Eglises d'Asie – Cambodge
Le père François Ponchaud rentre en France après avoir servi l’Église au Cambodge durant 56 ans
Publié le 24/12/2021
Le père François Ponchaud, prêtre des Missions Etrangères de Paris (MEP), qui a servi l’Église catholique au Cambodge durant 56 ans, est rentré en France le 21 décembre pour prendre sa retraite. Né le 8 février 1939, il a été ordonné prêtre en France en 1964, avant d’arriver l’année suivante au Cambodge, où il a servi comme missionnaire MEP. Ne connaissant rien du Cambodge, il a commencé à apprendre le khmer et à assumer différentes responsabilités pastorales auprès des communautés catholiques. « Je suis un serviteur de Dieu. Dieu m’utilise. Je ne sais pas ce qu’il se passera ensuite mais j’ai confiance en Dieu », confie le père Ponchaud, âgé de 82 ans. Le prêtre a beaucoup contribué pour la société cambodgienne, dans les domaines de l’éducation et du développement social.
« Je suis venu au Cambodge non pas pour convertir les gens mais pour aider les Cambodgiens à comprendre la valeur de leur propre religion », explique-t-il, en ajoutant qu’il était heureux quand les gens se convertissaient, mais que ça n’était pas son but. « L’objectif principal est d’aider les gens à comprendre clairement ce que Bouddha a enseigné et ce que Jésus disait dans les Évangiles, et à les aider à vivre ensemble et à s’aimer les uns les autres. Notre vie a de la valeur, même quand on est pauvre. Nous pouvons avancer ensemble. C’est la bonne nouvelle que nous proclamons aujourd’hui au Cambodge. »
Expulsion par les Khmers Rouges en 1975
Entre 1969 et 1975, le père Ponchaud a servi la préfecture apostolique de Kompong Cham. Le 17 avril 1975, les Khmers Rouges ont pris Phnom Penh et il a été détenu dans l’ambassade française. Le 8 mai 1975, les Khmers Rouges l’ont expulsé avec d’autres étrangers. Il faisait partie des derniers étrangers à quitter le Cambodge. En 1977, il a écrit un livre sur le génocide Khmer Rouge, Cambodge : Année Zéro, afin d’informer le monde sur les souffrances du peuple cambodgien durant le régime de terreur des Khmers Rouges.
À l’issue d’une messe d’adieu, célébrée le 19 décembre dernier dans l’église Saint-Joseph, Sovann Chan Bopha, un catholique de Phsar Toch, a souligné que durant le régime de Pol Pot, même si les missionnaires ne pouvaient pas entrer au Cambodge, le père Ponchaud et d’autres missionnaires n’ont jamais cessé de se rendre dans les camps de réfugiés à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, en prêchant l’Évangile pour que les Cambodgiens sachent que Dieu est leur sauveur, qui offre l’espérance et l’amour. Il a composé un livre de catéchisme à l’usage des Cambodgiens vivant dans les camps de réfugiés, où beaucoup ont reçu le baptême. Le père Ponchaud a publié d’autres livres afin d’aider les chrétiens cambodgiens qui se sont rassemblés en secret pour prier, quand beaucoup de prêtres et de religieuses ont été tués par les Khmers Rouges.
Retour au Cambodge en 1993
Le missionnaire a également écrit une histoire de l’Église au Cambodge. Il est retourné là-bas en 1993, en fondant le Centre culturel catholique cambodgien (CCCC), afin d’enseigner la langue et la culture khmère aux jeunes missionnaires et volontaires, afin qu’ils puissent mieux servir le peuple cambodgien. « Quand je suis arrivé au Cambodge en 1998, trois missionnaires m’attendaient à l’aéroport », a raconté Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh. « L’un d’entre eux était le père Ponchaud, et il m’a emmené directement au CCCC. J’ai commencé mes cours de khmer au CCCC avec un enseignant cambodgien, et j’ai appris les termes religieux khmers avec le père Ponchaud », a poursuivi l’évêque.
« Nous remercions le père Ponchaud, qui a travaillé dur pour traduire la Bible en khmer avec la Société biblique cambodgienne. Je lui ai aussi demandé de traduire des documents du concile Vatican II, et nous en avons désormais une version khmère intégrale. Merci infiniment, père », a ajouté Mgr Schmitthaeusler. « Le père Ponchaud m’a aidé à me poser des questions claires : Comment parler du mystère de Dieu dans la culture khmère ? Comment parler de Jésus au peuple Cambodgien ? Comment faisons-nous l’expérience de l’amour de Dieu pour nous ? Même si tous ne se sont pas convertis au catholicisme, ils ont compris que la vie a de la valeur. Dieu le Père nous donne toujours de l’espoir. »
« J’ai appris la Bible et le catéchisme avec lui »
Hong Vanny, un catéchiste de la préfecture de Battambang, souligne que le père Ponchaud a beaucoup travaillé pour l’écriture de ses livres et pour la traduction de la Bible, sans compter la formation des catéchistes. « J’ai appris les études bibliques et le catéchisme avec lui. Aujourd’hui, je peux partager mes connaissances avec les catéchistes de ma préfecture, grâce au père Ponchaud. »
Beau Chanthy, âgée de 26 ans, confie qu’elle a beaucoup appris du père Ponchaud. « Il nous a toujours appris à partager avec les autres. Il nous a aidés gratuitement, sans conditions. Sans lui, je n’aurais peut-être pas pu recevoir une éducation supérieure. Il m’a aidée à comprendre la valeur de la vie, la valeur de la religion. Il m’a inspirée et j’ai été baptisée en 2011. » À l’aéroport international de Phnom Penh, le père Ponchaud semblait peu disposé à partir. Il a dit qu’il reviendrait visiter cette terre où il a inspiré tant de monde. « Je veux être enterré au Cambodge », a demandé le missionnaire.
(Avec Ucanews)
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MEP