Eglises d'Asie

Le tiers du territoire pakistanais submergé, l’aide humanitaire s’intensifie

Publié le 31/08/2022




Plusieurs avions chargés d’aide humanitaire sont arrivés mardi sur le territoire pakistanais pour venir en aide aux dizaines de millions de victimes des inondations. Les autorités affirment que ces intempéries record sont un effet du changement climatique.

L’aide humanitaire s’est intensifiée mardi dans tout le Pakistan afin de venir en aide aux dizaines de millions de personnes affectées par les inondations, causées par des pluies de mousson particulièrement importantes cette année, qui ont submergé près d’un tiers du pays et fait plus de 1 100 victimes.

Les pluies qui ont démarré dès le mois de juin ont provoqué les pires inondations depuis plus de dix ans dans le pays. Des pans entiers de champs cultivés ont été ravagés par les eaux, plus d’un million de foyers ont été endommagés ou complètement détruits.

Les autorités et les ONG s’efforcent d’accélérer l’acheminement de l’aide à plus de 33 millions de personnes, une tâche difficile dans des zones isolées, où de nombreux ponts et routes ont été emportés par les courants.

Des milliers de personnes déplacées errent encore sur les terres encore sèches à la recherche d’abris, de nourriture et d’eau potable.

« Pour l’amour de Dieu, aidez-nous », a déclaré Qadir, 35 ans, qui campe avec sa famille élargie sur une route près de la ville de Sukkur, dans le sud du pays. « Nous avons marché le long de la route pendant trois jours pour arriver ici. Il n’y a plus rien chez nous, nous avons seulement réussi à sauver nos vies. »

Dans le sud et l’ouest, de nombreux Pakistanais se sont entassés sur les autoroutes surélevées et les voies ferrées pour échapper aux plaines inondées. Réfugiée avec sa famille, Rimsha Bibi, une écolière de Dera Ghazi Khan, dans le centre du Pakistan raconte que les familles n’ont « même pas d’espace pour faire cuire de la nourriture. Nous avons besoin d’aide ».

Les autorités pakistanaises soutenues par des experts scientifiques affirment que ces inondations, de plus en plus fréquentes et intenses, sont dues au changement climatique.

C’est devenu un grand océan, il n’y a pas de terre ferme pour poser la pompe et pomper l’eau »

Le Pakistan connaît régulièrement des périodes de pluies abondantes, souvent destructrices, pendant la mousson, qui sont cruciales pour l’agriculture et l’approvisionnement en eau, mais des averses aussi intenses n’avaient pas été observées depuis au moins trois décennies.

« Constater la dévastation sur le terrain est vraiment consternant », a déclaré Sherry Rehman, ministre pakistanaise du changement climatique. Quand nous avons essayé d’envoyer des pompes à eau, les locaux nous ont répondu : « Où allons-nous pomper l’eau ? C’est devenu un grand océan, il n’y a pas de terre ferme pour poser la pompe et pomper l’eau. »

Selon ses déclarations, « littéralement un tiers du pays est désormais sous l’eau (…) les scènes auxquelles sont assistons sont dignes d’un film dystopique ».

Selon le ministre de la planification Ahsan Iqbal, plus de 10 milliards de dollars sont nécessaires pour réparer et reconstruire les infrastructures endommagées. « Des dégâts massifs ont été causés… notamment dans les domaines des télécommunications, des routes, de l’agriculture et d’autres moyens de subsistance » a-t-il déclaré.

Le fleuve Indus, qui traverse tout le pays, menace de sortir de son lit alors que des torrents d’eau se précipitent en aval de ses affluents situés au nord du pays.

Selon le bureau météorologique, le Pakistan dans son ensemble a connu cette année deux fois plus de précipitations que la moyenne saisonnière. Les provinces du Baloutchistan et du Sindh ont connu plus de quatre fois le volume d’eau moyen enregistré sur les trois dernières décennies.

La relance d’un programme de prêts de 1,1 milliard de dollars annoncée par le FMI

La catastrophe climatique intervient alors que le Pakistan traverse une des pires crises économiques de son histoire récente.

Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence, tout en lançant un appel vibrant à l’aide internationale.

Des avions humanitaires sont arrivés ces derniers jours de Turquie et des Émirats arabes unis, tandis que d’autres pays, dont le Canada, l’Australie et le Japon, ont également promis une aide prochaine.

Les Nations unies ont annoncé qu’elles lanceraient mardi un appel aux dons de 160 millions de dollars pour financer l’aide d’urgence.

Les prix des produits de base – notamment les oignons, les tomates et les pois chiches – s’envolent, notamment à cause de la coupure des routes d’approvisionnement en provenance des provinces du Sindh et du Pendjab, greniers à blé inondés.

L’annonce par le Fonds monétaire international de la relance d’un programme de prêts de 1,1 milliard de dollars au Pakistan a néanmoins apporté un certain soulagement, lundi 29 août.

Des camps de secours improvisés ont vu le jour dans tout le pays, dans des écoles, sur des autoroutes et dans des bases militaires. La chaleur de la saison estivale et un accès limité à l’eau aggrave encore la situation des victimes.

(Avec Ucanews)