de Covid-19. Face à l’hostilité du mouvement populaire, l’ancien Premier ministre a démissionné en mai.

Selon l’agence Reuters, l’endettement croissant et les exemptions fiscales accordées par le président Rajapaksa, ainsi que l’épuisement des réserves de devises étrangères dues à la montée des prix des carburants, a conduit à basculer les finances du pays vers la ruine. Les tensions ont atteint un point culminant quand des milliers de manifestants ont envahi les résidences du président et du Premier ministre Ranil Wickremesinghe, le 9 juillet à Colombo. Mahinda Yapa Abeywardena, porte-parole du Parlement sri-lankais, a annoncé peu après que tous deux devraient démissionner de leurs postes le 13 juillet.

Appels à « coopérer et travailler rapidement » en vue d’une transition pacifique

Après les attaques contre le Palais présidentiel et la résidence du Premier ministre, les partis d’oppositions ont proposé des noms de candidats aux postes de président et de premier ministre, en vue de diriger un gouvernement d’unité nationale. Ce samedi, les manifestants sont allés jusqu’à incendier Temple Trees, la résidence privée du Premier ministre Ranil Wickremesinghe, en détruisant beaucoup de d’objets de valeur dont des livres rares. Des membres du parti SLPP (Sri Lanka Podujana Peramuna) au pouvoir ont également appelé le président à démissionner.

Ce lundi, des responsables des principaux partis d’oppositions se sont rencontrés, dont le parti SJB (Samagi Jana Balawegaya) et le parti SLFP (Sri Lanka Freedom Party). Ils ont proposé de nommer le parlementaire Dullas Alahapperuma comme président, et Sajith Premadasa, leader de l’opposition, comme premier ministre d’un gouvernement provisoire en vue de faire face à la crise actuelle. D’autres élus ont également suggéré Dhammika Perera au poste de président. Selon plusieurs analystes politiques, si le président Rajapaksa quitte ses fonctions ce mercredi 13 juillet après avoir remis sa démission au porte-parole du Parlement, selon les provisions en vigueur, de nouvelles élections présidentielles et parlementaires pourraient avoir lieu d’ici le mois de mars 2023. En cas de démission du président et du premier ministre, le porte-parole du Parlement devient chef d’État par intérim jusqu’à la nomination d’un des membres de l’assemblée comme président.

L’Union européenne et les États-Unis ont également appelé les partis politiques sri-lankais à « coopérer, se concerter et avancer rapidement » afin d’aboutir à une transition pacifique, démocratique et ordonnée du pouvoir, alors que la nation insulaire fait face à sa pire crise politique et économique depuis son indépendance. L’Inde a exprimé sa solidarité envers le Sri Lanka, en s’engageant à aider son voisin à résoudre les difficultés actuelles.

(Avec Ucanews et Asianews)


CRÉDITS

AntanO / CC BY-SA 4.0