Eglises d'Asie – Thaïlande
Le Premier ministre Prayut Chan-o-cha promet la réouverture de la Thaïlande d’ici 120 jours
Publié le 18/06/2021
Le Premier ministre thaïlandais, le général Prayut Chan-o-cha, s’est engagé à rouvrir complètement le pays, frappé par une nouvelle vague de Covid-19 depuis quelques semaines, d’ici 120 jours. Malgré tout, de nombreux habitants restent sceptiques face à ces promesses. Le 16 juin, dans un discours délivré en direct à la télévision nationale, Prayut Chan-o-cha a assuré que tous les commerces seraient autorisés à rouvrir d’ici quatre mois, et que les voyages internationaux reprendraient en Thaïlande. L’économie nationale a été particulièrement affectée par la crise sanitaire, alors que le pays est largement dépendant de l’argent généré par le tourisme. « J’ai défini comme objectif que nous puissions déclarer la Thaïlande complètement ouverte d’ici 120 jours à compter d’aujourd’hui. Le but est également que les centres touristiques soient rouverts encore plus rapidement », a expliqué le Premier ministre thaïlandais, avant de reconnaître les risques liés à cette décision. « Quand on considère les besoins économiques de la population, il devient urgent pour nous de prendre ce risque calculé en rouvrant le pays », a-t-il souligné.
Une réouverture dépendante de la reprise du tourisme
L’annonce a été publiée alors que le gouvernement continue de déployer sa campagne de vaccination massive, malgré le manque de doses – le pays s’efforce de se procurer davantage de vaccins en masse, alors que plusieurs millions de Thaïlandais, qui se sont déjà enregistrés pour en bénéficier, patientent après plusieurs retards. À ce jour, sur 69 millions de Thaïlandais, seuls près de 2 millions d’habitants ont été vaccinés, tandis que 3 millions d’autres ont reçu une seule dose au lieu des deux qui semblent nécessaires pour une protection complète contre le coronavirus. Au moins 50 millions de personnes doivent recevoir deux doses de vaccin dans le pays afin d’atteindre l’immunité collective et que le virus puisse être définitivement contenu, selon les experts. Pour cela, il faudrait vacciner plus de 10 millions de personnes par mois au cours des quatre prochains mois. Pourtant, Prayut Chan-o-cha a tempéré cette nécessité : « Nous ne pouvons pas attendre que tout le monde soit complètement vacciné avec deux doses, ni la libération complète du monde entier contre ce virus, avant d’ouvrir le pays », a-t-il insisté.
Toutefois, ses propos n’ont pas été bien reçus par l’ensemble des habitants, dont beaucoup suspectent des calculs cyniques derrière ces annonces. « Prayut et les siens ont déjà tous été vaccinés, donc ce projet de réouverture ne comporte aucun risque pour eux », réagit une chimiste basée à Bangkok, qui préfère rester anonyme. « Les plus aisés auront également plus de chances de se faire vacciner au cours des prochains mois, et ce seront les pauvres qui en souffriront le plus s’ils ne parviennent pas à recevoir des doses et qu’une nouvelle vague frappe le pays à nouveau après la réouverture », ajoute-t-elle. Actuellement, la Thaïlande a enregistré presque 200 000 cas d’infection et environ 1 500 décès depuis le début de la pandémie, dont une majorité au cours des derniers mois. Les lieux surpeuplés comme les bidonvilles urbains, les prisons et les usines ont été particulièrement exposés à la maladie. En parallèle, l’économie thaïlandaise continue d’être affectée par la situation, alors que les salariés à faibles revenus souffrent particulièrement de l’absence des touristes étrangers et que beaucoup de commerces ont fermé à cause des confinements prolongés. Bien que la réouverture du pays pourrait permettre de raviver l’économie thaïlandaise en souffrance, tout dépendra du nombre de touristes qui visiteront à nouveau la Thaïlande. Avant la pandémie, le pays recevait environ 40 millions de visiteurs par an ; selon les experts, il faudra pourtant plusieurs années avant de revenir à un tel niveau. Certaines critiques ont également averti que Prayut, connu pour revenir souvent sur ses déclarations et pour changer d’avis, pourrait bien prendre de nouvelles décisions avant les 120 jours promis.
(Avec Ucanews)
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MEP