Eglises d'Asie

L’Église birmane appelle à mettre fin aux attaques contre les lieux de culte après trois églises visées

Publié le 11/06/2021




Après des tirs militaires contre trois églises en deux semaines, le père Celso Ba Shwe, administrateur apostolique de Loikaw (État Kayah), a appelé à mettre fin aux attaques contre les lieux de culte. « Nous appelons les groupes armés à ne pas attaquer et incendier les temples, les mosquées et les églises, ainsi que les hôpitaux et les écoles », a-t-il demandé dans une lettre publiée le 8 juin. Le prêtre est administrateur apostolique de Loikaw depuis le 21 décembre, après le décès de Mgr Stephen Tjephe le 16 décembre.

L’église catholique de la Sainte Famille, à Mawlamyine (dans l’État Môn, dans le sud-est du pays).

Le père Celso Ba Shwe, administrateur apostolique du diocèse de Loikaw, dans l’État Kayah, dans l’est de la Birmanie, a appelé les autorités à mettre fin aux attaques contre les établissements religieux, après des assauts militaires contre trois églises catholiques du pays en l’espace de seulement deux semaines. « Nous appelons les groupes armés à ne pas déployer leurs troupes, attaquer et incendier les lieux de culte comme les temples, les mosquées et les églises, ainsi que les hôpitaux et les écoles », a demandé le prêtre dans une lettre publiée le 8 juin. Sans évoquer spécifiquement l’armée birmane, il a particulièrement rappelé que les attaques contre les lieux de culte, les hôpitaux et les écoles sont des crimes de guerre selon les Conventions de La Haye. Le père Celso Ba Shwe a ajouté que les églises, les couvents et les monastères ont ouvert leurs portes aux civils en fuite – en particulier les personnes âgées, les enfants, les femmes ainsi que les personnes malades et handicapées, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse.

Alors que les combats se sont intensifiés dans l’État Kayah et dans l’État Shan voisin, les civils qui ont trouvé refuge dans les églises et dans les temples ont dû à nouveau fuir dans d’autres lieux pour assurer leur sécurité, souvent accompagnés par des prêtres et religieuses, selon le père Ba Shwe. Le prêtre a assumé le rôle d’administrateur apostolique de Loikaw depuis le 21 décembre 2021, après le décès de Mgr Stephen Tjephe, évêque défunt de Loikaw, le 16 décembre. Le diocèse, face à une situation critique entre les attaques à l’aveugle, les injustices et les tensions politiques, a appelé les fidèles à réciter le rosaire tous les jours à 19 heures pour la paix et la justice dans le pays toujours en proie aux conflits.

Appel du cardinal Bo et soutien de l’Église aux personnes déplacées

Ce nouvel appel de l’Église locale pour la paix et la justice survient un jour après une attaque contre l’église Notre-Dame, Reine de la Paix de Doungankhar, à Demoso (État Kayah), visée par des tirs militaires. L’église du Sacré-Cœur du village de Kantharyar, près de Loikaw, a également été visée par des tirs d’artillerie le 23 mai, de nuit – l’attaque a causé le décès de quatre personnes et blessé huit autres. L’église Saint-Joseph de la ville de Demoso, où se trouve l’un des sites clé des combats dans la région, a aussi été attaquée le 26 mai de nuit. Des sources locales affirment qu’il s’agit d’attaques délibérées contre des églises, celles-ci formant des cibles évidentes et visibles de loin. L’attaque contre l’église du Sacré-Cœur a poussé le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la Conférence épiscopale birmane, à condamner cet acte et à appeler à mettre fin aux attaques contre les lieux de cultes, protégés par les accords internationaux.

L’Église locale a joué un rôle important en Birmanie abritant les personnes déplacées internes (IDP) dans les églises et les couvents, et en leur apportant un soutien humanitaire. Plus de 100 000 personnes de l’État Kayah ont été déplacées par les combats, et notamment par des attaques aléatoires contre des civils, selon les Nations unies. « Les personnes en fuite et celles qui vivent toujours sur place ont particulièrement besoin de nourriture, d’eau potable, d’un toit et d’un accès à la santé », a déclaré l’ONU le 8 juin, en expliquant que le manque de sécurité, les restrictions sur les déplacements et le mauvais état des routes retardent les distributions d’aides. Depuis le coup d’État du 1er février, plus de 175 000 personnes ont été déplacées dans les États Kachin, Kayah, Karen, Chin et Shan – où vivent de nombreux chrétiens –, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Les combats entre les militaires birmans et les groupes ethniques armés se sont intensifiés depuis la répression violente de l’armée contre les militants anti-coup d’État, qui a fait au moins 857 morts à ce jour.

(Avec Ucanews)

Crédits Khun Win Naung