Eglises d'Asie

L’Église bangladaise soutient l’harmonie interreligieuse durant le festival hindou de Durga Puja

Publié le 16/10/2021




Du 11 au 15 octobre à travers le Bangladesh, la minorité hindoue (près de 8 % sur 160 millions d’habitants) a célébré le festival de Durga Puja. Le père Patrick Gomes, secrétaire de la Commission épiscopale pour l’unité chrétienne et le dialogue interreligieux, explique que l’Église locale, dont le diocèse de Rajshahi, a salué et rencontré les hindous durant le festival, afin de renforcer l’harmonie interreligieuse. Sumon Biswas, un infirmier catholique de 29 ans, y participe tous les ans. « C’est un festival universel. J’y participe depuis l’enfance et je vais danser avec mes amis hindous. »

Un site consacré au festival hindou de Durga Puja, célébré du 11 au 15 octobre au Bangladesh.

Les responsables catholiques bangladais ont salué les hindous du pays durant leur plus grand festival religieux, une occasion de s’efforcer de consolider l’harmonie interreligieuse au Bangladesh, majoritairement musulman. Ainsi, des musulmans, des bouddhistes et des chrétiens se sont joints aux hindous durant le festival de Durga Puja, du 11 au 15 octobre, en profitant des spectacles culturels, des saynètes et des foires, et en recevant des offrandes (prasad) de lait, de friandises et de fruits. Selon les légendes hindoues, Rama a invoqué Durga, la déesse du pouvoir et de la paix aux dix bras, dans son combat contre Ravana. Le festival de Durga Puja se termine avec l’immersion de statues de Durga et de ses compagnons dans un fleuve, en signe de son union avec son consort Shiva. Durant les festivités, plusieurs dizaines de milliers d’hindous se sont rassemblés dans 32 117 mondops (des petits sanctuaires) à travers le pays, selon le Bangladesh Puja Celebration Council, un forum hindou majeur au Bangladesh.

Consolider l’harmonie interreligieuse

Des catholiques ont rencontré les hindous durant le festival, en imprimant des cartes et en portant des bannières à travers le pays. Dans le diocèse de Rajshahi, des affiches ont été disposées dans les villes et les villages pour saluer les hindous, explique le père Patrick Gomes, secrétaire de la Commission épiscopale pour l’unité chrétienne et le dialogue interreligieux. « C’est notre devoir de nous saluer mutuellement lors des différentes occasions religieuses, afin de renforcer l’harmonie interreligieuse. Au nom du diocèse de Rajshahi, nous avons installé des bannières et des affiches dans les communes afin de saluer nos frères et sœurs hindous, que nous avons rencontrés dans plusieurs lieux de culte pour échanger avec eux. » Le prêtre ajoute que c’est devenu tradition dans les diocèses catholiques bangladais, de saluer les fidèles des différentes religions durant les festivals. « À l’avenir, nous réfléchirons à ce que nous pouvons faire d’autre, en plus d’organiser ces salutations dans tout le pays. De cette façon, nous pouvons assurer la consolidation de l’harmonie interreligieuse avec les autres confessions », poursuit le père Patrick.

« Durga Puja est un festival universel »

Le 11 octobre, Sumon Biswas, âgé de 29 ans, infirmier catholique dans un hôpital public de Dacca, la capitale, s’est joint aux festivités avec des amis. « Durga Puja est un festival universel. Quand j’y vais, je ressens toujours quelque chose de fort. J’y ai participé depuis mon enfance, et je danse avec mes amis hindous. » Jahangir Alam, un employé musulman du Bangladesh Power Development Board, dirigé par l’État dans la capitale, explique qu’il a visité plusieurs sites du festival en se rendant au travail. « Comme les autres années, j’ai visité des Puja Mondops et j’apprécie beaucoup les festivités. J’ai des amis hindous que je vais saluer », assure Alam, père de deux enfants. Animesh Chakraborty, un prêtre hindou de la ville de Khulna, se réjouit que tant de gens de différentes religions se rassemblent et reçoivent les offrandes (prasad). « Nous aussi nous respectons les autres cérémonies religieuses et nous nous réjouissons avec eux, et nous sommes fiers de voir tant de gens d’autres religions. » Il ajoute que même si certaines tensions peuvent survenir parfois durant les festivals Puja, cela ne reflète pas l’image de tout le pays où l’harmonie interreligieuse reste forte. « J’espère que cette harmonie continuera de grandir en nous, et que la paix sera durable dans le pays. »

Des violences localisées dans le district de Cumilla

Le 13 octobre, des violences ont éclaté dans plusieurs districts quand des images ont été diffusées sur les réseaux sociaux, montrant un coran sur le genou d’une statue du dieu-singe Hanuman, dans le district Cumilla, dans le cadre du festival. Des foules musulmanes ont vandalisé des temples hindous et des statues à travers le pays. La police a ouvert le feu sur plusieurs centaines d’émeutiers, causant quatre décès et plusieurs dizaines de blessés. Plus de 35 attaquants ont été arrêtés et le gouvernement a déployé des garde-frontières et des policiers supplémentaires dans 22 districts afin d’éviter d’autres violences. Maulana Mizanur Rahman, un responsable musulman du district de Cumilla, a dénoncé les violences. « Nous aimons la paix, mais certains tentent toujours de créer des problèmes. Nous devons faire davantage pour une coexistence pacifique. » L’islam est largement majoritaire dans le pays, avec près de 90 % de la population sur plus de 160 millions d’habitants, selon les chiffres du gouvernement. Les hindous sont environ 8 %, et les 2 % restants représentent les autres minorités religieuses, dont le bouddhisme et le christianisme.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews