Eglises d'Asie – Birmanie
L’Église birmane intervient dans les régions les plus touchées par le cyclone Mocha
Publié le 17/05/2023
L’Église birmane a envoyé des aides matérielles aux régions les plus touchées par le cyclone Mocha, qui a frappé le pays d’Asie du Sud-Est le 14 mai. Le lendemain, selon la junte birmane au pouvoir, le bilan des victimes s’élevait à trois décès, tandis que le Gouvernement d’unité nationale (NUG) en exil parlait de 18 décès à cause de la tempête, une des plus violentes de l’histoire récente du pays. Le 16 mai, le bilan s’élevait à au moins 65 morts. Par ailleurs, l’organisation Partners Relief a affirmé que des réfugiés dans des camps de Rakhine parlent de « centaines de morts ».
Le père Nereus Tun Min, directeur de la Caritas de Pyay (Karuna Pyay), explique que son organisation est intervenue dans les zones les plus affectées, le long de la côte ouest dans l’État Rakhine ainsi que dans l’État Chin, dans le sud. « Nous avons envoyé du riz, de l’huile, des oignons et des bâches à 40 familles dont les habitations ont été endommagées dans le canton de Kyaukphyu », précise-t-il. « Nous avons utilisé les fonds collectés durant le Carême pour cette action d’urgence », ajoute-t-il.
La junte a déclaré 17 cantons comme zones sinistrées
Le 15 mai, après le passage de la tempête, qui a causé de nombreux dégâts à Rakhine, le gouvernement militaire birman a déclaré 17 cantons comme zones sinistrées. Le prêtre a ajouté qu’ils sont en lien avec le bureau national de Karuna, afin de distribuer du matériel d’urgence des cantons de Sittwe, Kyauktaw et Kyaukphyu, qui font partie des zones les plus touchées. Beaucoup d’habitations, y compris le presbytère de Sittwe, ont été gravement atteintes, souligne le père Tun Min. « Les communications ont été coupées entre Sittwe et Kyauktaw. Il est aussi difficile de s’y rendre. »
Le cyclone Mocha a touché la Birmanie et le Bangladesh le 14 mai, avec des vents jusqu’à 195 km/h et des précipitations importantes. La tempête est décrite comme la plus violente sur les 16 cyclones qui ont traversé le pays cette année. Les vents violents ont balayé de nombreuses régions côtières, en endommageant des tours de télécommunication, des arbres et des habitations.
Dans l’État Chin, majoritairement chrétien, voisin de la région de Chittagong, les réseaux de communication ont été touchés alors qu’ils venaient à peine d’être restaurés, après avoir été coupés par la junte en raison du coup d’État militaire de février 2021. La région compte en effet de nombreux rebelles hostiles, qui se battent contre le régime militaire depuis le coup d’État.
Une des tempêtes les plus violentes depuis le cyclone Nargis en 2008
Le canton de Paletwa, qui compte de nombreuses personnes déplacées internes (IDP), a également été fortement affecté par les intempéries. « Nous ne savons toujours pas ce qu’il se passe là-bas, car les communications ont été coupées avec les habitants de Paletwa », indique une source ecclésiale locale qui souhaite rester anonyme. Par ailleurs, un travailleur social catholique basé à Hakah, la capitale de l’État Chin, confie que « près de 1 000 habitations et plusieurs églises catholiques et baptistes, dans six cantons dont ceux de Hakah, Matupi et Falam, ont été touchés ».
Plusieurs centaines d’habitants qui s’étaient réfugiés en altitude sont rentrés chez eux le 15 mai, mais la situation reste compliquée à Rakhine, alors que les glissements de terrain et les inondations pourraient avoir déplacé des mines et explosifs dans le contexte des conflits internes. Par ailleurs, ces derniers jours, les opérations de la junte militaire ont forcé au moins 16 000 personnes à fuir sous des pluies torrentielles : avant d’atteindre Rakhine, le cyclone Mocha a inondé des régions où l’armée combat des foyers de résistance.
Selon les Nations unies, il s’agit d’un des cyclones les plus violents de l’histoire du pays. « Peu de maisons ont été épargnées à Sittwe, et il y a beaucoup de dégâts parmi les habitations précaires en bambou des camps de réfugiés », a déclaré le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, le lendemain de la catastrophe. En 2008, le cyclone Nargis a frappé le delta de l’Irrawaddy en causant plus de 135 000 morts et plusieurs dizaines de milliers d’habitations endommagées.
(Avec Ucanews et Asianews)